Sortons un peu des miasmes de la politique hexagonale pour
aller voir ailleurs. Le tapis magique du calepin nous transporte au Moyen-Orient,
au pays des génies cachés dans les lampes à huile. Manifestement, le seigneur
de Dubaï en a fait sortir un de sa cachette et celui-ci a exaucé son vœu le
plus fou : bâtir une tour de 800
m de haut !
Et le miracle a eu lieu. C’est
le « gratte-ciel » (on en peut pas dire mieux) de tous les
superlatifs avec ses 828 m
de hauteur. Pour commencer, il est évidemment, le plus haut du monde. Mais il
cumule bien d’autres records : édifice avec le plus
grand nombre d'étages, étage occupé le plus élevé, ascenseur avec le plus grand
trajet et le plus rapide, plus haut point d'observation du monde.
L'intérieur de la tour sera
majoritairement réservé à des logements. Sur les
162 étages, Burj Dubai comprendra 1044 appartements sur près
de 84 étages. « The
Residence » comprend 900 appartements de toutes talles : studio,
une, deux, trois ou quatre pièces. Les 144 Résidences Armani, de une
à deux chambres, seront des appartements hôteliers haut de gamme aux
finitions soignées. Tous les résidents auront accès à un supermarché, le Market
Store, et à un service de conciergerie et de voiturier. Au total,
12 000 personnes devraient vivre et travailler dans Burj Dubai.
Les premiers doivent y emménager en février 2010.
Comment vivre dans une tour
de verre construite en plein désert ? Cette équation technique a été
résolue par les architectes au prix de ce que certains pourraient qualifier de
gâchis environnemental. Au
quotidien, le système de climatisation de Burj Dubai aura besoin
de 946 000 litres d'eau. Les jours de grande chaleur, ce chiffre
équivaudra à 10 000 tonnes de glace. De plus, le climat
chaud et humide de Dubai crée un inévitable effet de condensation dans les
bâtiments vitrés. L'eau recueillie par des canalisations sera stockée dans un
réservoir au sous-sol. Ce qui représentera 66 000 mètres
cubes d'eau par an, soit 20 piscines olympiques.
Dessinée par
un cabinet d'architecture de Chicago, Burj Dubai possède la forme de la fleur
Hymenocallis. La tour est composée de trois éléments disposés autour d'un noyau
central, comme les trois pétales de la fleur. Le bâtiment, qui ressemble à un Y
géant, est censé ainsi résister aux contraintes météorologiques.
Quel est l’intérêt
d’un tel projet ? Manifester une toute puissance à la face du monde :
elle risque bien d’être éphémère, et l’on se demande ce qu’il en sera advenu
dans un siècle : peut-être quelque chose à l’image de ces villes fantômes
de l’Ouest américain après la ruée vers l’or. Au moment où l’on parle de lutter
contre le réchauffement climatique, il apparaît comme un pied de nez des rois du pétrole à la face du monde.
Insensé et
vertigineux dans tous les sens de ces deux termes !
J'allais oublier l'essentiel : sans une aide d'urgence de 10 milliards de dollars accordée par l'émirat d'Abu Dhabi, la "Dubaï World" n'aurait pas pu honorer ses créances. Autrement dit, c'était la faillite. Bah oui ! On comprend mieux...
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