HISTOIRE
ARCHIBALD SE MARRE
LE DENI FRANÇAIS

UN FAUTEUIL POUR DEUX

  Fauteuil

Quel mauvais sorcier s'est donc penché sur l'UMP au soir du 18 novembre et a jeté un sort sur ses dirigeants au point que quinze jours après, rien n'y a fait, pas même les médiations les plus éminentes ? Le moins qu'on puisse dire est que la lucidité a disparu de part et d'autre. Cet invraisemblable imbroglio déroule sous nos yeux effarés les rebondissements d'un film catastrophe et on voit mal comment vont se réparer les dégâts.

La rupture n'est pas le scénario le plus probable.

Une nuée de faux prophètes s'est abattue pour prédire la rupture du mouvement entre ses modérés, affaiblis par la déception de François Fillon et les "droitistes supposés" représentés par Jean-François Copé. Elle n'aura pas lieu.

C'est d'abord ignorer le mur qui sépare la droite républicaine de la droite extrême. Il peut y avoir des recoupements sur les thèmes sociétaux mais on est loin de l'amalgame dont la gauche se sert comme argument depuis le milieu des années 80, pour tenter de diviser la droite institutionnelle. Dans les propos de Jean-François Copé, il n'y a rien d'attentatoire aux droits de l'Homme et il est à des années lumières du saut dans l'inconnu qui consisterait à voter des lois d'exclusion et à vouloir s'isoler par rapport à l'Union européenne du point de vue économique et social comme le préconise Marine Le Pen.

Ensuite, faisons litière du pseudo clivage qui existerait entre les deux protagonistes. Ce qui sépare Copé de Fillon, c'est le style. Ce n'est pas négligeable mais ce n'est pas fondamental. Ils s'accordent en fait sur des programmes très voisins, sans qu'on puisse dire en vérité lequel est le plus à droite, ce qui est souligné par les observateurs avertis. La sensibilité de Copé est plus populaire (et non populiste) ; celle de Fillon se veut plus responsable avec une expression volontiers modérée. Ces deux sensibilités ne traduisent pas un affrontement que la base des militants refuse : elles appellent au contraire à une union qui jouerait des complémentarités.  Car l'autre amalgamme entre la droite modérée et le centrisme, l'évolution de la société et le mirage Bayrou aidant, n'est aujourd'hui pas mieux fondé. Il y a bien quelques velléités d'aller se réfugier chez M. Borloo, cependant la confusion qu'il entretient avec la droite n'en fera jamais un pôle d'attraction suffisant. D'ailleurs le départ de l'aile modérée vers l'UDI largement construite dans cette perspective, signifierait un retour au jeu à trois avec le FN comme dans les années 80-90. Dangereux et irresponsable.

Et surtout, l'UMP, même endettée, détient le trésor de guerre, support nécessaire à toute action politique ; la quitter c'est s'en priver. 

Il manque un rassembleur. Ce sera donc une "régence".

Le problème, c'est que le vote du 18 novembre n'a pas permis à l'un ou l'autre de jouer le rôle de rassembleur. Les événements intervenus depuis les disqualifie quelle que soit la suite et quel qu'en soit le responsable. On  se contentera de dire que les torts sont partagés. c'est évidemment une erreur de chercher à aggraver les clivages à droite l'un en dénonçant la droite molle, l'autre en instruisant le procès en diabolisation. 

Le plus grave dans cette affaire, c'est que l'UMP a grillé à cette occasion un de ses prétendants sérieux et reconnu pour la présidentielle de 2017. Le discours de rassemblement de François Fillon a essuyé une double défaite ; non seulement il n'a pas convaincu les adhérents du parti puisqu'il n'a guère dépassé les 50%, et sur ce même thème, il n'a été suivi que par 70 députés sur près de 200. En ayant recours à l'arbitrage de Nicolas Sarkozy, à qui le peuple UMP est resté viscéralement attaché, celui qui survivra de l'épreuve ne pourra donc exercer qu'une "régence". .. en attendant le retour de l'aigle. Le problème du leadership reste entier et la figure tutélaire de l'ancien président, serments d'allégeance compris, n'a pas fini de hanter les esprits.

A droite, oui, mais le "rassemblement" jusqu'au centre.

Néanmoins l'élection a confirmé un ancrage un peu plus à droite de la base militante, correspondant à la droitisation progressive de la société. Cela n'a rien de surprenant. On peut nier le fait. Il continuera d'être une réalité qui va jusqu'à inquiéter M. Rebsamen. Le parti doit concilier le discours national-sécuritaire qui est attendu par une partie importante de son électorat et son projet européen et libéral  sans lequel il ne peut prétendre jouer un rôle sérieux à la fois national et international. Le "Régent" aura donc à refaire de l'UMP le creuset de toute la droite française. Celle-ci ayant en partie échoué, depuis 10 ans, à enrayer la poussée du Front National et à empêcher sur son autre aile la reconstitution d'un parti centriste, la réconciliation entre copéistes et fillonnistes n'est pas seulement un moyen de préserver le parti, elle est la condition de la reconquête. Chacun devrait donc penser qu'il ne sert à rien de vouloir humilier l'autre. Le "Régent" devra être à la fois "rassembleur" et "décomplexé". Il aura la mission de fédérer toutes les sensibilités du parti, ce qui va au-delà de la simple reconnaissance des "mouvements" sur lesquels les adhérents se sont prononcés. Si se garder au centre est pour l'UMP une urgence stratégique, regagner à droite est un impératif électoral. D'ailleurs, il n'y a pas besoin d'être bien malin pour comprendre qu'une victoire contre la gauche aux municipales de 2014 et aux élections  suivantes, ne se fera pas sans le renfort au 2ème tour d'électeurs ayant un jour glissé un bulletin Le Pen dans l'urne, à moins de s'accommoder de voir le parti d'extrême droite à 25 ou 30% !

La "synthèse" est donc nécessaire. Cette synthèse est d'autant plus vitale que sans elle, l'UMP restera Une Machine à Perdre.  Il semble que le bon sens soit revenu aujour'dhui. Espérons qu'il permettra la réconciliation que tout le monde attend ! On ne leur demande pas de s'embrasser sur la bouche.

 

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