« L’EFFET BELLAMY »
01 mai 2019
Envoyé par la « Providence ».
Brigitte Macron aurait dit lorsque « Notre-Dame » a brûlé : « C’est un message qu’elle nous envoie, je le sais ! ». Le fait que le feu ait démarré au moment où le Président s’apprêtait à faire une déclaration solennelle peut effectivement être interprété comme un signe du destin. L’un de mes amis y voyait même comme une malédiction. En revanche, la catastrophe vient à point nommé pour ponctuer et rendre encore plus pertinent le thème favori de la tête de liste des Républicains, François-Xavier Bellamy, celui de « demeure » et de « l’héritage à transmettre ». Car au même moment, ce 15 avril, en réunion électorale au Bois d’Arcy, alors que Notre-Dame de Paris est en feu, le candidat-philosophe partage son émotion. Sans note, en hommage à la cathédrale, il cite Charles Péguy : « Étoile de la mer, voici la lourde nef, où nous ramons tout nus sous vos commandements. Voici notre détresse et nos désarmements…». Il est rare d’entendre de la poésie en plein meeting, pour un moment de recueillement, mais la salle, absorbée, en redemande. C’est ça la magie « Bellamy » ! « Notre-Dame » lui a envoyé plus qu’un message. Elle a peut-être voulu nous signifier qu’il était envoyé par la « Providence ». Une manière de venger la « justice de connivence » qui a accablé François Fillon.
De la douceur dans un monde de brute.
Mais qu’est-ce qui fait donc que lorsqu’il prend la parole, le silence se fait soudain, presque religieux ? Qu’il soit sur un plateau de télé, au milieu de la fourmilière des candidats, ou à la tribune d’une réunion électorale où désormais le public se presse, le phénomène opère. François-Xavier Bellamy élève rarement le ton, n’agresse jamais, c’est tout juste si une rougeur lui monte aux joues quand on lui pose une question incongrue ou provocatrice. Il parle calmement, développe le fil de sa pensée. Les paroles coulent comme un ruisseau qui irrigue une prairie luxuriante : c’est que d’emblée, il parle au cœur et à l’intelligence. Le journaliste voit son interview contournée, le public boit les paroles comme une eau de jouvence. Quand on demande aux candidats d’apporter un objet qui symbolise le plus l’Europe pour lui, l’un apporte une passoire rouge, l’autre une paire de menottes, drôle de manière d’élever le débat, lui brandit « l’Iliade » d’Homère ! Voilà qui bouscule les stéréotypes. Et bien sûr, c’est lui qui se distingue !
Un discours attendu.
La tête de liste LR renouvelle complètement l’approche de la campagne électorale. Subitement, nous découvrons qu’en partant de la « civilisation commune » qui nous a faits et que nous devons transmettre, nous avons le point de départ de tous les sujets qu’il faut traiter : l’Europe-civilisation, en premier, bien sûr, l’Europe et ses frontières, qui en découle et qui fait que l’Empire ottoman n’a rien à y faire, l’Europe-puissance parce que c’est un art de vivre et des valeurs que nous avons à défendre et à faire connaître en premier, quand d’autres proposent un empilement de machins technocratiques pour faire fonctionner un marché, l’Europe-projet parce qu’elle est le bon niveau pour relever les défis du 21ème siècle comme les maladies neurodégénératives, l’intelligence artificielle ou la cyber sécurité. La cohérence est flagrante. On comprend alors pourquoi il faut l’Europe.
Une modestie bienvenue.
Tête de pont, le candidat ne manque jamais de montrer sa solidarité avec tous ceux qui l’accompagnent. On prend pour argent comptant sa solidarité avec toutes les sensibilités qui l’accompagnent et qui peuvent toutes se retrouver dans son propos. Avec lui, l’union de la droite et du centre n’est pas feinte, elle s’affirme dans la plénitude de complémentarités indissociables. Il est bien conscient qu’il a un vrai talent pour enchainer les idées sans jamais se perdre en chemin, et même qu’il le fait avec une certaine jubilation, mais c’est toujours « pour tout donner », au service de la liste qu’il a accepté de diriger. Cette franchise, cette sincérité sont évidentes et font que la « mayonnaise prend » comme on dit.
Une rhétorique implacable.
Nathalie Loiseau parle, mais dès qu’elle ouvre la bouche, elle nous rase. La voix ne porte pas, les formules sont convenues et sortent tout droit du bazar-aux-formule-toutes-faites pour petit bateleur d’estrades. Macron, ce sont des longueurs à n’en plus finir, émaillées de formules creuses au style ampoulé où l’on n’a rien appris quand il a fini, et encore, quand on ne cherche pas « ce qu’il a dit après qu’il a parlé ». Dites-moi donc ce qu’est une « identité inclusive ». Mais ce dernier a bien compris le danger de la rhétorique de Bellamy, au point d’en reprendre à son compte quelques formules. Ainsi il reprend la thématique de la « maison » que naguère il décriait… C’est pas beau de copier, mais il est coutumier du fait, étant prêt à faire feu de tout bois.
Ce qui fait le succès de Bellamy, c’est la clarté de ses exposés, alimentés par une pensée cohérente nourrie par une culture profonde et très large. Cet homme-là n’est jamais pris au dépourvu, dispose d’une citation ou d’un exemple puisés aux meilleures sources pour faire face à toutes les situations, mêmes celles qu’on lui voudrait embarrassantes. Mais le plus important, c’est qu’il redonne du sens à la politique, lui rend ses lettres de noblesse. Ne cherchons pas plus loin ce qui fait son succès auprès des électeurs de la droite et du centre, qu’il réveille. Son conservatisme modéré, pétri d’Histoire et de philosophie, son attitude faite de modestie et d’empathie pour l’autre, reflets de sa foi chrétienne, donnent à ses discours une tonalité altruiste, pleine et juste. On ne s’étonnera pas s’ils en redemandent !
Les sondages donnaient 8% aux Républicains avant qu’il soit désigné. Aujourd’hui on est à 16%. Et il reste 24 jours ! La dynamique est là, les réserves de voix aussi, tous les espoirs sont permis !
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