ETAT DE CHOC APRES ACCIDENT…
17 mars 2013
« On ne va pas dans le mur, nous sommes dans le mur ! Mais les Français ne l’ont pas encore bien réalisé … » Ce propos tenu par Jean-Charles Taugourdeau, député du Maine-et-Loire décrit assez bien la situation que notre pays traverse actuellement. Il n’est pas exagéré, et les études d’opinion, si on veut les interpréter correctement, montrent assez bien des Français conscients mais qui ne veulent pas y croire, comme l’état dans lequel on se trouve après un accident, ce moment d’hébétude avant que la douleur n’arrive.
Notre pingouin normal a beau se démener aux « quatre coins » de l’hexagone pour renouer le contact, faire son autopromotion à Bruxelles en se propulsant de lui-même au rang des bons élèves, commémorer toutes les occasions… la com’ ne suffit plus. La campagne est terminée. La réalité est là, prosaïque, avec son lot de problèmes qu’un rideau de fumée médiatique ne peut plus cacher.
L’ermite Bayrou peut nous répéter à l’envi : « je vous l’avais bien dit », qui espère le virage centriste, c’est-à-dire vers lui, de l’actuelle majorité comme on attend « Godot » : il ne viendra pas. La vérité c’est que la barque est chargée, le moteur en panne, les rameurs fatigués d’écoper pendant que les pilotes continuent de forer des trous dans la coque.
La vérité n’est pas celle à laquelle on veut nous faire croire : nous ne courons pas après un déficit à 3%, voire même 3,7%. Le calculer en pourcentage du PIB est une présentation habile. En réalité, les 62 milliards qui le constituent représentent 16% des dépenses, et même bien plus si on écarte les prélèvements directs pour l’Europe et les collectivités locales. Cela donne une autre idée de l’effort à réaliser pour lequel une, deux, voire trois années ne suffiront pas. Et les 5 milliards d’euros d’économies chassées par le Sombre Ayrault n’en sont pas vraiment puisqu’il s’agit de dégager des moyens pour les dépenses nouvelles. Un peu comme les trous qu’on creuse et les tas de terre qu’on déplace. Petite musique des mots que nous avons déjà entendue en 2012 sans que l’on puisse mettre en face la moindre traduction concrète. Pour s’en convaincre, un exemple suffit : notre pays ne peut pas financer 100 km de lignes de métro en Ile-de-France sans mettre 20 ans pour les réaliser. En 1898, il a suffi de 20 mois pour faire la ligne 1, dite Nord-Sud (Porte de la Villette-Mairie d’Issy). Etouffé par la dette et les salaires de la fonction publique, l’état ne peut plus investir.
La vérité, c’est que la lutte contre le chômage passe essentiellement par l’emploi dans les PME-PMI qui représentent près de 70% des emplois salariés. Or entre l’exécutif et les petits patrons, la défiance s’aggrave. Près de 90% d’entre eux pensent que le gouvernement n’encourage pas les patrons et ne donne pas envie d’investir et d’embaucher. C’est le résultat de la politique anti-entreprise mise en œuvre depuis bientôt un an. Les 20 milliards d’euros de hausses d’impôts y sont pour quelque chose. Plus grave, 7 sur 10 pensent même que la fiscalité va inciter les Français à travailler au noir et l’exemple des emplois à domicile le confirme avec plus de 10 000 emplois menacés par la nouvelle fiscalité qui s’appliquera au 1er juillet. Le gouvernement a beau mettre en œuvre un dispositif de préfinancement du crédit d’impôt compétitivité en faveur des PME, celui-ci s’avère trop compliqué pour le public auquel il s’adresse. Moralité confie un patron : « comme je n’arrive pas à évaluer le montant de mon crédit d’impôt, je ne sais pas si le préfinancement vaut le coup ! ». Là encore, les emplois ne seront pas au rendez-vous des espoirs.
Puisque le vocabulaire à la mode c’est le patriotisme économique, la constance et l’endurance, au moment où les partenaires sociaux viennent de conclure un accord qui baisse les pensions du privé, le discours qui associe « la lutte contre le chômage, la compétitivité de nos entreprises et le financement de nos retraites » ne colle pas avec la réalité des subventions accordées, l’augmentation des effectifs de la fonction publique territoriale ou l’annonce d’aides financières exorbitantes aux implantations de jeunes médecins… Nous aimerions avoir un Churchill, nous n’avons qu’un Guy Mollet (référence historique et jeu de mot, si vous voulez).
Ceux qui ont le goût d’entreprendre, et ils sont plus nombreux qu’on ne le croie, partent à l’étranger. La gauche stigmatisera l’esprit de lucre, alors qu’il ne s’agit que de déception, d’impatience, et surtout d’incompréhension grandissante de voir que ce qui est possible à notre porte ne l’est pas chez nous.
C’est, en quelque sorte, l’hémorragie post accident. Elle peut être mortelle.
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