ON NE TOUCHE PAS A LA CINQUIEME !
08 mai 2023
Mauvaise République ou mauvais génie ?
« C’est une mauvaise République », a déclaré récemment Jean-Luc Mélenchon en parlant de la Cinquième. « Il n’y a pas de crise démocratique, les institutions fonctionnent », lui répond Gérard Larcher, Président du Sénat et deuxième personnage de l’Etat. Ce seul qualificatif de « mauvaise » correspond à une erreur d’analyse politique. Le chef de la France insoumise dispose d’un lot d’arguments tous superficiels : une République gouvernée au 49/3, article de la Constitution honni par le peuple, qui impose à une immense majorité de Français une réforme des retraites qu’ils abhorrent, qui donne à l’exécutif des pouvoirs d’exception. Mais, en réalité, cette crise ne vient pas du 49/3. Elle vient de l’incapacité des partis extrêmes à trouver une majorité absolue. La question ne porte pas sur un abus de pouvoir de nos dirigeants, elle concerne le respect des institutions et de la démocratie. L’opposition syndicale et politique a créé un vacarme énorme autour de son aversion pour la réforme, mais elle n’a pas son compte de suffrages, même si l’on ajoute les frontistes aux insoumis et qu’on leur cède en plus quelques républicains désireux d’éliminer Emmanuel Macron avant l’heure.
La sixième, c’est la quatrième !
La sixième République à laquelle rêve M. Mélenchon n’est pas une innovation. Elle a existé et en privant Emmanuel Macron d’une majorité absolue, le peuple a tenté d’accorder au Parlement les atouts qu’il avait déjà au temps de la Quatrième. Si un événement s’est produit en 2023, c’est bien ce tropisme presque irrésistible vers le régime des partis qui nous apporterait la bonne République. Encore faut-il que les partis soient encore debout. La France n’a pas besoin d’un retour en arrière. Rappelons-nous : changement de gouvernement tous les six mois, instabilité structurelle où les groupuscules font la loi comme on le voit aujourd’hui avec le minuscule groupe LIOT, avec comme conséquence l’affaiblissement des institutions et le danger d’explosion sociale ou de tentative de coup d’État. D’ailleurs Mélenchon n’est-il pas un admirateur des « duce » sud américains ?
Jean-Luc fait le lit de Marine.
La Cinquième est « mauvaise » parce que la gauche est structurellement minoritaire et cela ne date pas d’aujourd’hui. Elle s’est rassemblée au sein de la Nupes ce qui a conduit à donner un blanc-seing à la France insoumise, laquelle n’a pas le moindre espoir, même si, en 2022, le chef de LFI a obtenu 22 % des suffrages, de conquérir l’Élysée. En revanche, Marine Le Pen a acquis durablement la deuxième place au premier tour. Plus LFI hurle, plus le RN se tait. Plus LFI conteste, plus les électeurs se convertissent à l’extrême droite. Plus le désordre augmente avec son cortège de manifestations et de violences (460 policiers blessés lors du 1er mai), plus le RN se renforce. Il serait étrange que Jean-Luc Mélenchon soit distrait au point de ne pas se rendre compte qu’il fait le lit du RN. S’il fait son cirque, c’est parce qu’au fond de sa pensée, une victoire de l’extrême droite offrirait aux forces qu’il contrôle l’occasion d’une révolte voire de tenter une révolution. J’exagère ? À peine.
Mauvais républicains.
On ne remerciera jamais assez le Général De Gaulle d'avoir doté le pays de la Cinquième République qui a une constitution démocratique qui donne sa chance à chaque parti et qui a prévu tous les cas de figure de gouvernance. Elle est bonne parce qu’elle protège les institutions. Elle est utile parce qu’elle est en béton et peut résister à toute tentative frauduleuse de s’emparer du pouvoir. Par contre, il existe des mauvais républicains. C’est le cas de Mélenchon et de ses comparses de la France insoumise et aussi de certains ultras de la CGT. Les appels incessants du « leader minimo » de la France insoumise à l’émeute, voire à la sédition, en sont l’expression la plus visible. Peu importe que Mélenchon se prenne pour la République à lui tout seul, mais quand il affirme que « la police tue » et se réjouit de la violence qui accompagne désormais les manifestations, c’est la généralisation du désordre qu’il recherche pensant prospérer dessus. Il souhaite aussi plonger la Cinquième République dans l’opprobre par le comportement vulgaire de ses représentants au Parlement : pauvreté de l’expression, dérapages verbaux, insultes, grossièreté gestuelle des bras d’honneur ou « doigts » dont ils n’ont pas l’exclusivité mais dont ils sont les fervents utilisateurs. Plus grave, ils n’ont pas compris le sens de leur intervention quand on leur accorde la parole. La plupart du temps, ils oublient de se tourner vers le président, le propos étant censé avoir une valeur générale, pour s’adresser à un collègue, l’apostropher ce qui conduit à de multiples rappels à l’ordre. Et l’arrivée des caméras de télévision dans l’hémicycle n’arrange rien et a un effet dévastateur dans le grand public. Ces mauvais républicains ne respectent rien, pas même la mémoire, comme en témoigne les appels à « casserolades » lors du déplacement du Président de la République aux commémorations du 8 mai ou pour honorer Jean Moulin. Alors on imagine bien quelle République ils nous offriraient s’ils parvenaient à s’en saisir !
La République et la France ont besoin de gens qui les aiment, ont besoin de stabilité, ont besoin de respect. Demander un peu d’espoir, en ces jours troubles ne serait pas de trop ! Mais de grâce, ne touchons pas à la Constitution.
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