LA GUERRE DU PETROLE, ON N’EN PARLE GUERE …
14 octobre 2015
Et pourtant elle a bien lieu. Et même sous nos yeux. Mais les troubles du monde rapportés par les médias nous la cachent, trop affairés qu’ils sont à mettre le sang à la une quand ce ne sont pas les débats futiles baba-bobo du microcosme parisien.
Les pays producteurs de pétrole sont bel et bien en guerre. Il n’y a pas de coups de canons, bien sûr, encore que… On voit bien que depuis quelques mois l'Arabie Saoudite manoeuvre avec une stratégie simple : inonder le marché pour accentuer la chute des cours et affaiblir ses ennemis politiques (l’Iran) ou économiques (Les Etats-Unis). Le rapport de l'OPEP qui vient d’être publié, montre qu'elle vient déjà de remporter une bataille contre les États-Unis.
Le rapport de l'OPEP est très instructif. L'Arabie Saoudite a décidé de continuer à augmenter sa production malgré la chute des cours du pétrole avec deux objectifs. D’abord affaiblir son ennemi juré - l'Iran - qui a besoin d'un pétrole à 130 dollars pour équilibrer son budget. Ensuite un objectif stratégique et économique : freiner l'explosion du secteur du pétrole de schiste aux États-Unis. Le rapport est assez explicite à cet égard : pour la première fois depuis 2008, la production de pétrole aux États-Unis sera en baisse en 2016 et ce sera une baisse significative. Car l'effondrement des cours du pétrole de plus de 50% a obligé les producteurs américains à réduire leurs investissements de façon drastique, du coup, le nombre de plateformes pétrolières diminuent et les licenciements se multiplient. Et comme toujours au pays des cow-boys, la croissance du secteur s'était appuyée sur un niveau élevé d'endettement, insoutenable avec des cours inférieurs à 50 dollars.
Disons que l’Arabie saoudite a gagné une manche. Les États-Unis restent bien évidemment dans la course et leur progression n'est que momentanément freinée. Néanmoins, elle a atteint un de ses objectifs en mettant les producteurs américains en difficulté : une stratégie qui a payé. La bataille n’est pas terminée. Car la chute des cours ne met pas seulement les Etats-Unis en difficulté. Nombre de pays dont le pétrole est la ressource primordiale souffrent et alimentent la chute de la croissance mondiale. L’Arabie saoudite ne pourra donc pas tenir trop longtemps son petit jeu solitaire. D’autant plus qu’elle est soupçonnée de financer par en dessous le terrorisme islamiste.
Mais de qui parle-t-on ?Certainement pas du pays avec qui notre matamore de premier ministre vient de signer pour 10 milliards d’euros de projets. Cachez ce pétrole impur que je ne saurais voir ! Nous, pendant ce temps-là, on en profite un peu à la pompe, en espérant que notre autre mirlitonne de ministre de l’écologie n’en profite pas pour augmenter ses taxes. Vous avez vu comme moi qu’elle va augmenter le prix du gazole pour le rapprocher de celui de l’essence. Il ne lui serait pas venu à l’idée de baisser celui de l’essence, ce qui produirait un effet bien meilleur si on veut vendre davantage de voitures qui l’utilisent.
Commentaires