LA MORT DU PS ?
01 février 2017
Les turpitudes que doit subir François Fillon seraient-elles une vengeance de l’intelligentsia de gauche aux prises avec l’échec retentissant du quinquennat Hollande et qui refuse de l’assumer ? Les déboires du PS seront une maigre consolation si le candidat de la droite et du centre est obligé de se retirer sous les effets conjugués du lynchage des médias et des réseaux sociaux.
Le quinquennat Hollande s'achève dans une ambiance délétère.
Où est passé le « président normal » ? En voyage ! Au désert des bureaux de vote de la primaire, il a préféré celui d’Atacama. Il a disparu et semble déjà ailleurs, dans sa vie d'après. Ce n’est pas qu’on s’en plaigne mais on a hâte que ça se termine. La litanie des chiffres publiés tous les jours a en effet de quoi révolter. Ainsi, nouveau pari perdu par l’exécutif, après la hausse du chômage de décembre, la croissance en 2016 n’a pas été de 1,4 % comme le prévoyait il y a quelques jours encore le ministère des Finances mais de 1,1 %. Une statistique qui met à mal les déclarations de François Hollande, l’été dernier, conditionnant la baisse d’impôts pour les ménages modestes à une croissance supérieure à 1,5 % ! Pendant ce temps-là, la croissance dans la zone euro s'est accélérée à 1.7%. Non seulement on a perdu cinq ans, mais il laisse le pays dans un état épouvantable à tous points de vue. Hollande n’a pas été que « nul », il a été nuisible, même à son camp.
Le suicide du PS.
Avec l'élection de Benoît Hamon à la primaire de la gauche, le Parti socialiste se marginalise, et court le risque d'une défection de son aile droite et, à terme, d'une implosion. En préférant le frondeur à Manolito, la France vient d'assister au suicide politique du PS. Que reste-t-il de la « belle alliance populaire » ? « Belle », elle ne l’a jamais été (affaire de goût). « Alliance » : on voit le résultat et « populaire », on peut en douter avec le nombre de votants, comparé à celui de la primaire de la droite. Néanmoins, le promoteur du « revenu universel à ne rien foutre » l’a remporté avec 58,72% des suffrages contre 41,28% pour son adversaire (concurrent est un mot trop faible). La victoire du frondeur complique les choses : il n’y aura pas d’explication avec Macron et une discussion avec Jean-Luc Mélenchon, aux positions anti-européennes semble incompatible avec les valeurs du Parti socialiste. Enfin, quel enthousiasme susciter quand on est voué à terminer à la quatrième ou cinquième place du premier tour de la présidentielle. Sans alliance et avec un programme utopique, qui consiste à anticiper la fin du travail, il sera difficile pour Benoît Hamon de rassembler au sein même de son camp.
Des socialistes prêts à quitter le navire.
En effet, comme si cela ne suffisait pas, le succès du représentant de la gauche du PS ouvre un large espace au centre pour Emmanuel Macron et des membres de l'aile droite du PS ont déjà menacé de quitter le navire, permettant d'imaginer un rassemblement derrière le fondateur d'En Marche ! L’ancien premier Ministre qui enrage de voir son ex-collègue de lui avoir volé la place au centre gauche veut tout faire pour préserver l’unité de son parti. Son appel sera-t-il entendu ? Vaste programme ! Le paradoxe de la « primaire » est d’avoir tranché entre les deux gauches avec des voix extérieures au PS, et en faveur de la ligne la plus à gauche. Le PS n'a jamais su choisir une ligne idéologique claire depuis 1981 et la crise de leadership créée par la vacuité de Hollande a fait apparaître cette faiblesse au grand jour. La collision idéologique avec la « France insoumise » est devenue inévitable, mais ce sera au prix de dégâts considérables à l’intérieur du parti. Le seul espoir tient dans le bon sens : ce n’est pas l’intérêt du candidat à l’élection de casser la machine qui doit le porter mais lui imposer de défendre le « bilan » ne facilite pas les choses. Passer devant Mélenchon au lieu d’être derrière, en débauchant les communistes, ne change pas grand-chose. D’autant plus que visiblement Valls ne renonce pas à mettre la main sur le parti pour … après. Encore faut-il que le parti existe encore. Quoi qu'il en soit, d'erreur politique en erreur politique, le Parti socialiste s'approche de plus en plus de sa date de péremption et le maigre espace politique qu'il lui restait vient encore de se réduire. Reste à savoir qui saura profiter de cet échec, le mieux placé étant a priori Emmanuel Macron pour le cœur de cet électorat, et Jean-Luc Mélenchon qui pourrait aussi en récupérer la partie la plus gauchisante. Il y aura donc une recompositions politique à gauche : retour à la situation avant "Epinay" garanti.
Une économie atone, un chômage de masse, des pauvres en pagaille, une dette exorbitante et des déficits non résorbés, une gauche atomisée, c’est bien un chant de ruines que le président « normal » laisse derrière lui !
Et maintenant une énigme : qui pour prendre la main ? On aimerait quelqu’un d’aguerri et décidé à nettoyer les écuries d’Augias !
A 80 jours du 1er tour, on va faire une revue de détail des prétendants.
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