FUTILE, MAIS FINALEMENT UTILE !
20 janvier 2014
(Les retombées de la conférence de presse et de l'affaire "Closer" obligent à de nouveaux commentaires. Les prochaines notes porteront sur Paris et NKM, puis je vous proposerai une échappée vers l'Asie pour voir où en sont le Japon et ses "Abenomics", la Chine et les émergents et enfin l'Europe. Enfin, si mon ordi veut bien, parce qu'en ce moment il me joue des tours.)
Volage et inconséquent.
A quoi sert d’avoir une compagne officielle, si c’est pour la faire cocue ? Pourquoi l’avoir installée à l’Elysée si déjà il avait une nouvelle liaison ? C’est bien le côté futile du personnage qui est mis à nu avec les révélations de Closer. Voilà qui décrédibilise un peu plus la fonction présidentielle qui n’avait pas besoin de cet épisode, tant elle était déjà atteinte par les zigs-zags et les promesses en l’air depuis dix-huit mois.
Inconséquence aussi ! Comment pouvait-il imaginer passer inaperçu alors que sa liaison était un secret de polichinelle depuis de nombreux mois dans les milieux médiatiques ? Il ne pouvait tout de même pas ignorer les méthodes de la presse people qui raffole de ce genre de situation et il devait inévitablement, à moins d’être naïf, tomber dans l’objectif d’un paparazzi de trous de serrures. Ses virées parisiennes en scooter posent vraiment la question de son sérieux ! On pouvait exiger qu’au moins, il sauve les apparences d’un pouvoir qui a déjà tant de mal à tenir son rang.
Décadence politique.
Cette affaire est trop révélatrice d’une décadence politique pour être reléguée au plan anecdotique comme les gens de gauche voudraient bien nous le faire croire. L’argument « vie privée » ne tient pas une seconde. La déliquescence et l’isolement de l’exécutif sont tels que cette comédie de boulevard est vraiment de trop. Il ne faudrait pas qu’elle rejaillisse sur l’ensemble de la classe politique. Elle tombe d’autant plus mal qu’elle vient en contrepoint de la grande conférence de presse par laquelle le Président a annoncé son virage « démocrate-socialiste ». Un événement historique dans la gauche française : on abandonne enfin le socialisme et ses derniers vestiges d’idéologie marxiste. La gauche du parti et la gauche de la gauche ne s’y sont pas trompées. Encore faut-il relativisé le discours. Il est d’abord celui d’un politique qui cherche une porte de sortie, pour sauver sa peau. La situation désastreuse et paradoxale dans laquelle il s’est mis lui-même en précisant qu’il était responsable de toute la politique menée en son nom, l’a conduit à une fuite en avant qui n’avait d’autre issue que de se heurter violemment à la réalité. De ce point de vue, son habileté aura été autodestructrice. Car, il n’est pas quitte pour autant.
On préfère l’original à la copie.
Président socialiste il y a dix-huit mois, à la tête d’un état dans lequel son parti a tous les pouvoirs : sénat, régions, départements, grandes villes… son parti triomphait. Si les conditions sont aujourd’hui radicalement retournées, c’est bien par sa faute, sa mauvaise politique et la médiocrité de ses équipes. Les acteurs économiques ont perdu confiance, les Français croulent sous les impôts sans voir de progrès réels sinon la situation qui s’aggrave. Aussi, avait-il un besoin urgent de se redonner de l’oxygène. Il le fait en frappant fort. Il fait violence à la gauche, sans vraiment convaincre la droite. Il veut s’appuyer sur les entreprises après les avoir combattues et avoir privilégié les emplois financés par l’Etat. Pour faire cette politique de l’offre (c’est-à-dire de soutien aux entreprises), on a le droit de préférer l’original à la copie. Et la droite est mieux placée pour ce faire. Moyennant quoi, à travers son « pacte de responsabilité », le chef de l’état s’efforce de répondre à la crise de confiance que traversent les acteurs économiques. Il ne suffit pas de quelques mesures pour que les emplois jaillissent automatiquement. Le risque est que la réponse soit trop lente pour qu’il puisse en tirer les dividendes au moment où nos concitoyens marquent une défiance grandissante à l’égard des dirigeants politiques, perdus qu’ils sont dans la mondialisation, l’Europe et le chômage de masse. En faisant cocus tous ceux qui ont cru à son discours du Bourget, il prend le risque de faire monter la défiance d’un cran.
Car la situation économique de la France qui a monopolisé la conférence de presse, a ostensiblement occulté l’autre crise, celle de la démocratie et de la nation, qui n’ont fait l’objet d’aucune question. Résultat : la cote du chef de l’Etat n’a pas bougé d’un iota, toujours aussi basse. Aussi ce nouvel engagement, ce nouvel horizon qu’il s’est donné est-il crucial : l’été prochain, les résultats diront s’il a réussi ou non à apporter un début de réponse à la crise de confiance. On peut craindre que le rendez-vous soit casse-pipe. Car entre temps, il y aura eu deux consultations électorales : les municipales et l’élection du parlement européen.
Un virage utile pour la droite.
La futilité du Président a au moins une utilité : elle remet au goût du jour les valeurs libérales. De ce point de vue, l’UMP ne peut que lui dire merci. Loin de gêner l’opposition, le nouveau discours présidentiel apporte de l’eau à son moulin. Car ce revirement est bien dû à un échec retentissant de l’économie administrée que l’on mesure encore avec les données budgétaires de 2013 dont le déficit a été plus lourd que prévu, en raison notamment de l’effondrement des rentrées fiscales (cf. chiffre du jour).
Le rôle décisif de l’entreprise est enfin reconnu dans la lutte contre le chômage, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites. Il sera facile pour l’opposition de montrer que les ficelles compliquées mises en places par le gouvernement à travers le pacte de responsabilité venant relayer un CICE en panne, ne suffiront pas à sauver de l’effondrement les entreprises écrasées par l’impôt, les charges sociales et le prix du travail. C’est l’idée libérale, reléguant l’Etat à ses cuisines, qui est sortie vainqueur de la prestation présidentielle. Il est enfin admis que les réalités de l’entreprise sont plus fortes que les idéologies. Il ne reste plus à l’UMP qu’à s’affirmer clairement dans un libéralisme décomplexé que réclament désormais une majorité de Français.
Et si la droite en profitait pour faire sa révolution culturelle, et sortir, elle aussi, du piège « social-libéral ». En transformant, par exemple, son esquisse de projet, qui n’est qu’un catalogue de mesures certes sympathiques, en un véritable projet de société.
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