MELENCHON N’A AUCUNE CHANCE D’ÊTRE PREMIER MINISTRE !
22 mai 2022
Depuis qu’il a créé la « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » (Nupes), Jean-Luc Mélenchon réaffirme avec une insistance digne de la méthode Coué qu’il sera « élu » Premier ministre, certain que l’union de la gauche ainsi réalisée va remporter les élections législatives et obliger le président de la République de le nommer à Matignon.
Ce que Mélenchon se garde de dire.
Bien qu’il ne se représente pas, le député des Bouches-du-Rhône possède quelques atouts dans ce « troisième tour social » qu’il appelle de ses vœux. Il a tiré du désespoir des Verts et du PS le plus haut profit possible puisqu’ils se sont piteusement ralliés à son panache rouge vif ; il les a affaiblis encore un peu plus, si c’est possible, en soulevant un tollé chez ceux de ces deux partis qui ont des convictions démocratiques. Fort de cette alliance imposée au forceps, il a lancé, avec la prophétie qu’il voudrait auto-réalisatrice de son « élection » comme Premier ministre, une opération de communication évidemment trompeuse. Car le scrutin majoritaire à deux tours lui complique terriblement la tâche, sauf à faire le plein dès le premier, ce qui est bien improbable avec un capital de 22% éparpillé dans les circonscriptions. Certes, il a rassemblé les forces de gauche. Mais dès avant les élections législatives, tout le monde savait que la gauche est minoritaire dans le pays, à 32 % au maximum. Selon les instituts d’opinion, non seulement il sera minoritaire, mais Emmanuel Macron est à peu près assuré de remporter la majorité absolue et ne court guère de risque de cohabitation. Le chef des Insoumis nous raconte des blagues : il ne dit pas pas que le Président n’est absolument pas obligé de le désigner et qu’il lui suffit de choisir un Premier ministre dans la majorité sortie des urnes, il ne dit pas plus ce qu’il ferait du pouvoir s’il l’obtenait, sauf à promettre plus de beurre que de pain avec le smic à 1 500 € non financé, il ne dit pas non plus qu’il sera minoritaire et qu’on perd son temps à parler d’une hypothèse irréalisable. On voit surtout que sa campagne, lancée comme d’habitude pour le bien commun de la gauche, vire au culte de la personnalité… comportement copié sur les dictateurs sud américains qu’il admire.
Méthode Coué.
Les 22 % ne sont pas la clef du pouvoir, mais cet exploit au premier tour l’a grisé et lui a monté à la tête. On peut comprendre que Jean-Luc Mélenchon cède à l’émotion. Plus il nous parle de sa « Nupes », plus il nous assure qu’il aura une majorité, plus les électeurs de gauche y croient, surtout ceux qui haïssent Macron. Mais c’est bâtir un projet sur un espoir plus que ténu et c’est, en outre, se moquer des institutions. La méthode Coué ne suffira pas. D’ailleurs en n’étant pas candidat lui-même ne nous indique-t-il pas, en creux, la suite, à savoir : on peut faire simplement un bon score et disparaître de la vie politique. Il sortirait ainsi de sa carrière sur son exploit. De sorte qu’il nous fait perdre notre temps. Par contre, la Nupes pourrait constituer un groupe d’opposition suffisamment étoffé à l’Assemblée nationale pour perturber son bon fonctionnement, surtout s’il obtient la place de 1er groupe d’opposition et décroche la présidence de la très enviée commission des finances.
Entourloupe.
Le meilleur moyen de combattre cette entourloupe qui en dit long sur le sérieux du personnage, c’est encore de répéter à l’envi la vérité, à savoir que Mélenchon n’a aucune chance et qu’en outre il a mélangé les torchons et les serviettes. Il n’y a aucun rapport avec un PS respectueux des institutions, anti-Poutine, pro-européen, et Mélenchon, pas plus qu’il n’y en a entre le chef de LFI et un homme comme Yannick Jadot. En revanche, on constate qu’un maximum de désarroi conduit aux pires abaissements, que la gauche de gouvernement jetée dans le bas-fossé a vendu son âme à Mélenchon pour ne pas mourir, ajoutant ainsi à l’humiliation de se livrer à l’ennemi, la crise de conscience produite par l’adoption de ses thèses. La Nupes n’est nullement une opération sauvetage de la gauche. Il y a fort à parier qu’après la défaite aux législatives, elle se déchirera et chacun des quatre partis qui la composent se retrouvera dans une grande solitude. Car le déchirement s’est déjà produit. Daniel Conh-Bendit, José Bové et Jean-Paul Besset, fondateurs d’EELV, ont publié une tribune particulièrement violente contre la Nupes, et Lionel Jospin, qui soutient Lamia El Aaraje dans une circonscription parisienne, s’est retrouvé nez-à-nez avec Danielle Simonnet, députée sortante investie par la Nupes, alors qu’elle avait été élue en 2027 contre Mme El Aaraje. D’où une altercation publique entre l’ancien Premier ministre de la cohabitation et Mme Simonnet. Et c’est sur cette base-là que Mélenchon voudrait prendre la tête du gouvernement ?
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