« EN MARCHE… VERS L’IMMOBILISME »
29 octobre 2018
Dans son livre « En marche vers l'immobilisme » Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation IFRAP, tire la sonnette d'alarme : le gouvernement ne va ni assez vite, ni assez loin dans sa politique de réforme de la France. Rien ne serait pire que de sombrer dans le piège de l'enlisement. Les quinquennats passent mais les urgences restent les mêmes : réduire les dépenses publiques et les impôts, mais aussi renforcer au plus vite la compétitivité des entreprises.
Et le verdict tombe à la page 235 : « Deux choix s’offrent maintenant à nous : continuer à vivre dans l’obscurité ou allumer la lumière. » Et elle ajoute : « Les Rentiers de la République, ceux qui refusent de faire le bilan, de regarder en face les faits et les chiffres de l’état de la France écornent chaque jour un peu plus la démocratie. Ils manquent de courage, de panache, mais aussi de clairvoyance. Pour se maintenir ils laissent les citoyens dans l’illusion du redressement économique. Avec le risque majeur de dérouler le tapis rouge aux populistes et autres bonimenteurs. »… Le verdict est sans appel. « Le gouvernement tombe dans le panneau des fausses réformes et complique un peu plus chaque jour la vie des Français. La réforme de la formation professionnelle qui ne simplifie rien et conserve des structures avec des emplois quasi fictifs, le prélèvement à la source, la réforme de la taxe d’habitation avec sa cascade d’impôts en vue… Impuissance à éclairer suffisamment le projet gouvernemental, à en faire la pédagogie, impuissance à ne pas se perdre dans les détails technocratiques, impuissance à vaincre les résistances provenant tant des corps intermédiaires que de sa propre administration ! »
Quand les promesses s’évaporent…
La grande réforme fiscale se fait attendre, les économies promises sont restées lettres mortes, l'administration responsable de biens des blocages n'a pas été remise au pas, mais la communication bat son plein. Certes, des réformes ont été lancées. Mais elles se révèlent trop timides et très imparfaites dans leurs mises en œuvre. Bref, Agnès Verdier-Molinié craint que le mandat d'Emmanuel Macron ne s'enlise dans les mêmes sables mouvants que ceux de ses prédécesseurs. Ce livre est un essai concret et pragmatique, un petit manuel de la réforme agrémenté de quelques idées simples et efficaces pour libérer les énergies et redonner du pouvoir d'achat aux particuliers ainsi que des marges d'investissements aux entreprises. C'est un livre "libéral", ce qui nous permet de relativiser le "libéralisme" macronien.
Tout ça pour ça !
Dans « En marche vers l'immobilisme », Agnès Verdier-Molinié nous dit en quelque sorte: « Tout ça pour ça ? »
Voici une petite liste de ses constats :
- le prélèvement à la source se révèle être un choc de complexité et se résume à cette alternative extravagante pour le contribuable : dévoiler [ses] revenus ou payer plus cher !
- la non-transparence publique est toujours ce qu'elle était : le public, par exemple, cache des emprunts en milliards d'euros que le citoyen ne saurait voir, qu'il s'agisse de la Ville de Paris ou de la SNCF.
- les prélèvements obligatoires ne baissent pas : un impôt (ou une taxe) qui baisse peut en cacher un ou une autre qui monte comme par exemple : d'une part baisse des cotisations sociales et d'autre part hausse de la CSG ; et la suppression de la taxe d'habitation sera inévitablement compensée...)
- Pôle Emploi coûte et ne sert à rien.
- le nouvel ennemi de classe est le détenteur d'immobilier : pourtant, quand le bâtiment ne va pas, rien ne va...
- l'insécurité est toujours ce qu'elle était, par enlisement et aveuglement.
Les grands corps de l’Etat ont leur part de responsabilités :
- le Président en est issu et s'entoure de ses semblables...
- ils sont les grands bénéficiaires du système et de ses prébendes, qu'il s'agisse des administrateurs des finances publiques, des administrateurs des douanes ou des parlementaires.
- ils dissimulent les chiffres de l'exil fiscal qui ne diminue pas par la grâce des impôts confiscatoires et du repoussoir qu'est l'impôt sur la fortune immobilière.
- l'ENA ne sera pas réformée et le recrutement des hauts fonctionnaires non plus.
- le nombre de fonctionnaires ne baisse pas significativement et les dépenses publiques pas du tout.
- les fonctionnaires de l'Assemblée nationale ne sont pas moins bien lotis que les hauts fonctionnaires et tiennent tout autant à leurs prébendes.
Et puis il faut compter avec les bloqueurs :
- les syndicats de l'éducation nationale : malheur aux dissidents...
- les agents de la fonction publique : pas touche à leurs avantages et à leur temps de travail...
- les syndicats de la SNCF : pas touche à leurs avantages, à leur régime de retraite, etc. La réforme n’y a surtout pas changé grand-chose.
- les syndicats, plus forts dans le public que dans le privé : les ordonnances se caractérisent par beaucoup de reculades et peu d'avancées... et le Code du Travail ne fait que gonfler. Contrairement à ce que d’aucun a cru.
Ce qu’il faudrait faire…
Elle donne aussi sa feuille de route qu’elle conseille au gouvernement : « Le gouvernement et l'administration doivent garder en mémoire les 8 objectifs suivants : fiscalité à 40% du PIB [45% actuellement] ; des dépenses publiques à 50% du PIB [57% actuellement] ; un coût de fonctionnement des administrations à 25% du PIB ; une masse salariale à 11% ; 6% de chômage ; 74% de taux d'emploi ; 10 000 communes et interco ; 115 000 élus max ; la retraite à 67 ans.. ».
Ce n'est même pas ambitieux. Ces objectifs nous permettraient simplement de revenir au niveau de la moyenne européenne... Et cela ne réduirait évidemment pas la dette publique qui tangente les 100% du PIB...
Le tout démontré, chiffres à l’appui, exemples concrets et comparaisons parlantes. Tout ce qu’elle constate est étayé, tout ce qu’elle propose existe ailleurs et donne des résultats. Alors ?
Un livre à lire absolument par ceux qui ne veulent pas voter idiots !
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