HISTOIRE
CHAUD DEVANT !
ET MAINTENANT …

NOTRE DEMOCRATIE EST EN DANGER

Internet

Notre modèle de démocratie est aujourd’hui sérieusement mis en danger.

L’histoire nous enseigne que les périodes de crises économiques et de forte montée du chômage s’accompagnent  toujours d’une crise de confiance dans la capacité des politiques à gérer ou à régler les problèmes. Les reproches faits sont toujours les mêmes : les élus sont trop loin des préoccupations réelles, les affaires qui sont le lot inévitable de tout régime donnent du crédit aux populistes, et pendant ce temps-là les « privilégiés se gavent ». La tentation d’essayer les extrêmes qui paraissent toujours plus propres parce qu’elles dénoncent plus fort pour mieux cacher leurs propres turpitudes, apparait comme « la solution » avec à la clé : « Après tout qu’est-ce qu’on risque ! ». En réalité on risque encore plus gros, mais il sera impossible de faire entendre raison à des gens qui n’écoutent plus parce qu’ils ne croient plus à rien. En l’occurrence, comme l’extrême gauche est en panne et ne fait plus recette, le péril qui nous menace vient de l’autre bord. Dans le cercle politique, les extrêmes se touchent, on ne sera donc pas surpris de constater que les programmes se ressemblent comme des frères siamois. Mais tout ce que je viens de décrire est un schéma connu et classique.

Les réseaux sociaux tuent la démocratie représentative.

L’occident  souffre d’un épuisement de sa démocratie représentative, minée par la défiance généralisée, et constamment contestée au nom de la « démocratie directe ». La France n’échappe pas à ce phénomène, comme on le voit dans les actions violentes menées par les contestataires des grands projets comme à ND des Landes. La rapidité de la transmission de l’information, les progrès réalisés dans les études statistiques conduisent trop souvent les leaders, politiciens ou autres,  à suivre l’opinion qui, tel un caméléon, n’arrête pas de changer. La décision politique a besoin de temps pour se réaliser même quand elle est bonne. Les réseaux sociaux exigent l’instantanéité. La liberté est devenue si excessive qu’elle autorise nombre de dérives qui sont autant de vecteurs de désintégration politique. Les technologies Google, Twitter, Facebook rendent possible une « démocratie instantanée », mais forcément virtuelle. Ce n’est que la dictature de l’opinion du moment qui s’exprime. Avec un clic on peut décider de la mobilisation d’une manifestation, tuer un projet d’utilité publique, faire renoncer à un impôt. Un jour, on décidera de la même façon du rétablissement de la peine de mort, qui sait ? L'endoctrinement des jeunes qui partent faire le "djihad" apporte un autre exemple inquiétant des dérives dangereuses de l'internet sans contrôle déontologique.

La démocratie directe permanente est une utopie dangereuse.

C’est toujours la même tentation anarcho-libertaire qui s’exprime, facilitée aujourd’hui par le miracle d’internet. Il faudrait un « nouvel esprit des lois » de l’ère numérique pour endiguer cette dictature de tous sur chacun, repousser dans son pré carré la démocratie directe chère aux « soviets », redonner de la légitimité à la démocratie représentative.  Car le processus qui consiste à « décider » doit pourvoir continuer à s’exercer. Une des réponses que la démocratie représentative peut apporter, c’est la « participation », mais elle est aléatoire tant les rouages qu’elle demande sont fastidieux à suivre. Le raccourcissement de la durée des mandats politiques, la transparence accrue exigée de ses acteurs s’avèrent être des réponses inappropriées. Au mieux, on a fragilisé l’élu et favorisé le voyeurisme. Car la difficulté c’est que les grandes entreprises du numérique échappent aux institutions étatiques ou internationales. Il importe donc que ces outils nouveaux soient mis au service de la démocratie représentative et il faut absolument sortir de la confrontation entre le peuple et les élites, confrontation qui se substitue au clivage politique traditionnel sur les valeurs de droite ou de gauche par exemple, et sape les fondements de notre système politique. Cela peut passer par un changement d’attitude dans la pratique politique. En cette époque difficile, où le temps manque tout le temps, sachons offrir à la société civile rigueur et honnêteté, sachons éviter cynisme et improvisation, sachons bannir surtout la désinvolture. Les vieilles recettes clientélistes doivent être remisées au placard : flatter l’électorat conduit toujours à la désillusion, mais faire preuve de conviction n’est pas toujours récompensé. C’est un chemin difficile, qui demande de slalomer entre les contre-vérités, les mensonges, l’ignorance, la désinformation qui sont la monnaie courante des réseaux sociaux.

Les médias sont au coeur du problème.

Dans notre fonctionnement politique, les médias ont encore un rôle à jouer. Face à l’information sans filtre que diffuse internet, les médias écrits et audio-visuels doivent rétablir l’information avec un grand « i », pour que le citoyen ait au moins une référence quelque part. Cela implique un journalisme érudit, correctement formé, capable d’esprit critique et de discrimination, ce qui est loin d’être le cas aujourd'hui. Cela n’empêche pas d’exprimer une préférence d’opinion, mais cela exclut l’aveuglement idéologique. Avec le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, le pouvoir médiatique est devenu un pilier de la démocratie. Encore faut-il qu’il soit à la hauteur de ses responsabilités.  Ce n’est pas le moindre paradoxe que de voir les médias numérique lui contester ce rôle.  

Les sociétés européennes sont tout de même les meilleures de l’histoire de l’humanité, et tous les européens sont d’accord là-dessus. Ce n’est pas le paradis, évidemment. Pourtant l’Occident attire et fascine toujours. Regardons un peu les réalités. Nous avons à reconstruire un consensus. Un peu de bon sens devrait permettre de comprendre que nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ne peuvent être préservées sans un minimum de régulation et de contraintes. Il faudra bien y venir !

 

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