LA DROITE GOGO
19 septembre 2019
Macron est très habile, sans scrupule et capable de tout, pour peu qu’il ait un intérêt dans la manoeuvre. On le sait depuis qu’il a trahi Hollande et qu’il a rendu visite à Philippe De Villiers… Le voilà qui s’empare des thèmes de la sécurité et de l’immigration. Il peut y aller sans grand risque n’ayant pas grand-chose à craindre de la gauche en complète déliquescence. A quelques encablures des municipales, il faut encore donner du grain à moudre à droite pour finir de déstabiliser ces gêneurs de Républicains qui peuvent encore compter sur un puissant réseau d’élus locaux. Et « en même temps », en forçant le trait, occuper les médias pour faire passer au second plan le débat sur la bioéthique et la PMA. Machiavélisme pur. Les électeurs de droite vont-ils tomber dans le panneau ?
C’est du pipeau !
Les propos prononcés devant ses propres troupes n’étaient pas censé que s’adresser à elles et le Manu savait très bien qu’ils allaient se répercuter à l’infini sur les plateaux en un écho rebondissant de l’un à l’autre. Il n’a rien dit de sensationnel : Eric Ciotti le dénonce tous les jours, il n’a donc rien inventé. Oui les bourgeois des beaux quartiers peuvent ignorer l’immigration qu’ils ne voient pas, alors que le peuple vit avec elle au quotidien. Un peu schématique, mais c’est enfoncer une porte ouverte. Mais voilà, dit par Macron c’est un événement. Voilà des mots que les électeurs de droite ont envie d’entendre. 65% des Français ne considèrent-ils pas qu’ils ont le sentiment de ne plus être chez eux ? Alors prendre enfin à bras-le-corps le problème de l’immigration clandestine, du droit d’asile et de l’AME, ça ne peut que les attirer ou au moins les intéresser. Mais où sont les actes. Il ne suffit pas de dire, il faut faire. Et Macron, en la matière, nous a plutôt habitués à « faire semblant ». Le bilan des deux années précédentes est éloquent : le nombre de demandes d’asile a augmenté de 22% en 2018 en France, alors qu’il baissait de 10% en Europe et jamais nous n’avons autant « régularisé ». Sa visite en Italie le confirme, puisqu’il veut obtenir une répartition européenne des immigrés, politique qui existe déjà et ne fonctionne pas, ce qu’il sait très bien. Il nous joue du pipeau, comme d’habitude !
Une manipulation de plus.
C’est de l’électoralisme pur. Macron ne croit à rien. Il a pourtant une ligne conductrice de fond : c’est un néo-libéral « Baumanien » sur le plan économique, ce qui explique la fuite en avant sur la dette et son penchant pour la théorie financière du « ruissellement », et libertarien progressiste sur le plan sociétal, comme on le voit avec la réforme de la loi sur la bioéthique. Le progrès « no-limit » ! Il faut donc s’attendre à quelques gestes spectaculaires pour étayer son nouveau discours comme le démantèlement du site de Grand Synthe. Il n’en reste pas moins qu’il restera communautariste sur le fond et son attitude vis-à-vis de l’Islam restera ambiguë. Les adeptes de LREM, soutiens et députés ont tous reçus leurs « éléments de langage » distribués par le château, et tels des automates vont parcourir tous les lieux médiatiques pour expliciter la nouvelle parabole. Si protestation il y a, elle sera vite balayée, car c’est le sort des majorités introuvables que d’être faible face à l’exécutif. Mais qu’en pensent nos « bien-pensants » d’Agir ? Eux qui n’avaient pas de mots assez durs en quittant Les Républicains, ne se reconnaissant plus dans les valeurs d’un parti qu’ils jugeaient trop à droite, notamment à cause de ses positions sur l’immigration et l’identité nationale. Nous n’avions donc pas tort de dénoncer l’immigration clandestine, le communautarisme qui gouverne de nombreux quartiers et l’islamisme sectaire qui les gangrène… Les voilà obligés de gober ce qu’ils combattaient hier, mais avaler des couleuvres, ils en ont l’habitude, c’est même un métier chez eux. De la poudre de perlimpinpin pour amadouer un Frédéric Lefèbvre… Raffarin, lui, a les chemins de Compostelle pour méditer sur le revirement droitier de Macron et la PMA…. On attend qu’ils fassent au Président le procès que d’aucuns faisaient naguère aux Républicains, eux et la gauche, à savoir de rendre crédible le discours du RN avec, sous-entendu, un rapprochement politique qui n’a jamais eu lieu.
Le piège du RN.
Macron part sur les terres du RN parce qu’il veut définitivement installer l’affrontement avec Marine Le Pen comme le seul possible pour la présidentielle de 2022. Il compte couper l’herbe sous le pied à la droite traditionnelle qui pourrait jouer les troublions. Il ne veut rien entre lui et Le Pen. Il nous a déjà joué l’air du « Moi ou le chaos » à l’occasion des Européennes, et avec quel résultat ? Il n’a pas pu empêcher le RN d’arriver en tête. Une réalité que les médias ont tenté d’escamoter en la minimisant. Les mêmes causes entraînant généralement les mêmes effets, c’est donc jouer avec le feu pour la présidentielle. Il veut reconquérir un électorat populaire qui lui manque et pêcher dans l’électorat de la droite qui lui résiste pour s’assurer de la victoire en 2022. Il oublie tout simplement que c’est Le Pen que ça valorise inéluctablement. Et elle n’en demandait pas tant. Je crains que ça ne soit un signal envoyé à tous ceux qui n’avaient pas encore franchi le Rubicon vers la droite populiste. Ce qui va se passer en cas d’absence de la droite au second tour est assez simple : la moitié de son électorat n’ira pas voter, et sur l’autre moitié, pour un qui ira chez Macron, deux iront chez Le Pen. Je ne plaisante pas, je sais ce que j’entends autour de moi. Faites le calcul. Désormais, une victoire de Marine Le Pen en 2022, sauf accident toujours possible, est non seulement envisageable, mais plausible, surtout, si dans un second tour, elle recevait le renfort d’électeurs de Mélenchon, aujourd’hui très désemparés.
Voilà où conduira le bluff de Macron.
Le grand illusionniste cherche des gogos supplémentaires à droite. Mais le populo est plus difficile à capter que le bobo. Car il n’est pas question de débattre du droit du sol, ni de l’immigration familiale ou d’ouvrir le chapitre des mineurs isolés… Il va falloir qu’il dépasse les paroles et concrétise par des actes comment il entend corriger les constats qu’il a faits lundi soir devant les parlementaires En Marche ! Et il faudra des résultats ! On peut toujours rêver …
Il y a du pain sur la planche. Attendons le nouveau président LR et les grandes orientations à suivre.
Rédigé par : Georges | 21 septembre 2019 à 18:13