HISTOIRE
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31 JANVIER : SENTIMENTS AMBIVALENTS

Brexit big ben

 

Un pied dedans, un pied dehors.

Les  Anglais ont mis fin à cet interminable feuilleton et c’est tant mieux.  Mais le pari perdu de John Major qui trouve son épilogue ce 31 janvier et qui satisfera les  « brexiters » laisse un arrière-goût  amer. Mon premier réflexe de Français basique est d’applaudir au départ de ces empêcheurs de tourner en rond qui ne faisaient rien comme tout le monde, qui roulaient à gauche, qui refusaient le système métrique et qui voulaient de l’Union, le beurre, l’argent du beurre et « baiser » la fermière en plus, si possible. Toujours  un pied dedans et  un  pied  dehors, ils ont refusé l’euro tout en en acceptant les avantages. Au fond, ils empêchaient l’Union d’avancer et ne s’intéressaient qu’au marché unique. Les  avantages sans les inconvénients. On pourrait donc penser que sans eux,  tout ira  mieux. Il faut l’espérer. Néanmoins, le départ du Royaume-Uni de l’Union Européenne est un double affaiblissement : pour les Anglais qui font un saut dans l’inconnu, pour les européens qui s’amputent d’une des principales nations qui les composent. Qui oserait dire que les Anglais ne sont pas des européens par leur culture, leur langue, leur mode de vie … « Ciao les British, bon débarras ! »  Voire…

Le  mensonge du « Brexit ».

Je souhaite à nos voisins qui se félicitent d’avoir rompu les amarres de ne pas avoir à déchanter trop tôt. Car ils ne tarderont pas à découvrir que la séparation a été bâtie sur d’énormes mensonges que BoJo continue d’entretenir, leur faisant miroiter un monde qui n’existe pas. La réalité risque d’être têtue, en ce sens qu’elle est la réalité, et que ses conséquences pourraient bien être une potion très amère dont les victimes seront justement ceux qui ont cru aux mirages. La vérité est que l’année de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2020, au cours de laquelle rien ne change mais qui verra se tenir d’intenses négociations entre le Royaume encore uni (pour combien de temps ?) et l’Union européenne, sera cruciale. Car sortir de l’orbite  européenne ne sera  pas facile et pourrait même être suicidaire si cela se réalisait. Car, quoi ! On ne va tout de  même  pas  boucher le tunnel sous la Manche !!! Il ne suffit pas de faire sonner  « Big Ben » pour réaliser le miracle.

Une sortie « perdant-perdant »

Les Anglais font 50% de leur commerce avec l’Union européenne alors que celle-ci ne fait que 10% de son commerce avec  le Royaume-Uni… Cherchez l’erreur ! Malgré l’art du bluff de Bojo, la réalité c’est que ce sont les européens qui ont la main. Les Britanniques ont beaucoup plus besoin de  l’Europe que celle-ci n’a  besoin d’eux. Le Premier Ministre espère compenser ce différentiel  en obtenant que les dossiers urgents, comme celui de la pêche ou de la libre circulation des personnes soient traités avant les autres. Or l’intérêt européen n’est pas celui-là, il est de conserver une approche globale, ce que la Commission a bien compris. Rappel : les centaines d’accords passés sont pris dans un accord-cadre qui stipule que le moindre manquement à l’un des accords peut entraîner la  suspension de tous les autres accords. Ainsi procède l’UE. Et le Royaume-Uni sorti de l’Union sera traité à la même enseigne que la Suisse et la Norvège. Autrement dit, être sorti de l’Union n’empêche pas d’être soumis aux règles européennes. Dura lex, sed lex ! Quant au « grand large », Theresa May avait commencé à l’explorer. Elle a approché le Japon qui a répondu en envoyant une liste de 20 questions dont la plupart portaient sur l’assurance que les produits japonais auraient aussi accès au marché européen. Voilà ce qui arrive quand on représente soi-même un « petit marché ». Donc la probabilité de compenser une dépendance à l’Europe par une multitude d’accords forcément au rabais avec le reste du monde est pour le moins problématique. Reste la tentation de céder à Trump. Le remède pour être pire que le mal, car les Anglais ne sont sûrement pas prêts à manger du bœuf aux hormones et du poulet javellisé, et devenir une colonie US. Bojo est plus fin que ça. Il en sera forcément réduit  à vendre à ses électeurs un Brexit « canada dry », quitte à l’habiller de formules ronflantes. Le marché unique est un pacte bien plus solide qu’on ne le croit communément. D’ailleurs les citoyens européens eux-mêmes n’en ont pas toujours conscience. Il n’empêche, que l’Europe se trouve amputée de la 5ème économie mondiale,  d’une puissance nucléaire, dotée d’outils stratégiques, qui siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, et dont le PIB manquera à l’Union. C’est un divorce à plus de 40 milliards d’euros pour Londres qui doit tenir la  totalité  de ses engagements dans  le cadre du budget pluriannuel en cours. Prudemment, la banque d’Angleterre revoit la croissance à la  baisse : 1,1% du PIB en moyenne sur les trois prochaines années. Eh oui, divorcer, c’est toujours coûteux ! Dans les communes de France, nombre de citoyens anglais doivent dès maintenant renoncer à leurs mandats locaux, n’étant plus citoyens de l’Union… Eh oui, divorcer c’est souvent douloureux !

La période transitoire.

Le Royaume-Uni n’est pour l’instant sorti de l’Union que sur le plan politique, qui s’est  traduit  par le départ avec cornemuses et grosses caisses de ses députés au parlement européen. Pendant un an, rien ne va changer : les Anglais gardent un pied dedans. L’objectif de cette année est d’obtenir  un accord commercial, délai que les 27 trouvent particulièrement court. D’autant plus  qu’il faut  faire face à des situations complexes, dont celui de la frontière irlandaise et Gibraltar. Michel Barnier veillera tout particulièrement au sort des  expatriés qui doivent conserver tous leurs droits et sur celui de nos pêcheurs qui attrapent la moitié de leurs prises dans les eaux territoriales anglaises. Sur ce dernier sujet, les deux parties voudraient conclure avant le 1er juillet. Quant aux transports, marchandises ou passagers, tout dépendra des négociations : c’est alors qu’on verra ou non des files d’attente dans les  gares, les ports ou les aéroports. Jusqu’à la fin des négociations, le  droit  communautaire continue de s’appliquer et la cour de justice de l’Union gardera toute sa compétence, une manière de dissuader les britanniques de louvoyer avec les règles sitôt le « brexit » prononcé. Le  gouvernement britannique va négocier aussi sous la pression réprobatrice de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord qui n’accepteront pas un éloignement trop grand. Pendant un an, on l’a dit, les Anglais restent soumis aux mêmes obligations financières et réglementaires vis-à-vis de l’Union, avec l’inconvénient de ne plus participer aux décisions ni être présents dans les instances. Ensuite, quel que soit  le niveau de l’accord obtenu, il sera facile de montrer que rien ne peut remplacer une place au sein de l’Union qui est de toute façon la situation la plus confortable.

Et pour bien commencer, le XV de France a  battu les rosbifs 24 à 17 ! Cocorico !

 

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