LA FIN D’UN MONDE
10 novembre 2009
Laissons Archibald à ses
excès et revenons aux choses sérieuses.
Qu’elle était émouvante cette cérémonie
hier soir, à la porte de Brandebourg ! Et quel plus beau symbole, vingt
ans après, l’Allemagne pouvait-elle nous offrir que celui de cette femme,
récemment réélue confortablement à sa tête, Angela MARKEL, issue de cette Allemagne
de l’Est que le totalitarisme communiste voulait enfermer derrière son mur et
ses barbelés !
C’est un message de
confiance que nos recevons de l’Allemagne réunifiée. Pourtant, en ce 9 novembre
1989, quand nous vîmes devant nos yeux éberlués le peuple de l’Est pousser la
muraille et déferler à l’ouest, à la joie que nous ressentions se mêlait une sourde
inquiétude : et si la grande Allemagne reconstituée choisissait « l’Ost
politique » ? Nous ne savions pas sur quel monde débouchait cet
évènement historique. Il annonçait en fait l’écroulement de tout l’empire
communiste qui gravitait autour de l’URSS. La Pologne avait joué le rôle d’éclaireuse
de la route. Le putsch d’Eltsine à Moscou en fut le prolongement logique. Le "rideau de fer" avait vécu ! L'Europe n'était plus coupée en deux ! C'était la fin de l'affrontement des deux blocs et de l'équilibre de la terreur. Mais en même temps cette victoire du monde occidental nous faisait peur !
Nous attendions de la
disparition de la ligne de démarcation la naissance d’une confédération
germanique. Erreur : ce fut l’absorption de la feue RDA par la
démocratique et prospère RFA. Nous avions sous-estimé l’état de délabrement
dans lequel se trouvait la république communiste, son économie ruinée, un
peuple paupérisé. Ainsi l’Allemagne réunifiée réinstalla sa capitale à Berlin,
mais garda la solide démocratie établie à Bonn. Ses dirigeants, et il faut
saluer le choix décisif du Chancelier Kohl, l’ancrèrent dans l’Europe en
construction. Les liens établis avec la France depuis le Général De Gaulle et
le Chancelier Adenauer, jamais démentis ensuite, faits de complicité entre les
dirigeants et de complémentarité entre les deux pays, jouèrent sûrement un rôle
majeur.
La réunification coûta très
cher aux allemands de l’Ouest : une augmentation de 7% des impôts permit
de faire déferler 150 milliards de Marks pour reconstruire les lands de l’Est. Malgré
cela, un écart considérable existe encore, même si aujourd’hui, les différences
culturelles sont pratiquement gommées. Certains ont la nostalgie de ce monde
simple où l’Etat prenait tout à sa charge en échange du sacrifice de la
liberté. Le chômage explique en partie ce regard que les Allemands démunis
jettent sur leur passé, et la crise n’arrange rien. L’essentiel, c’est qu’aujourd’hui
personne ne remet en cause l’appartenance à une seule nation. L’essentiel c’est
que l’Allemagne d’Angela Merkel soit restée un pilier de l’Europe et contribue
pleinement à son devenir.
Les prophètes de malheur se sont trompés. L’Allemagne n’a pas changé de nature en se réunifiant. Nous gardons à l’esprit ce message très fort du 9 novembre 1989 : le désir de liberté triomphe des régimes les plus cruels et des barrières les plus sophistiquées, car il n’y a rien de plus terrible que d’empêcher un être humain de penser !
Commentaires