DATI L’INFLEXIBLE
29 octobre 2008
La ministre de la justice a conduit avec détermination une réforme particulièrement difficile qui soulève de très vives résistances. Et elle a agi avec une sorte de certitude que les changements qu’elle apportait au système judiciaire devaient être appliqués par tous sans sourciller.
Son zèle, celui d’une ministre éperdument loyale au Président, tient autant de la reconnaissance qu’elle porte à son mentor que de la volonté de réformer vite, quitte à bousculer et à déplaire. Et il ne lui déplait pas d’avancer comme un bulldozer. Elle se fâche autant qu’elle fâche. De fait, elle a accompli ce que peu de ministres auraient accompli dans le même temps. Mais le revers de la médaille c’est un front commun de magistrats, d’avocats, de personnels pénitentiaires que l’attitude de leur ministre démoralise ou exaspère.
Il peut y avoir de bonnes raisons. Mais le manque de diplomatie de Rachida n’est-il pas un bon prétexte pour manifester contre une loi qui dérange, qui défait des habitudes, qui oblige à se remettre en question ? C’est vrai que l’on aurait pu éviter ce jeu absurde du chat et de la souris avec les magistrats : je boycotte votre réunion, nous séchons votre rendez-vous…Tout le monde n’est pas innocent, et le syndicat de la magistrature n’est pas vraiment connu pour ses sympathies droitières. On peut comprendre que ses membres soient idéologiquement contre la répression. Peuvent-ils comprendre à leur tour que contester Rachida DATI, c’est remettre en cause le Président de la République auquel elle s’identifie.
Peut-on lui reprocher la tragédie des prisons ? Ce serait oublier un peu vite qu’elle a hérité en gestion d’un réseau de prisons vétustes et surpeuplées, dans lesquelles la dignité humaine est bafouée tous les jours. Le problème c’est que sa réforme dans ce domaine achoppe sur les moyens. Depuis trop longtemps notre justice souffre de budgets étriqués. Seulement la France d’aujourd’hui n’a pas plus de moyens à y consacrer. Il faut faire avec.
La réforme ne peut pas se faire sans les personnels et les acteurs du monde judiciaire. Encore faudrait-il ne pas faire de la ministre une victime expiatoire d’une politique inspirée par le Président de la République lui-même, dont certains, avec délectation, veulent faire payer sa proximité avec lui. Ces personnels seraient plus crédibles dans leur contestation si dans le même temps on n’assistait pas à ces bourdes monumentales qui remettent les criminels en liberté.
Tout le monde ne jure que par le remaniement ministériel qui verrait son départ de la chancellerie. C’est possible, car le congé de maternité fournit un bon prétexte. Ce n’est pas certain pour autant. Nicolas SARKOZY aura à cœur de calmer le jeu. Ira-t-il jusqu’à désavouer sa ministre emblématique ? Rien n’est moins sûr. Il n’aime pas les manières de la magistrature et il appelle de ses voeux un parquet obéissant. On peut imaginer qu’il arrondira les angles mais qu’il ne cédera pas sur l’essentiel. A moins que Rachida remplace Michelle à l’intérieur… De la balance au glaive, qui correspond mieux à son tempérament.
Mais c’est de la politique-fiction !
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