HISTOIRE
L’EDUCATION AU CŒUR DU PROBLEME
ILS N’ONT VRAIMENT PAS HONTE !

ON N’EMPRISONNE PAS VOLTAIRE !

Voltaire


En France, le respect des œuvres de l’esprit, quel qu’en soit le niveau, est une tradition. On le doit en partie à Voltaire. C’est le Général de Gaulle à qui on conseillait de poursuivre Sartre pour son « Manifeste des 121» en faveur de l’insoumission, pendant la guerre d’Algérie, qui eut la formule : « on n’emprisonne pas Voltaire », pour signifier son refus d’intenter des poursuites. Voltaire c’est un symbole de la liberté d’opinion. Ce titre de gloire, il le doit à l’action qu’il mena contre le fonctionnement de la justice dans l’affaire Calas et à l’immense correspondance qui témoigne de son combat contre l’obscurantisme. C’est déjà à cette époque, le pouvoir de l’écrivain qui, par sa plume, se lève contre ceux qui tentent de faire triompher les préjugés. Et il n’a épargné aucun pouvoir établi. De là à faire entrer les dessinateurs de Charlie hebdo au Panthéon comme lui, il y a un immense pas qu’on ne saurait franchir.

Notre « éclairé » du XVIIIème siècle doit bien se marrer là-haut. Avec le massacre du 7 janvier et le mouvement « Je suis Charlie », il est devenu « tendance ». Pas un bobo de gauche, quand ce n’est pas le présentateur lui-même, qui ne fasse référence sur les plateaux télé ou ailleurs à la fameuse sentence : « Je ne suis pas d'accord avec votre opinion, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez l'exprimer », pensant briller en citant Voltaire. Sauf que personne n’est capable d’en préciser la source exacte dans son œuvre. Peu importe, l’esprit voltairien n’est pas trahi pour autant.

Mais avec le nouveau numéro de Charlie Hebdo et la caricature de Mahomet, si peu choquante soit-elle, j’ai l’impression qu’on abuse du label voltairien sur la liberté d’expression. La formule plait parce qu’elle permet le plus large soutien à la cause du journal satirique, alors que c’est du principe seul du droit à l’expression qu’il s’agit. Un paravent commode pour camoufler une récupération politique par une ultra-gauche avec laquelle je ne me sens rien de commun. Tolérance ne veut pas dire approbation. Je n’ai jamais acheté ce canard satirique que j’ai toujours trouvé excessif dans son mépris de tout ce qui est corps constitués de la République et de l’Etat. Ni dieu ni maître, dont acte, mais pour eux, pas pour moi. C’est une première tentative de se servir de « Je suis Charlie ».  Une manière d’emprisonner Voltaire au service d’une cause exclusive.

Le gouvernement n’est pas en reste qui entend surfer sur la vague d’unité nationale en mélangeant les tenants et les aboutissants. Mais à force de pérorer sur la règle de la liberté d’expression tout en voulant rassurer les musulmans, ce qu’on peut comprendre, les deux chefs de l’exécutif font aussi de la récupération et tombent à nouveau dans le piège communautaire. C’est l’ensemble des Français qui ont besoin d’être rassurés et notamment face à la pratique de l’Islam en France dont le communautarisme de plus en plus ostentatoire qu’il affiche les inquiète. N’est pas Voltaire qui veut. Mais là encore on a bien l’impression qu’il sert de caution à une démarche de récupération du mouvement « Je suis Charlie », ce qui est une autre manière de tenter de l’emprisonner. Ce n’est pas ce que le peuple français attend. Comme beaucoup d’autres, je n’ai pas marché pour Hollande, je n’ai pas marché pour sauver Charlie Hebdo. J’ai marché par compassion pour des gens qui ont été lâchement assassinés et pour protester contre ces tueurs qui ont voulu faire justice au nom d’une loi qui n’est pas la nôtre. Une manière « d’écraser l’infâme » comme aurait dit Voltaire.

On sent revenir à grands pas la tentation du déni. Au nom de la lutte contre l’islamophobie, l’autocensure se réinstalle doucement pour ne pas « froisser », et malgré les crayons brandis, malgré les professions de foi martiales, il se pourrait bien qu’il y ait de moins en moins de « Charlie ». Comme Alain Finkielkraut, je pense qu’il est absurde d’affirmer que les assassins des journalistes de Charlie Hebdo étaient « sans foi ni loi » ou comme l’affirme le président de la République qu’ils n’ont aucun rapport avec la religion musulmane. Qu’on m’explique alors pourquoi la publication du dernier exemplaire du journal satirique déclenche la fureur dans les pays musulmans, y compris jusqu’en Turquie ! L’islamisme n’est pas l’Islam mais il en est tout de même une « maladie » dont les populations modérées, par peur ou par paresse, n’osent se désolidariser. On l’a bien vu lors des manifestations du 11 janvier avec la faible participation des « quartiers ». Et comme l’écrit Gilles Kepel, si on veut résoudre la crise du « vivre ensemble », il faut cesser de fournir l’excuse de la discrimination et de l’exclusion aux salafistes qui veulent subvertir moralement et juridiquement les valeurs de la société française, ce que font journellement les Plenel, Birnbaum, Joffrin et consorts. Ils n’emprisonneront pas Voltaire parce qu’on ne les laissera pas faire. Les imams chantant la Marseillaise, hier, lors de leur rassemblement annuel, nous y encouragent !

 

Commentaires

Chris

Merci pour cet article Daniel.
Voir Charlie Hebdo devenir l' emblème de la France , j' ai l' impression que cela ne va pas du tout grandir la France ni les français aux yeux des autres pays et encore moins aux yeux des autres pays musulmans.
Ce qui fait la grandeur d' un Pays ou d'un Peuple , ce sont les valeurs qu' ' il exprime au travers de sa liberté d' expression.
Les valeurs de Charlie c' est quoi ? ???? La Rigolade ?
Le Respect, je crois que c' est un mot qui n' existe pas dans leur vocabulaire d' anarchistes libertaires égocentriques .

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