LECTURES D’ETE
03 juillet 2013
Comment se détendre tout en restant branché ? La lecture peut être un excellent moyen. Voilà un livre que vous pourrez déguster à votre convenance installé dans un transat ou installé placidement sur votre serviette de plage à deux pas de l’estran.
SAUVE QUI PEUT ! « Arrêtez le tir aux pigeons »
De Eric BRUNET
Pour le polémiste, la France, c’est le Titanic. Et si vous ne voulez pas couler avec lui, puisque nos gouvernants paraissent incapables de le sauver, sauter dans une chaloupe avant qu’il touche l’iceberg qui lui sera fatal. Autrement dit, une seule solution : la fuite !
Il considère que la France est si sclérosée que l’émigration de ses jeunes entreprenants ne doit pas être vécue comme un drame, mais comme une chance. Notre seule chance de salut .
Le raisonnement d’Eric Brunet repose sur une analyse convaincante du déclin de notre pays. Vous voulez en connaitre les causes ? Il aligne les vérités que nous connaissons : la pression fiscale, la pathologie de l’égalité, le mépris de celui qui entreprend, auquel il faut ajouter le rêve de sécurité incarné par le statut de la fonction publique. Une toile de fond : une parodie de guerre civile permanente.
Alors, oui, la fuite est une solution. Une partie des exilés volontaires reviendra à terme au pays, nourris d’expériences étrangères. Eux seuls sauront sortir de l’ornière notre vieille nation.
Hollande, c’est le Harold Wilson, ce premier ministre travailliste, responsable de l’étatisation de la Grande-Bretagne qui en fit « l’homme malade » de l’Europe.
L’auteur qui ne voit point venir le « Thatcher » français cite un jeune expatrié à Londres : « Nous allons revenir, forts de notre expérience d’un monde ouvert et libre. Nous aimons trop la France pour la laisser entre vos mains ! ».
Eric Brunet nous prend à témoin : « Dans une Europe où l’on professe la libre circulation des biens et des personnes, faut-il continuer à conspuer ceux qui, chômeurs, artistes, entrepreneurs, ingénieurs, jeunes diplômés, chercheurs, ouvriers, business angels, vont chercher ailleurs une chance de réussite ? Non, bien sûr ! »
Et si la prophétie du retour ne se réalise pas, c’est que l’autre scénario, moins avantageux pour nous, ce sera produit. Celui qui verrait nos concitoyens les plus énergiques se détourner de notre pays. Dans le passé, la France a connu de tels mouvements, tels les protestants si industrieux fuyant les dragonnades de Louis XIV, pour le plus grand bénéfice de l’économie hollandaise ou allemande. Un exemple plus proche de nous, cité par Eric Brunet : ce proche de Turgot, désabusé par le tour sanglant pris par la Révolution française qui alla s’installer aux Etats-Unis où il créa une petite entreprise appelée à grandir, grandir…. Il s’appelait Du Pont de Nemours ! Le malheur c’est qu’il n’est jamais revenu.
Mon passage préféré : « La fainéantise, c’est plus que notre fonds de commerce, c’est un tropisme national, des « rois fainéants » au VIIème siècle jusqu’aux 35 heures de Martine Aubry en 2000. Quand on goûte l’euphémisme, on appelle ça l’art de vivre à la Française. » et suivent une vingtaine de pages argumentées et illustrées. Un régal !
Tous les sujets qui fâchent sont abordés, c’est ce qui fait le charme et l’intérêt de ce livre, qui se veut évidemment polémique. C’est du pur Brunet !
Sauve qui Peut, Eric Brunet, Albin Michel
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