AU DIABLE L’AVARICE
21 février 2017
Le chiffrage des programmes des candidats à la présidentielle commencent à fleurir, émanant des organismes aussi qualifiés que la Fondation Concorde, l’IFRAP ou le cercle Montaigne, quand ce n’est pas le candidat lui-même qui donne les indications, généralement sous-évaluées pour les dépenses. Et le résultat n’est pas triste. Dire que c’est « la valse des milliards » est un euphémisme. On en oublierait presque que notre pays est en faillite.
Toujours plus !
La gauche, l’extrême gauche et l’extrême droite rivalisent de générosité avec l’argent public … qu’on n’a pas. a croire qu’ils jouent à « qui dit plus ! »
Jean-Luc Mélenchon a chiffré son programme, approuvé par l’économiste d’extrême-gauche Jean-Marc Généreux (ça ne s’invente pas !) : 273 milliards d’euros avec un emprunt de 100 milliards. L’apprenti Chavez développe méticuleusement son programme sur sa chaine Youtube pendant cinq heures, si vous avez du temps à perdre. Pour vous en faire gagner, le voilà en dix secondes : retraite à 60 ans, revenu mensuel de 800 € pour tous les 18-25 ans, massacre fiscal pour les classes moyennes et supérieures jusqu’à 90% de prélèvement pour les revenus dépassant 400 000 €. En échange l’Etat s’occupe de tout : sécurité sociale généralisée à 100% pour tous les soins, avec à la clé des hôpitaux dignes des anciens pays de l’est en moins de cinq ans. Les écarts de salaires seront strictement contôlés, évidemment. Mort aux riches, bienvenue chez les pauvres ! Et avec ça, il espère 2% de croissance (magie) et il compte ramener la dette à 87% du PIB (magie encore). Chavez qui a ruiné un pays riche comme le Venezuela est un gamin à côté ! Comme il a refusé de s’entendre avec Benoit Hamon, il a peu de chances d’appliquer un jour son programme. Ouf !
Benoit Hamon n’est pas non plus avare de mesures démagogiques : s’il ne souhaite plus qu’amender la loi El Khomry et non l’abroger, il compte réduire le temps de travail, taxer les robots, recruter 40 000 enseignants de plus, légaliser le cannabis, et plutôt que de construire des places de prison, sortir de la culture de la détention. Il veut offrir des droits aux demandeurs d’asile, élargir la PMA, et mettre en place une « police des discriminations ». Logiquement, il veut mettre fin à la monarchie républicaine en revenant à un régime parlementaire. Il va jusqu’à mettre un 49.3 citoyen. On ne sait plus vraiment où il en est sur le revenu universel. Selon l’Institut Montaigne, en tenant compte des différentes versions envisagées successivement par le candidat, on arrive à un chiffre de 349 milliards d’euros ! C'est le montant que le Think Tank a calculé en additionnant la majoration du RSA, socle à 600 euros par mois, son versement à tous les jeunes de 18 à 25 ans, puis dans un deuxième temps l'instauration de ce revenu de 600 euros à l'ensemble de la population gagnant moins de 2000 euros, et enfin le relèvement du revenu universel à 750 euros. Mais l'Institut Montaigne a également pris en compte dans son calcul les recettes du projet Hamon. Bon C'est nous qui paierons... Car pour financer son projet, Hamon prévoit des coupes dans la protection sociale (suppression du RSA, de l'allocation spécifique de solidarité, de la prime d'activité, des allocations logement, et des prestations familiales) et une réforme de la fiscalité (individualisation de l'impôt sur le revenu, suppression du quotient familial, suppression des niches fiscales). Mais tout ça ne rapporterait qu'entre 41 et 159 milliards d'euros. Il resterait entre 305 et 424 milliards d'euros à trouver. Rien que ça !
Les gars de la Marine n’y vont pas de main morte non plus ! Principalement tourné vers les dépenses sociales, le programme de la candidate du FN est l'hologramme du programme économique de Jean-Luc Mélenchon. En effet, la Fondation Concorde estime à 145 milliards d'euros les dépenses supplémentaires par an, à l'horizon 2022 : 48 milliards pour les dépenses régaliennes, 42,5 milliards pour les ménages, 35 milliards pour les retraites (retour à 60 ans), 9 milliards pour les agriculteurs, 6,5 milliards pour les entreprises, 4 milliards pour compenser les aides de l’UE, auxquels il faut ajouter 30 milliards pour la sortie de l’Euro et 38 milliards pour la réduction du déficit. Le coût du programme s’élève donc à 213 milliards d’€ pour seulement 54 milliards de nouvelles recettes. Il reste donc 159 milliards à trouver en économies d’ici 2022. L’Institut Montaigne juge que la sortie de l’euro amputerait le PIB de 180 milliards et détruirait plus de 500.000 emplois dans l’Hexagone. L’économie française entrerait dans une ère inconnue. Sans parler de la perte de pouvoir d’achat d’environ 250€ par an induite par l’inflation générée par le retour à une monnaie nationale. Il est où le bonheur ?
La gauche désunie ne devrait pas franchir le cap du premier tour.
C’est plutôt une bonne nouvelle que Jean-Luc Mélenchon n’est pas voulu « s’accrocher au corbillard du PS ». Reste le cas Le Pen dont il va falloir s’occuper en dénonçant les magouilles de ses emplois fictifs et son programme de faillite. Elle se heurtera en principe au vote de rejet au second tour.
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