« EN MÊME TEMPS », LA POLITIQUE DES COCUS ALTERNATIFS !
21 octobre 2019
Le regretté Jean d’Ormesson.
« Macron, c’est le grand flou ! Entre l’électeur de droite et l’électeur de gauche qui votent pour Macron, l’un des deux, forcément, sera cocu, mais toute l’intelligence de Macron est de faire croire à l’un que ce sera l’autre et inversement. » Il l’avait prédit : avec Macron les électeurs de droite et les électeurs de gauche sont cocus. Il n’avait pas prévu que ce serait alternativement.
Un coup à droite, un coup à gauche…
En simple illustration, prenons deux exemples récents. Sur la politique d’immigration, Manu a délivré subitement un discours que n’aurait pas désavoué Marine Le Pen. Il faut dire qu’il fallait exploiter l’émotion suscitée par le massacre de la préfecture de Paris. Et de quoi satisfaire les électeurs de droite sensibles aux arguments pourtant mille fois développés par Eric Ciotti. Enflure du vocabulaire (l’hydre islamique) et véhémence (vigilance de chacun). Cela n’a pas manqué d’inquiéter le clan des « dénislamiques » au sein de LRem. Presque en même temps, le même a fait voter à l’Assemblée l’autorisation de PMA pour les couples femmes homosexuelles et pour les femmes seules. De quoi satisfaire la gauche libertaire et plus généralement tous les progressistes qui ont voté comme un seul « homme » si je puis dire, de la France insoumise au PS en passant par les inévitables transfuges d’un certain centre. Nul doute qu’un certain électorat centriste qui aura voté Macron ne s’y est pas retrouvé. On a encore revu le clivage se manifester à propos de la polémique déclenchée sur le port du voile par les accompagnatrices de sorties scolaires. Au sein même de LRem, la querelle entre Aurore Bergé et Aurélien Taché en est l’exemple emblématique. Un coup à droite, un coup à gauche et quand ça ne marche pas, le sphinx se tait.
La politique macronienne.
Cette situation ne durera pas éternellement. Le moment approche où l’électorat de la droite capté et abusé par Macron va inévitablement ouvrir les yeux. Comment peut-il cautionner plus longtemps une politique dont l’essentiel des idées est puisé à gauche, et mis en œuvre par une caste de technocrates qui n’a jamais été aussi puissante. En résumé, la politique de Macron, c’est « Terra Nova » pour l’inspiration et les technocrates de « France Stratégie » pour la mise en œuvre. Cela nous vaut des attaques récurrentes contre la famille, contre les successions et l’héritage, une fiscalité qui ne faiblit pas, une Etat redistributeur qui pompe les uns pour donner des miettes aux autres, une atonie économique et les finances les plus mal tenues des pays développés. Le peuple est toujours aussi incandescent au point que le pouvoir met le pied sur le frein pour toutes les réformes, à commencer par celle des retraites qui est pourtant de plus en plus urgente.
Les félons de la droite : Philippe, Le Maire, Darmanin…
Il faut faire tomber les masques : depuis qu’ils sont au gouvernement, Les Philippe, Le Maire, Darmanin & C° n’ont cessé de trahir leurs propres idéaux : où est la politique de l’offre tant vantée par Bruno Le Maire contraint de faire de la relance keynésienne sans le dire ; où est la rigueur budgétaire qui fonde toutes les politiques de droite et l’équité fiscale quand Gérald Darmanin met en place le prélèvement à la source qui déresponsabilise totalement le contribuable, comme la généralisation du tiers payant de Hollande pour les patients, et matraque systématiquement toujours les mêmes, les aisés, par ses prélèvements abusifs ; où est la décentralisation chère au centre droit de Raffarin et Bussereau, quand l’Etat continue de supprimer des ressources aux collectivités pour les remplacer par des dotations… Au point que Jacqueline Goureau a fait son discours devant une salle vidée de son assistance au congrès des départements de France. On n’en finit pas de lister tous leurs renoncements.
Les vigiles de la gauche.
Au sein de la majorité gouvernementale, il existe bel et bien une gauche qui ne cède rien de ses certitudes au point que près d’une centaine de députés étaient prêts à exprimer publiquement leur mécontentement après le discours présidentiel sur l’immigration. L’Elysée a dû lâcher du lest. La conséquence en a été un débat à l’Assemblée débouchant sur… le vide ! Cette pression existe sur tous les sujets sensibles. Si bien qu’il n’est pas exagéré d’affirmer que globalement, la politique actuelle est une politique classique de gauche : le symbole en est le budget en discussion actuellement au Parlement. Un budget que François Hollande aurait pu présenter et même valider.
En attendant, la France va chaque jour un peu plus mal. Elle n’a pas mis à profit la conjoncture qui permettait d’améliorer sa situation financière et budgétaire et n’aura donc aucune marge de manoeuvre quand la crise surviendra, car elle surviendra.
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