RENAISSANCE ? BAROQUE CONVIENDRAIT MIEUX !
28 mars 2019
Quand on constate quelle difficulté a rencontré LREM pour se trouver une tête de liste, on comprend mieux pourquoi Macron a voulu revenir aux listes nationales. Quand on a du mal à trouver une tête de liste, alors en trouver huit régionales … Bref ! Le pompeux titre « Renaissance » m’a fait franchement rire. A découvrir la composition des trente premiers noms, on penserait plutôt à un assemblage « baroque ». D’ailleurs, les adjectifs qui ont fleuri depuis quarante-huit heures pour la qualifier sont édifiants : « hétéroclite », « bric et broc », « pot-pourri »… Une liste « caméléon » qui n’a pas de colonne vertébrale. Il s’agit, paraît-il de ratisser large, mais pour bien ratisser, il faudrait que les dents du râteau soient suffisamment rapprochées. En fait, c’est une liste typiquement macronienne : du « en même temps » vide de sens par les contradictions qu’elle porte en elle.
Technocrates, Débauchés, Recasés et Va-t-à-la-soupe…
D’abord, la tête de liste donne le ton : une pure technocrate qui n’a jamais été élue nulle part, comme son maître. La connaissance des dossiers n’est pas suffisante, il faut aussi l’épaisseur humaine que confère la confrontation avec le suffrage des concitoyens. L’annonce de sa candidature à l’Emission Politique » a donné dans le grotesque. La suite est un ramassis de débauchés à droite, au centre, chez les verts ou à gauche. Ainsi se côtoient Gilles Boyer, le triste sire du Prince Juppé, Fabienne Keller qui se roulait par terre depuis plusieurs mois pour avoir une place, Pascal Canfin, le vert vif, débauché pour apporter une touche « écologique », le rose avec Pascal Durand. On y trouve les recasés de la macronie : Stéphane Séjourné, ancien conseiller du Président, en est le modèle. C’est aussi une liste très politicienne qui nous propose un savant jeu d’équilibriste par la place qu’il a fallu faire aux Modem qui seront sept en position éligible. Pas à dire, Bayrou sait pratiquer les rapports de force pour obtenir toujours plus que ce qu’il représente vraiment. Il parait qu’ils pensent tous la « même chose » sur l’Europe : un gros mensonge qui prendra corps quand il faudra aborder les sujets sensibles comme la politique agricole commune ou l’immigration…
Quel projet ?
Celui du Président, forcément. Mais surtout cette volonté d’unir les « progressistes » de tout poil veut installer son duel avec les « nationalistes » de Marine Le Pen. Mais il pourrait bien se retourner contre lui au vu des divergences parfois irréconciliables qui opposent les différents candidats de sa liste. Leur campagne n’a qu’un seul objectif : battre Marine Le Pen et l’Europe passe au second plan. Et on comprend pourquoi. La lettre qu’il a publiée dans tous les pays de l’Union consacre une vision technocratique de la construction européenne que les Français ont rejeté majoritairement dans les scrutins précédents, soit en votant « extrême droite » soit en n’allant pas voter. Je ne pense pas qu’ils aient changé d’avis depuis.
A quoi vont-ils servir ?
Voter pour cette liste, c’est perdre son temps. Que pourront faire, en effet, vingt-cinq élus de bric et de broc, aux convictions divergentes dans un Parlement de 750 membres ? Siègeront-ils tous au sein du même groupe politique au Parlement européen ? Rien n’est certain. On a l’habitude avec les centristes : on fait liste commune et à l’arrivée, dès qu’ils peuvent, ils font leur propre groupe. Dans le Parlement sortant, les anciens amis de Pascal Canfin siègent chez les écologistes, tandis que ceux de Gilles Boyer coexistent avec Viktor Orban au sein du PPE. Quant aux proches de François Bayrou, ils restent pour l’heure avec les Libéraux. Stanislas Guérini a bien promis ce mercredi que tous les élus LREM siégeraient au sein d’un même collectif... sans préciser lequel. Au mieux, ce sera au sein d’un groupe d’une soixantaine de députés : donc peu d’influence et peu de chances de décrocher une présidence de commission. Rien à voir avec le PPE qui regroupe près de 250 députés et qui restera de toute façon un groupe puissant. C’est là qu’il faut avoir des députés pour peser.
Les Français peuvent espérer mieux pour les représenter et les défendre au parlement européen !
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