HISTOIRE
RADIOSCOPIE DE LA 1ère de MAINE-ET-LOIRE

RN : UNE VICTOIRE EN FORME DE DEFAITE.

Legislatives-2024

 

Le second tour de ces élections législatives énonce un verdict sans appel : le Rassemblement National remporte une nouvelle victoire en nombre de sièges à l’Assemblée nationale, doublant presque ses effectifs, mais c’est une victoire au goût amer car elle dote le parti de Marine Le Pen d’un nombre de députés très loin de l’objectif qu’il espérait atteindre avec la majorité absolue. Pire, avec seulement 143 sièges, il arrive en 3ème position derrière le Front populaire (182) et la Majorité présidentielle (168). Et ce pourrait bien être la défaite de trop pour Marine Le Pen.

L’analyse des résultats de ce second tour, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne confirme pas le premier, permet de faire trois constats : le scrutin uninominal à deux tours présente des exigences qu’il faut absolument remplir pour l’emporter au second ; la diabolisation anti extrême-droite dite stratégie du « front républicain » fonctionne toujours ; le programme proposé doit être complètement abouti et clair pour les électeurs.

Les exigences pour gagner au second tour.

Même avec 35% au premier tour, le scrutin majoritaire, comme son nom l’indique, exige de franchir la barre des 50% pour l’emporter, en cas de duel, ou d’arriver en tête en cas de triangulaire. La règle des 12,5% des inscrits pour être qualifié rend celles-ci peu nombreuses, et les quadrangulaires très rares, sauf si la participation est très élevée. La règle la plus simple consiste donc à nouer des alliances pour trouver les voix manquantes.  Force est de constater que le Rassemblement national reste politiquement très isolé, et les voix de Reconquête ont été trop peu nombreuses pour faire l’appoint. Tant que cette situation perdurera, le RN aura peu de chances de l’emporter dans le cadre d’un scrutin majoritaire, ce qui est le cas de l’élection présidentielle.

La faiblesse de l’implantation.

Le scrutin uninominal est un scrutin « incarné ». C’est bien pourquoi on parle très souvent de la « prime au sortant », parce que le personnage est connu s’il a bien « labouré » sa circonscription. C’est une donnée non négligeable. Or, force a été de constater que les candidats du Rassemblement national étaient la plupart du temps des inconnus parachutés, candidats "fantômes" absents du terrain, et dont la photo ne figurait même pas dans la propagande officielle du parti. En face, le ou les adversaires proposaient une propagande personnalisée, organisaient des réunions publiques et écumaient les marchés, tracs à la main, entouré de partisans. La médiatisation de Marine Le Pen serrant des mains sur le marché de Hénin Beaumont est un placebo insuffisant. Le profil des candidats et leur absence physique a certainement amplifié le manque d’attirance au 2nd tour. Le RN reste un parti peu implanté territorialement, ce qui reste une faiblesse quasi insurmontable. D’autant plus que la sélection a laissé à désirer : trop de jeunes inexpérimentés, notamment.

Le « front républicain » et la diabolisation.

Jordan Bardella avait presque réussi à convaincre que le RN était désormais un parti de droite classique. Depuis les Européennes, et sur la lancée d’une victoire en trompe l’œil, grossie par la proportionnelle, il avait fait un parcours quasiment sans fautes, faisant preuve même de pragmatisme.  Pourtant à la lumière des débats, il a montré quelques faiblesses sur le programme de son parti dont la diffusion a été plusieurs fois retardée, preuve qu’il n’était pas abouti. Le dérapage de Marine Le Pen sur le "rôle honorifique" du chef de l'Etat en matière de défense a quelque peu montré le bout de son nez sur les véritables intentions. Et la désignation de Jordan Bardella comme président du groupe d'Orban au parlement européen  fait tomber le masque sur la véritable position pro-poutine sur le conflit urkrainien. Ce qui n’était pas  prévu, par contre, c’est la rapidité avec laquelle la gauche qui avait passé son temps  à s’étriper jusque-là, s’est réuni pour former un bloc « Nouveau Front Populaire » avec un programme démagogique mais parlant*, et surtout avec une stratégie de désistement systématique en cas  de triangulaire. C’était signer la mort de la majorité absolue pour le RN si ça marchait, et ça a marché. Participation inattendue à la clé, en plus. Nous avons assisté alors à un déferlement contre l’extrême-droite, médias en tête, corps constitués à l’appui, faisant oublier les outrances de LFI tant à l’Assemblée nationale que pendant la campagne pro-palestinienne des européennes avec ses dérapages antisémites… Le parti de Marine Le Pen s’est retrouvé paré de tous les défauts fascisants.

La lassitude des électeurs.

La situation actuelle aura au moins le mérite de montrer que le Rassemblement national, n’est toujours pas en état de gouverner le pays malgré ses affirmations, son projet n’est toujours pas clair sur la Russie, sur l’économie, sur le respect des institutions. Il manque de l’implantation et des relais dont se nourrit une campagne électorale majeure :  trop peu d’élus locaux, trop peu de candidats formés. En 2027, il faudra aussi compter avec l’usure personnelle de Marine Le Pen, à nouveau candidate et vieillissante. La lassitude des électeurs tentés par le RN, constatant l’impossibilité de gagner, pourrait profiter à la droite classique si celle-ci présente un candidat suffisamment attractif et un programme axé sur la maîtrise de l’immigration, la sécurité, la gestion de la dette et campé sur les fondamentaux que sont la laïcité et l’universalisme qui sont les vrais sujets sur lesquels les Français souhaitent être entendus.  

Et l’on se retrouve aujourd’hui avec une gauche qui crie victoire malgré sa majorité « très » relative, parce qu’elle devance la Majorité présidentielle de 18 sièges.  Et voilà la France dont on dit qu’elle est majoritairement à droite à la veille d’être gouvernée par la gauche. On n’est plus à un paradoxe près !

*Pure démagogie : le pouvoir d’achat est un faux problème puisque l’inflation est à son plus bas niveau, Le retrait de la réforme des retraites est un faux nez puisqu’on sait qu’avec le départ à 64 ans on ne boucle déjà pas la facture, et la répartition de la richesse une tarte  à la crème dans le pays le plus imposé de la  Terre et qui redistribue le plus de toute l’Europe…

 

Commentaires

Georges

En nombre de siège le RN est en tête à condition de ne pas compter globalement l'alliance cotre nature à gauche.
Le résultat de 3 tiers quasi équivalent est affligeant. Où allons-nous?

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