IL VAUT MIEUX LE SAVOIR AVANT DE VOTER …
16 février 2017
Une partie des électeurs de droite déboussolés sont tentés de se réfugier dans le vote Le Pen. Est-ce bien raisonnable ? Si c’est pour des raisons d’hygiène, on peut douter qu’elle soit plus propre que François Fillon. Si c’est par colère, comme chacun sait, elle est mauvaise conseillère. Si c’est par déception, alors il faut faire, contre mauvaise fortune bon cœur. Entre la politique et la morale, il faut savoir choisir, surtout si cette dernière doit nous emmener dans le mur.
Car le remède « Le Pen » présente un risque immense pour notre pays, qu’il faut savoir entendre : au-delà de son programme délirant, c’est son projet de sortie de l’Euro. Son scénario lénifiant ne tient pas une minute au regard de ce que l’histoire nous a enseignés, ancienne ou récente. L’analyse qu’en fait Philippe Dessertine est beaucoup plus réaliste. Elle est malheureusement cataclysmique pour la France.
Si le 7 mai au soir, Marine Le Pen est élue à la présidence, la réaction en chaîne se déclenchera avant même que l’Assemblée nationale soit élue ni même qu’un referendum soit réalisé. Le mal sera fait et les acteurs européens et étrangers prendront tous leurs mesures de sauvegarde. C’est ce qu’on a observé en Italie il y a cinq ans, avec la poussée populiste aux municipales : les taux se sont envolés au-delà de 6%... et elle n’en est pas encore remise aujourd’hui. Pour la France, la situation serait bien plus difficile tant sa situation est fragilisée par sa faible croissance, son taux de chômage, le déficit de ses finances publiques et la dette. Avec ses dépenses à 56% du PIB et ses prélèvements obligatoires à 46%, il n’existe aucune marge de manœuvre pour parer à ce qui se déclenchera.
D’abord, ce n’est pas nous qui quitterons l’euro, mais l’inverse.
C’est l’euro qui nous quittera : cela sera inévitable parce que nos créanciers et nos partenaires européens nous lâcheront. L’Allemagne et le Benelux n’auront d’autre choix que de se désolidariser de la France et les marchés financiers de se débarrasser de la dette française en la vendant à découvert, misant sur un effondrement certain. Jusqu’à présent c’est la solidarité allemande qui a permis à la France de bénéficier de taux d’intérêts avantageux, en décalage avec la situation réelle.
Concrètement, il faut s’attendre :
A un effondrement de notre monnaie redevenue autonome qui obligera au blocage des comptes bancaires et d’épargne pour empêcher la fuite des capitaux (qui aura commencé entre les deux tours) ;
A un renchérissement des importations et à un étranglement financier du fait des handicaps de notre pays : dépendance du pétrole, déficit commercial, marché national étroit ;
Les taux français atteindront rapidement des niveaux insoutenables ce qui conduira à bloquer indéfiniment la dette détenue par les Français, l’assurance-vie, l’épargne et les comptes-courants importants.
L’inflation galopante entraînera une perte énorme de pouvoir d ‘achat tandis que les pénuries de nombreux bien apparaîtront du fait de la limitation des importations et de la fermeture des frontières.
Ne parlons pas de la croissance dont toute perspective sera brisée net.
Quant aux autres projets généreux de Marine Le Pen, n’en parlons même pas : ils seront infinançables.
Tout le monde y perdra : les épargnants, les gros revenus qui ne se seront pas délocalisés, les petits revenus, les entreprises … Dans des proportions qu’il ne vaut mieux pas imaginer.
Ce n’est pas un scénario catastrophe.
C’est celui de la Grèce, mais sans l’Europe pour nous secourir. Tout cela s’enchaînera inévitablement.
Avant de mettre le bulletin dans l’urne, il faudra se poser la question : qui préférez-vous voir à l’Elysée dans trois mois ? Quelqu’un qui a utilisé maladroitement ses prérogatives, qui s’en excuse tant bien que mal, mais qui peut redresser le pays, faire en sorte qu’on prenne le chemin du plein emploi, que l’on diminue les dettes, que la France retrouve son rang en Europe, ou alors un brave type bardé d’idées fausses et de projets ubuesques, ou encore un jeune pédant mi-gourou mi-starlette, creux comme un radis trop arrosé mais bien rose à souhait, à moins que ce ne soit la favorite des sondages que tous les observateurs voient en finale.
Avant de voter, Il faudra bien réfléchir : il ne s’agit pas de décerner un prix de vertu mais d’une élection présidentielle où le problème posé est désormais de savoir qui nous permettra d’éviter le cataclysme dont la France aurait bien du mal à se remettre !
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