MACRON L’HYPNOTISEUR
05 février 2017
Le joueur de flute
Il remplit les salles. Il est à la mode. Il s’exprime bien. Mais pour dire quoi ? Emmanuel Macron profite évidemment des difficultés de François Fillon. Il bénéficiait d'un accueil favorable auprès de certains juppéistes et quelques centristes l’on rejoint. Son livre « Révolution » est une vision du monde et de la société, ce n’est pas un programme présidentiel. On peut en partager certains constats, forcément quand on égrène les généralités. Mais c’est surtout un joueur de flute. Comme on ne peut pas plaire à tout le monde, il va rester le plus longtemps possible sur le créneau « marketing » et artificiel du « ni de droite, ni de gauche » qu’il a choisi. Un exemple sur la laïcité : « Il faut sortir de ce discours de haine réciproque. J'entends les uns qui voudraient que défendre la liberté de conscience ce soit stigmatiser certaines et certains à cause de leur religion. En aucun cas. Tout simplement car c'est ainsi, insidieusement, rediviser le pays ». On ne peut faire plus ambigü. Si par refus de stigmatiser, il entend communautarisme, comme je le crains, je refuse d’adhérer à ce discours. Mais il ne l’explicitera pas.
Le gourou.
L’absence de programme est délibérée. Il a choisi de rassembler sur du vent. Son équipe de communicants s’y emploie avec succès, profitant de tous les relais dont elle bénéficie dans les médias. Derrière ses discours généraux se cache néanmoins une stratégie : continuer de gouverner la France à gauche. Son passage au "20 heures de TF1" m’a déplu. Cette manière de prendre les autres pour des imbéciles devrait ouvrir les yeux : sa prétention n’a d’égal que sa suffisance. Il y avait dans ses réponses l’arrogance de celui qui n'aime pas être contredit et qui détient la vérité. C’est aussi une façon de ne pas répondre vraiment. A Lyon, devant quelques 8 à 10 000 personnes, chez son soutien inconditionnel Gérard Colomb, il a prononcé un discours qui se voulait « d'incarnation de la Nation », tout à la fois intime et grandiloquent, porteur d'espoir. Nicolas Sarkozy y était parvenu en janvier 2007 à la porte de Versailles ; Emmanuel Macron pas tout-à-fait samedi au Palais des sports de Lyon. Il s'était fixé pour objectif de définir son identité politique. Il est donc revenu sur son positionnement « pas de droite, pas de gauche», en expliquant que le combat ne se jouait pas entre plusieurs forces politiques mais seulement entre deux : les progressistes et les conservateurs. Un discours de bisounours pour bisounours, qui peut entraîner une génération sans repères, mais c’est une manière de noyer le poisson. Il évite de dire socialiste, trop marqueur. Le parti est donc officiellement présenté comme «progressiste» et non comme «socialiste». Le terme de «progressiste» est couramment utilisé par les socialistes. Il n’y a donc là aucune contradiction idéologique. A Lyon, il est au centre de la salle des sports, comme au coeur d'une arène, surélevé sur une estrade qui fait penser à une scène comme on en voit dans les films de science-fiction, soulignée de tricolore. Physiquement, il reste accroché à son pupitre comme aux commandes d’un vaisseau spatial, pour asséner ses vérités creuses : « Nous ne pouvons plus glorifier le capitalisme sans nous évertuer à en limiter les excès», voilà qui plaira à gauche ; « Le revenu universel, ça s'appelle le RSA. Et si on savait le multiplier par deux, j'ose espérer qu'on l'aurait fait depuis longtemps », voilà pour Benoit Hamon et rassurer à droite … Tout au long de son discours, Emmanuel Macron s'efforce de maintenir cet entre-deux, référence à Mitterrand ici, à Chirac, là. Au-dessus des partis, sur fond de mondialisme inspiré par la finance internationale qui lui fournit des fonds à coups de dîners à 4 500€ /7500€ le couvert à Londres ou à New York... Mais on fait comment ? Ce n’est pas important, sous-entendu : faites-moi confiance. Suivez-moi les yeux fermés !
Le socialiste.
Son ni droite ni gauche n’est qu’une posture de spectacle. C’est un artifice. Macron a participé successivement aux activités de multiples clubs de réflexion de la gauche socialiste (Jean Jaurès, Terra nova, etc.) dont il s’inspire en permanence. Sa carrière a été promue par Jacques Attali, ancien conseiller spécial de François Mitterrand et d’autres personnalités socialistes. A l’Elysée, il a servi François Hollande pendant plus de 4 ans, d’abord comme conseiller, puis comme secrétaire général adjoint en charge de l’économie. Enfin, il est devenu ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement Valls, jusqu’à l’été 2016. Pourtant son action au pouvoir devrait le disqualifier. Mais il a « trahi » et s’est donc détaché de son mentor. Un autre artifice. La preuve, Richard Ferrand, député PS du Finistère, est le secrétaire général de « En Marche ». Une équipe de technocrates de gauche a rejoint le parti pour assurer son fonctionnement. Rien d’antisystème, mais, au contraire, une caricature de la classe politico administrative française mondialiste à l’image de leur leader, énarque, inspecteur des finances puis banquier. Le journal Les Echos publiait hier la liste des quinze personnes de sa « garde rapprochée » : tous de gauche, pas un de droite ni du centre. On y trouve des anciens chefs de cabinets de Jean-Paul Huchon à Marisol Touraine, en passant par Thierry Mandon… tous technocrates bien-pensants. Derrière la posture « au-dessus des partis », se cache un dessous très « in » à gauche. En réalité, Macron a déjà reçu le soutien d’une trentaine de parlementaires membres du Parti socialiste (PS) et du Parti Radical de Gauche (PRG) suite à la victoire de Benoit Hamon à la primaire socialiste.Il est même soutenu en sous main par Hollande soi-même, qui non content d'avoir plombé pendant cinq ans la vie du pays et d'avoir provoqué le chaos politique que nous vivons actuellement, fait tout ce qu’il faut pour que Macron gagne. Ce n’est pas désintéressé. C’est le seul moyen d’avoir le soutien de la France pour obtenir en juin le poste de Président du Conseil de l'Union Européenne, à la fin du mandat de Donald Tusk. Macron, c’est bien une entourloupe pour ceux de la droite et du centre qui s’y fieraient. Surtout depuis qu’on sait qu’il est rejoint par Ségolène Royal pour le « conseiller ». Définitivement rédhibitoire pour moi !
Le beau parleur.
Il y a donc peu de chance qu’il change de stratégie : ce mélange de communication à outrance et de discours ambigus pour éviter toute forme de contradiction, en restant dans les généralités et les abstractions, au motif de vouloir élever le débat et de parler à l’intelligence des électeurs. Emmanuel Macron évite surtout d’atterrir sur des propositions concrètes et précises, pour limiter les angles d’attaques de ses concurrents. Et quand il en égrène quelques-unes c’est pour satisfaire des cibles soigneusement choisie, les enseignants par exemple, dont on dit que beaucoup sont tentés de voter Le Pen. De la dette et des déficits, il n’en est pas question. Rien sur la famille : normal, puisqu’il n’en a pas. Géostratége de pacotille qui nous ridiculisera face à un Trump ou un Poutine, sur l’Europe, il est un peu mieux, mais là encore le credo n’a pas de sens s’il ne repose pas sur des options précises. Autre exemple de générosité qui dévoile sa vraie nature : le « pass culture de 500 € » pour les jeunes : voilà une belle idée bien démagogique ! C’est le type même de mesure qui germe dans le cerveau d’un technocrate de gauche. On la finance avec une taxe sur les géants du numérique. On reste dans l’économie administrée et cela n’a rien de libéral. La vraie question est : "est-ce que les jeunes auraient besoin d’un « pass culture » s’ils n’étaient pas paupérisés" ? Il est donc urgent de libérer l’économie pour qu’ils aient de vrais emplois qui leur permettent de vivre sans ce genre d’aumône. Du pain et des jeux ! Libérer l’économie ? Macron a inventé l’usine à gaz du CICE. Ne lui demandons pas l’impossible ! C’est toute la noblesse de la politique que de partir d’une analyse générale pour en décliner des propositions particulières, mais lui préfère privilégier la forme et le « storytelling » au détriment du réel… qui fâche. Bref, il n’a pas l’épaisseur « présidentielle ».
Mais attention, seuls 40% de ses sympathisants sont certains de voter pour lui : la preuve que les Français ne sont pas faciles à duper. Sa base est très friable, et s’il sort de ses ambiguïtés, ce sera forcément à son détriment.
Il est loin d’avoir partie gagnée !
Et puisqu'il parle l'anglais au point de l'utiliser devant des universitaires allemands, je conseille à ceux qui sont tentés : "wait and see !"
Bonjour ,
Puisqu’après vingt ans de pouvoir, cinq ans d’opposition et deux tours de primaire la droite républicaine n’est toujours pas parvenue à repérer et à proposer au suffrage universel un candidat à la fois expérimenté, intègre, courageux et plus soucieux de l’interêt national que de ses intérêts propres, signalons aux Républicains qu’il existe un plan de substitution, un bon plan, un plan D… comme Dupont-Aignan. Son programme comporte 28 grands thèmes et 700 propositions dans divers domaines : politiques, sociaux, économiques, internationaux (l'Europe par exemple), la sécurité, l'armée, la recherche scientifique, la santé, l'éducation, le commerce, l'écologie, le commerce extérieur etc. . Etc. . Et même le sport ! .
A vous de juger avant de critiquer sans se renseigner.
Rédigé par : chab | 11 février 2017 à 12:15
Le seul qui peut battre Marie Le Pen et Emmanuel Macron c'est Nicolas Dupont-Aignan
Avez voulu le projet de Nicolas Dupont-Aignan candidat à la présidentielle de 2017 ?
Il est composé de 28 grands thèmes et de 700 ans propositions touchant tous les domaines de l'Etat dont les ministères régaliens , cela va de soi .
deux exemples : les grandes lignes des propositions concernant
III - Une France forte : relevons les défis du XXIème siècle
- Économie, travail : créer 2 millions d'emplois, c'est possible !
- Sciences et souveraineté industrielle : protéger nos savoirs, accompagner nos chercheurs et travailler sur les technologies émergentes
- Agriculture : soutenir, simplifier, encourager
- Environnement et énergie : investir dans les énergies du futur et défendre la biodiversité
- Politique de la mer : pour une vraie stratégie maritime nationale
- Tourisme : des atouts à valoriser
- Sport et Associations : du sport pour tous au sport de haut niveau, une même priorité
IV. Une France juste : récompensons le mérite
- Instruction publique : repenser l'Ecole de la République
- Enseignement supérieur : un système à refondre
- Logement : pour une France de propriétaires
- Retraites : pérenniser notre système de répartition et rendre leur dignité à nos retraités
- Santé : une offre de soins de proximité pour tous les Français
- Dépendance et fin de vie : agir pour le grand âge et les aidants
- Handicap : ouvrir notre société aux personnes en situation de handicap
- Transports : en finir avec « l’automobiliste bouc émissaire »
- Équilibre du territoire et monde rural : égalité entre les ruraux et les urbains
- Outre-mer : vive la continuité territoriale
Chaque ligne est détaillée et parfois chiffrée selon le thème .
C'est long à lire , c'est vrai mais c'est très passionnant .
Seulement les médias s'en fichent et NDA n'est pas leur chouchou car
" ils ont pour Macron les yeux de Chimène ".
Rédigé par : chab | 11 février 2017 à 21:13
NDA : non, merci !
Rédigé par : Daniel | 12 février 2017 à 00:02
Bonjour ,
Pour moi Fillon n'est pas ma tasse de thé et le bon représentant de la droite car quand il était premier ministre , sous Nicolas Sarkozy , cinq ans après , la France n'était toujours pas au
" top" et les suppressions dans la police et dans l'armée n'ont pas apporté de changement ,bien au contraire , cela a empiré . La preuve est que, en 2012 , le président " Moi-je " a été élu par défaut d'autre candidat plus sérieux .
Je respecte votre choix et je salue le collègue enseignant car moi aussi je suis de la Maison E.N. en tant que CPE retraité depuis 20 ans maintenant .
Amicalement votre .
chabri.
Rédigé par : chabri | 14 février 2017 à 13:21
rectificatif : retraité depuis 17 ans et dans quelques mois j'entrerai dans ma 18ème année ...
Rédigé par : chabri | 14 février 2017 à 13:30
L'épouse de l'ancien ministre de l'Économie et candidat à la présidentielle est professeur de lettres. Jean-Paul Brighelli a choisi de lui écrire.
Modifié le 13/02/2017 à 14:51 - Publié le 13/02/2017 à 13:15 | Le Point.fr
« Chère Brigitte… »
(ce n'est pas familiarité de ma part – juste une sale habitude de salle des profs. Mais je n'irai tout de même pas jusqu'à vous tutoyer – ce n'est pas mon style).
Donc, reprenons :
« Chère Brigitte,
« C'est au professeur de lettres que vous êtes que je m'adresse. Un professeur et non une professeure, comme persistent à l'écrire Le Monde – qui co-appartient à Pierre Bergé, soutien d'Emmanuel. Ou Libé, L'Express, RMC, qui appartiennent à Patrick Drahi, l'homme qui souhaite un raccourcissement des congés payés et un allongement des horaires de travail. Et à qui Emmanuel, en l'autorisant à racheter SFR, a rendu un éminent service – sans aucun renvoi d'ascenseur, bien sûr. Bah, ce n'est guère plus mal que d'avoir vendu Alstom aux Américains. Broutilles que tout cela !
« Un professeur donc ne peut ignorer l'état cataclysmique de l'École française. Ni encaisser sans sourciller ce qui restera pour moi la phrase centrale du discours d'Emmanuel Macron à Lyon, le 5 février dernier : La culture française, ça n'existe pas. Il y a une culture en France et elle est diverse.
Guy Konopnicki, dans Marianne, dit que c'est choisir l'obscurantisme au nom de la diversité. Pff… Mauvais esprit de gauche ! Et Yves Jégo, dans Le Figaro, affirme que c'est le signe inquiétant d'une vision destructrice de ce qui fait depuis toujours la spécificité de notre pays. Pff again ! Mauvais esprit de droite !
Une culture, une langue, une France
« Il n'y a en France qu'une culture, et elle est française. Prétendre qu'il y a aussi une culture djeune ou une culture banlieue ou je ne sais quoi de communautariste, revient en fait à interdire aux jeunes, aux banlieues (dont je viens, j'y suis d'autant plus sensible) et aux immigrés de longue ou de fraîche date d'accéder à la culture française. Une culture patiemment tissée, de Chrétien de Troyes à Jean Echenoz. Après tout, le petit Emmanuel, qui déjà plaisait tant à ses maîtresses de CP et de CE1 (à une époque où l'on enseignait la règle d'accord avec le COD antéposé, et non les beautés suspectes du prédicat), n'a-t-il pas appris Maître Corbeau sur un arbre perché (le b-a-ba du politicien cherchant à décrocher quelque fromage) ou les sanglots longs des violons de l'automne – l'indicatif du débarquement de Normandie ?
« La culture française est une, et non diverse, parce qu'elle est le produit d'une langue – le français, et rien d'autre.
« Cela n'empêche pas d'offrir toute leur place aux langues régionales, qui existent sur les marges du français, dans une interaction féconde. Mais rien à des langues exogènes. Quelle idée d'aller baragouiner la langue de Goldman Sachs (puisqu'aussi bien, dans le grand concert mondialisé, ce n'est plus celle de Shakespeare) devant des universitaires allemands qui maîtrisent le français mieux que ce que Macron ou moi parlons anglais !
« Le moins que nous puissions faire pour les migrants comme pour les Français de souche, c'est de leur apprendre le français. Tout le français. Celui de Rabelais et celui de Céline, celui de Boileau comme celui de Quignard. Le français que parle si bien votre mari. Pourquoi priver les autres de ce que l'on maîtrise ?
« Face à l'urgence, face à la déconstruction intellectuelle lancée depuis quatre décennies, il n'y a pas de place pour le respect du protocole européen de Lisbonne ou pour la substitution des compétences aux savoirs. Il n'est promesse qui tienne si elle n'est promesse de France.
« Cela ne signifie pas que je sois insensible aux vents d'ailleurs. L'apprentissage des mathématiques à Singapour est génial. Mais l'étalage des quatre opérations sur quatre ans, ou l'extinction des Lumières dans des programmes ineptes, ou le massacre des innocents des ZEP, sous prétexte de se conformer à un modèle extra-territorial ou à des impératifs financiers, c'est de la haute trahison.
Homo politicus festivus
« Votre garnement était – paraît-il – doué pour le théâtre. Ce serait là que vous en auriez eu la révélation, prétendent les gazettes. Y jouait-il déjà Arlequin serviteur de deux maîtres ? La pièce de Goldoni, qui montre un petit arnaqueur servir deux familles ennemies (la gauche et la droite ?) et les exploiter l'une et l'autre lui irait comme un gant. Sans compter qu'elle a servi à Sergio Leone pour élaborer le scénario de Pour une poignée de dollars (que ne ferait-on pas effectivement pour quelques poignées d'euros…). La culture européenne est tout entière là – dans le passé au service du présent. Dans les géants qui nous portent, nains que nous sommes, sur leurs épaules.
« Convenez-en : avant d'étudier l'indispensable Wajdi Mouawad, il n'est pas mauvais de se frotter à Corneille, Racine, Marivaux ou Giraudoux. Et je suis sûr qu'Emmanuel l'a fait : on ne trahit jamais que les siens, n'est-ce pas…
« Curieusement, on dirait qu'il n'a gardé de ses années théâtre que l'aptitude à occuper les planches – sans texte. Sans programme. Il vend le produit Macron – et rien d'autre. Savez-vous que cela finit par se remarquer ? Imaginez-vous Gérard Philipe sans Corneille ou sans Kleist ? Une pure agitation ludique sans contenu finit fatalement par avouer sa vacuité. Premier au concours d'impro, cela occupe les longues soirées de l'hiver canadien, mais pas six mois d'une campagne électorale où personne ne fait de cadeau.
« Ou Macron serait-il le candidat symbolique de l'ère du vide ?
La mondialisation malheureuse et le moment populiste
« Quand votre époux est entré chez Rothschild, vous lui aviez raconté le destin littéraire de cette grande banque. Vous lui aviez fait lire Balzac, où Rothschild (sous l'identité de la Maison Nucingen) contourne le blocus continental décrété par Napoléon en trahissant la France afin de commercer avec l'Angleterre. Vous lui aviez fait étudier L'Argent, où Zola explique comment ce même Rothschild (sous le doux patronyme de Gundermann) fait exploser en vol la banque d'Aristide Saccard – autrement dit Eugène Bontoux, le très catholique dirigeant de l'Union générale. On disait autrefois cosmopolitisme. Aujourd'hui, mondialisation. La même haine de la nation s'y exprime.
« Pourtant, Macron achève ses discours en entonnant la Marseillaise – même si le sang impur le fait sans doute sourire. La Marseillaise ailée et volant dans les balles de Hugo vaut bien que l'on s'accroche à ce fragment de drapeau, Plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut / Puisque le bas trempa dans une horreur féconde / Et que le haut baigna dans les espoirs du monde : Hugo un jour, Hugo toujours. Il n'y a qu'une culture française, et la France est le monde – et pas l'inverse.
« Populisme ! pourraient bien s'exclamer les imbéciles. Mais chère collègue, vous avez fait assez de latin – la langue dont nous venons, la langue dont désormais une réforme atroce interdit l'apprentissage – pour avoir enseigné à votre galopin la différence entre populus (le P du SPQR inscrit sur les aigles romaines qui conquirent le monde) et turba – la vile tourbe, le troupeau aveugle. Depuis la Fabrique du crétin (depuis en fait les premiers manuels de littérature que j'ai commis chez Magnard au début des années 1980, cette collection Textes & Contextes que vous avez peut-être eue en main, puisqu'aussi bien nous appartenons à la même génération), je défends les intérêts du peuple, que d'autres voudraient passer aux pertes et profits de l'Histoire. Le peuple français, qui a déjà fait tant de révolutions, participé à tant d'émotions (comme on disait autrefois) ou d'émeutes, comme on dirait aujourd'hui, et qui en fomentera quelques autres, si l'on persiste à le mépriser tout en lui flattant la croupe, comme Chirac faisait aux vaches.
Retour en classe
« Emmanuel Macron n'a pas de programme – c'est un avantage dont on ne peut abuser longtemps. Je ne peux croire, pour ce qu'il a vu d'elle au fil des conseils des ministres, qu'il pense un seul instant conserver les réformes scélérates de Vallaud-Belkacem. À moins qu'il ne tienne à s'aliéner les enseignants, les parents, et les élèves. Pas une intellectuelle ! a dit d'elle François Hollande, qui a si fort contribué à mettre Emmanuel Macron sur orbite. Mais enfin, ce n'est pas parce que not' président ne lit jamais un roman que votre petit surdoué, lauréat du Concours général, n'en a pas lus – sous votre férule ou de lui-même. Sans doute a-t-il dévoré Bel-Ami, le grand roman de l'ambition satisfaite. Mais lui avez-vous fait découvrir Les Illusions perdues, qui, comme leur titre l'indique…
« Allons ! Je vous fais crédit – jusqu'à ce qu'il se confirme ce que malheureusement je pressens : Macron est l'autre nom de cette idéologie mondialiste qui nie les peuples, ramenés au rang de consommateurs, et les nations, rangées au niveau des exécutants. En attendant, si jamais vous cherchez sur l'école des idées qui aient enfin un peu de cohérence, je suis à votre disposition – et sans a priori, comme vous l'aurez constaté à la lecture de la présente. Après tout, Jean-Michel Blanquer a des idées, héritées de l'Institut Montaigne, que vous connaissez bien, sur l'autonomie des établissements. J'en ai, moi, sur l'autonomie des enseignants.
« En toute cordialité et complicité professorale… »
Jean-Paul Brighelli **
PS. « À propos, si votre époux est finalement élu, comment vous appellera-t-on ? On devrait dire Madame la Présidente — ce qui a toujours voulu dire, en bon français, l'épouse du président. C'est même à ce titre que Mme de Tourvel, dans les Liaisons dangereuses, est appelée la divine présidente : un joli titre à mériter en contribuant à tirer l'école de l'ornière dans laquelle l'ont précipitée le libéralisme des uns et l'idéologie des autres – et vice versa. »
** Jean-Paul Brighelli est agrégé de lettres modernes professeur en classes préparatoires au lycée Thiers à Marseille . Chroniqueur au Point , il est conseiller de Nicolas Dupont-Aignan concernant l’école . Il prône un retour aux fondamentaux . “ La priorité , c’est d’apprendre à lire , à écrire et à compter “ ( un ouvrage à consulter )
Rédigé par : chabri | 14 février 2017 à 16:44