2022 : LE RETOUR DES BOULETS
21 janvier 2020
Il y en a avec qui on n’en a jamais fini. Normalement, les défaites majeures et l’accumulation des petits résultats devaient pourtant les décourager. Eh bien non, têtus comme des ânes, ils refont chaque fois surface. Ils se croient investis du lourd devoir de sauver la France. A croire que telle Jeanne d’Arc, ils entendent des voix.
Le culbuto.
Le plus précoce a été Hollande dit « le culbuto », surnom dont il fut affublé du temps où il dirigeait le PS, pour sa faculté à toujours retomber sur ses pieds. Pour ne pas se faire oublier, ou plutôt pour faire oublier un quinquennat calamiteux qui se termina pour lui avec une telle réussite qu’il fut dans l’incapacité de se représenter, il a écrit deux livres. Edité moins d’un an après son départ de l’Elysée, le premier eut un écho suffisant pour lui donner la possibilité de faire un tour de France des librairies. Il a cru que quelques dizaines de milliers de lecteurs-laudateur cela signifiait un retour en grâce. C’était plutôt de la curiosité de la part de ses anciens électeurs : l’ancien président y racontait notamment sa version de ses relations avec Macron. Le second, contenant ses propositions pour améliorer la vie démocratique a fait « flop ! » et l’auteur a même dû renoncer à le présenter après la mise à sac d’une réunion à Lille par des étudiants. Depuis, il a changé de stratégie. Profitant de l’impopularité de son successeur, il procède par des attaques frontales, à intervalles réguliers, plantant ses banderilles en espérant affaiblir la bête. Mais pour l’instant, les Français ne semblent pas avoir oubliés le scooter et ses escapades nocturnes et le bilan funeste qu’il a laissé.
L’obsédée de la présidence.
Depuis qu’elle a affirmé qu’elle était « habitée », la perdante de 2007 ne rêve que de prendre sa revanche comme si elle continuait d’entendre des voix. Comme elle n’a pas pu le faire en 2012, et dieu sait qu’elle a enragé de voir ce traitre de François lui prendre la place, avec sa maîtresse à ses côtés, cette fois elle entend bien ne pas se laisser doubler. Aussi, a-t-elle ramé dans la macronie pour décrocher un poste de ministre afin de montrer que ses talents étaient toujours irremplaçables. Elle dut se contenter du fabuleux sucre d’orge « d’ambassadrice des pôles ». Mieux que rien. C’est toujours de quoi vivre et des collaborateurs pour faire le boulot. Mais voilà, elle ne peut s’empêcher de l’ouvrir. Se démarquer d’un pouvoir impopulaire, certes, mais l’exercice a ses limites : c’est que Jupiter n’aime pas qu’on lui « fasse » dans les bottes. Donc la voilà proprement remerciée. En haut lieu, on pense que sans trop de moyens, la tâche lui sera infiniment plus difficile pour tailler des croupières… Néanmoins, elle profite de sa liberté retrouvée pour aussitôt créer une officine et annoncer sa prétention pour 2022. Histoire de prendre de vitesse porcinet. Du côté du pouvoir, on compte sur le parquet financier pour faire prospérer une enquête… du déjà vu, afin de lui nuire si besoin était.
Le nain de la droite.
« Encore un qui a vu la vierge »… dirait l’une de mes filles. Bien qu’il collectionne les échecs et les petits scores, avec son micro parti « Debout la France », ce gaulliste fossile version Néanderthal, continue de se croire investi de la mission sacrée que lui seul pourrait mener à bien, celle de redresser la France. Le maire de Montgeron n’est pas mauvais dans son rôle d’élu local, mais pourquoi ne s’en contente-t-il pas ? Probablement parce qu’il est branché en ligne directe avec le « Général » qui lui confirmerait qu’il est le seul dépositaire de la pensée gaullienne. Voyant un espace, non occupé croit-il, entre Macron et Le Pen, il s’est dit que le moment était peut-être venu pour lui. Mais comme le créneau qu’il occupe est encombré de concurrents aussi microscopiques que lui, il lance l’idée d’une primaire des « républicains et patriotes ». C’est le dispositif génial qu’il a trouvé pour la prochaine présidentielle. Il rêve donc d’une « grande primaire pour la France » entre toutes les personnes de « l’opposition républicaine et patriote » pour garantir l’union dès le premier tour contre le sortant. Sont concernés par la manœuvre : Florian Philippot, François Asselineau, mais aussi Guillaume Larrivé, Bruno Retailleau, Julien Aubert chez les Républicains. Il élargit même le cercle à Eric Zemmour et Natacha Polony (?) dont on se demande ce que cette dernière pourrait venir faire dans cette galère. Et cerise sur le gâteau, Marine Le Pen. Il serait étonnant que cette dernière se laisse tenter par une telle manœuvre alors qu’elle peut espérer prospérer toute seule. Le député de l’Essonne active ses feux, parce qu’il sent bien qu’une accélération du calendrier politique est en cours. Il faut bien exister, quand on n’a rien à proposer pour les municipales, ni candidats, ni troupes, et après avoir fait 3,5% aux européennes. Se voir en grand rassembleur de l’opposition pour 2022, relève pour le moins d’une « hypertrophie du bulbe ». Quant à l’argument « refuser une telle démarche reviendrait à se rendre complice de la réélection d’Emmanuel Macron », il est pitoyable. On ne sait même pas si l’actuel locataire de la rue Saint-Honoré a l’intention de remettre ça. On retiendra surtout que les stratégies qu’il a menées jusqu’à maintenant n’ont servi qu’à affaiblir le camp dont il se réclame, des points qui ont manqué cruellement à François Fillon, par exemple.
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