UNE SOIREE AVEC BARNIER
07 novembre 2021
On peut dire tout ce qu’on veut, mais Christian Jacob est en train de réussir son coup. La procédure de désignation du candidat LR a pu paraître longue, en passant par ses étapes incontournables comme la consultation des adhérents, elle n’en est pas moins basiquement démocratique et a le mérite d’imposer aux candidats une vraie campagne avec des règles communes. Et donc, pour les intéressés, la nécessité de visiter les fédérations et aller à la rencontre de leurs électrices et électeurs. Ainsi avons-nous déjà eu la visite dans notre département, de Philippe Juvin et de Valérie Pécresse. Jeudi 4 novembre dernier, c’était le tour de Michel Barnier. Près de 250 personnes l’attendaient patiemment dans la salle Jacques Brel de Montreuil-Juigné.
Un candidat qui émerge.
C’est que, depuis que le principe du congrès a été voté, le candidat a commencé à faire sa place parmi les cinq retenus pour la désignation. En effet, Il n’est pas impossible que l’ancien commissaire européen tire avantage de la procédure mise en place et obtienne, finalement, son investiture. Michel Barnier dispose, sur le papier, de toutes les lettres de créance requises pour s’imposer lors du congrès du parti en décembre : il n’a jamais quitté le parti, il a été ministre et est reconnu comme l’homme qui a su négocier le Brexit avec le Royaume-Uni. S’il est encore peu connu de ses concitoyens, ses qualités, son sérieux, sa culture, sa connaissance de la technocratie, en France et en Europe, devraient lui permettre de s’affirmer. Mais, une campagne se gagne aussi avec l’empathie et la proximité. La réunion de jeudi soir devait permettre d’en juger.
Un Savoyard qui sait nous faire fondre.
Eh bien qu’on se le dise : ceux qui prétendent que le Savoyard est un homme froid et distant sont des mauvaises langues. Nous avons découvert un homme simple, accessible, parlant de lui avec modestie et lucidité quand il explique comment et pourquoi il a pris la décision de se présenter. Et pendant une heure il va décliner les thèmes qu’il souhaite évoquer : la nécessité de l’union, condition indispensable pour gagner, le pays qui va mal avec les crises provoquées par la solitude du pouvoir et qu’il passe en revue : le dérapage des finances publiques bien avant le covid, les gilets jaunes, l’explosion de l’immigration, la violence, les collectivités tenues à l’écart, … On sent alors que sous son calme apparent, il a une détermination sans failles. Certes, contrairement à Valérie Pécresse et à Xavier Bertrand, il n’a jamais quitté le parti, il affirme qu’il est resté gaulliste et démonte facilement les mauvais procès qui lui sont faits sur ses convictions européennes. Il avance sur ses deux jambes : patriote et européen. Au détour, il n’hésite pas à détendre la salle avec une anecdote. L’humour est là, mais au service de sa démonstration. Les questions de la salle permettent de vérifier, s’il en était besoin, que tous les sujets peuvent être abordés et appellent des réponses claires, jamais dilatoires.
D'un Président, il n'en a pas que la "gueule"...
Ceux qui disent qu’il ressemble à Emmanuel Macron, ou bien ne le connaissent pas, ou bien veulent lui nuire. Car plus il avance, plus on découvre un anti-Macron, au sens où il est tout l’inverse de la figure du Président actuel : Barnier est d’abord un politique, avec l’expérience d’un long parcours à tous les échelons électifs, et pour lui, la technocratie doit être au service du politique et non l’inverse. Il se propose de gouverner en équipe, et il a fait la démonstration de sa méthode avec l’équipe qu’il a mise en place lors de la négociation du Brexit : répartition des tâches, efficacité, responsabilité. Bref, il a la carrure !
Les commentateurs font aussi une autre erreur.
Le rythme imposé par Christian Jacob ne traduit pas l’apathie des caciques du parti, comme certains voudraient le faire croire, c’est une stratégie murie par l’expérience : le 4 décembre, non seulement il ne sera pas trop tard, mais l’incarnation du candidat de la droite tombera à point nommé, avec une autre surprise à la clé : le rassemblement de tous derrière l’élu, au moment où d’autres auront déjà épuisé leur premier souffle et seront à la recherche du second. Ces commentateurs se trompent encore, qui espéraient que les candidats de LR sortiraient épuisés d’un affrontement sauvage, qui laisserait des traces au moment où un Bertrand triomphant verrait devant lui la montagne à franchir. Car ils sont nombreux, se fiant aux sondages, ceux qui parient sur le Président des Hauts de France, seul capable de l’emporter, face à un Emmanuel Macron qui n’hésite pas, de son bureau de l’Élysée, à faire campagne et à distribuer des largesses susceptibles de convaincre quelques-uns des électeurs qui lui sont le plus hostiles. Cette méthode mériterait d’être clouée au pilori, mais le sortant n’en a cure, même s’il fait bien pire que ce qui a été fait avant lui. Pour autant, il en faudra plus pour déstabiliser un Michel Barnier qui a vécu bien pire avec les négociateurs anglais. On attend de voir avec curiosité ce que l’affrontement entre le bavard tout en communication et en improvisation, donnerait face à un candidat chevronné et méthodique comme Michel Barnier, allergique aux moulinets, portant des convictions fortes et doté de nerfs d’acier.
A la fin de la soirée de Montreuil-Juigné, on en rêvait déjà !
Bravo Daniel, très belle analyse très clairvoyante et tellement vraie ! Nous y croyons,
J’adhère totalement.
Marie-France
Rédigé par : MF Surgent | 07 novembre 2021 à 21:50
😊😘
Rédigé par : Daniel | 08 novembre 2021 à 10:07