BERTRAND-LEFEBVRE : DEUX DESTINS NOMBRILISTES .
23 septembre 2019
Xavier Bertrand : l’ambition sans la carrure.
Seulement un peu plus d’un million de téléspectateurs pour suivre la nouvelle émission « Vous avez la parole » qu’inaugurait Xavier Bertrand. Un score très faible pour un prétendant à la magistrature suprême, intention qu’il a dévoilée avec beaucoup de « si » mais qui ne constituait en rien un scoop. Peut-on d’ailleurs y prétendre en jouant « solo » : étrange démarche. Pour le reste, le parcours d’ici l’échéance semble bien encombré d’embuches. Il doit résoudre une équation à deux entrées contradictoires. Première donnée : le calendrier. Il met comme condition à sa candidature de réussir d’abord à se faire réélire à la tête de la Région Hauts-de-France, avec comme argument son attachement exclusif à sa région et à ses six millions d’habitants, avec un engagement de fidélité à la clé. Comment convaincre alors ses électeurs qu’il pourrait les abandonner pour l’Elysée, une fois réélu ? Deuxième donnée : le « front républicain ». Celui-ci existe-t-il encore ? Xavier Bertrand a, en effet, été élu contre Marine Le Pen avec l’aide des voix de la gauche… qui, depuis, s’est évaporée ! Comment le reconstituer sinon avec les macronistes pour ensuite leur tourner le dos pour imposer une alternative au face-à-face Macron-Le Pen ? Car, pour être crédible il devra se montrer très critique contre le chef de l’Etat, ce qu’il a commencé à faire avec la réforme des retraites. On imagine mal dans ces conditions « En Marche ! » se ranger sous sa bannière aux régionales. Enfin, dernier os, et de taille : il ne veut pas entendre parler, à juste titre, de primaire, donc il faudrait, pour l’emporter qu’il soit le candidat naturel et unique de la droite. Or, on sait qu’il y a d’autres prétendants, notamment Valérie Pécresse qui en veut une (primaire), sans parler des autres… Toute configuration de concurrence entre des candidats issus de la droite fera le jeu de Macron et Le Pen. Et pour finir, une petite mise en garde : la bonne renommée ne fait pas les bulletins dans l’urne. Car son jeu solitaire, même avec sa petite « Manufacture » pour élaborer un programme, ne fait pas la pelote. Ce serait bien qu’il ne contribue pas à disperser un peu plus les voix de la droite, s’il veut sincèrement qu’on évite le péril Le Pen, qui n’est plus une hypothèse d’école.
Frédéric Lefèbvre : trois outrances et trois mensonges.
Il a quitté les Républicains parce qu’il les trouve trop « Identitaire, eurosceptique, ultraconservateur ». Les Républicains ne sont pas identitaires, mais anti-communautaristes au nom du principe sacré de la nation « une et indivisible ». Principe auquel la droite se réfère depuis des lustres, garanti notamment par la laïcité. Les Républicains ne sont pas eurosceptiques. Le contenu du programme qu’ils ont défendu aux dernières élections européennes en est la preuve, encore faut-il l’avoir lu. Mais c’est vrai, l’Europe dont nous avions rêvé au temps de Giscard est morte avec l’échec du referendum constitutionnel en 2005. Il est aujourd’hui nécessaire de repenser l’Europe. Enfin, les Républicains ne sont pas ultraconservateurs, ils réfutent le « progressisme » inspiré par les théories fumeuses venues d’outre-atlantique, qui promeut la « société liquide », la création de valeur sans la dimension humaine et le « no-limit » du progrès, et qui constituent le socle de la politique de Macron. La « droite européenne, libérale et sociale », c’est nous ! Nous voulons défendre la conception européenne du progrès fondée sur notre identité culturelle grecque, romaine et judéo-chrétienne. Si nous rejetons le libertarisme, nous sommes avant tout des libéraux tant pour la vie en société que pour la conception de l’économie. Libre à Frédéric Lefebvre d’adopter le néolibéralisme macronien. Il se prétend toujours de droite mais il part cautionner une politique pire que celle de François Hollande, un dirigisme étatique exacerbé, et un laxisme budgétaire qui fait de la France la championne du monde des dépenses publiques. Contrairement à lui, nous pensons que « En Marche ! » n’a pas réussi à dépasser le clivage gauche-droite, qui est structurel de la pensée et de la conception de la société. Il a le droit de tourner le dos à tout ce qu’il a défendu naguère. Nous lui reconnaissons le droit de se fourvoyer, pas celui d’abuser nos concitoyens avec des mensonges.
Commentaires