HISTOIRE
PLACE DES REPUBLICAINS : FORUM ET DEBAT
CES POLITIQUES INCAPABLES DE SE REMETTRE EN CAUSE !

LE MALAISE JAUNE

Gilets-jaunes

A  partir d’aujourd’hui, les caisses sont vides.

Pour apaiser la colère des « gilets jaunes » dont il craint l’ampleur de la mobilisation, le gouvernement a décidé de mettre 500 millions d’euros sur la table : un demi-milliard d’euros de primes pour aider les plus modestes à se chauffer, à changer de voiture ou à payer leur plein à la pompe, alors que l’explosion des taxes vertes n’en est qu’à ses débuts. Pour tous les autres, ce sera près de 4 milliards d’impôts soi-disant verts en plus l’année prochaine. Subventionner des ménages qui n’ont plus les moyens de payer leurs taxes est déjà cocasse. Mais, ironie de l’histoire, ce chèque est annoncé par le  Premier Ministre la veille du jour à partir duquel il n’y a plus un sou dans les caisses. En effet, l’Etat a consommé toutes ses ressources fiscales à compter de ce jeudi 15 novembre, et va vivre désormais à crédit. Ce qui, apparemment, ne l’empêche pas de flamber ! Un cas spécifique en Europe. Voilà  pourtant une nouvelle qui ne peut que conforter les contestataires qui voient dans les taxes un moyen de remplir avant tout les caisses.

Ce que nous dit le mouvement des « gilets jaunes ».

Ce mouvement n’est pas à prendre à la légère. Le premier constat qui saute aux yeux, c’est la mise hors-jeu des partis politiques et des syndicats, qui auraient dû, les uns et les autres constituer le réceptacle naturel du mécontentement. Il n’en est rien.  Macron est aujourd’hui honni, mais personne n’émerge face à lui. Le second constat, c’est qu’il s’agit bien d’une révolte de la France périphérique et des classes moyennes qui ne sont pas concernées par les « cadeaux » de Macron, taxe d’habitation  et autres dispositifs pour aider les plus modestes –toujours les mêmes-. Personne ne croit à l’augmentation du pouvoir d’achat vantée par Darmanin.  Le prix des carburants est un déclencheur, mais il est révélateur d’un mal plus profond : oui, ces Français-là n’en peuvent plus du racket fiscal, de  l’augmentation sans cesse des prélèvements,  des 1 000 milliards d’euros qu’on leur prend, et parmi ceux qui grondent aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont compris que le prélèvement à la source supprimera leur consentement à l’impôt qui est le ciment de l’adhésion à la République.  Ils voient bien qu’ils sont victimes d’une « arnaque » : les taxes sur les carburants doivent compenser le cadeau fiscal de la taxe d’habitation. Ils ont compris aussi que les politiques qui nous gouvernent sont les « nouveaux esclaves » d’un pouvoir qui ne dit pas son nom, le « dieu » technocratique qui siège à Bercy, celui qui invente chaque jour de nouvelles taxes et des usines à gaz pour rendre trois sous (500 millions) quand on en a prélevé cent (4 milliards).

La  descente aux enfers sondagiers de Macron n’est pas une surprise.

Ce mouvement se déclenche sur fond de carence présidentielle. Macron n’en finit plus de descendre de son Olympe. Il bat des records d’impopularité rarement vus. En réalité, il a été élu sur un malentendu, rappelons-le : plus de la moitié des suffrages qu’il a obtenus au second tour n’étaient pas une adhésion à son programme, s’il  en avait un, mais le rejet de  l’extrême-droite. La suite a été aggravée par l’abstention massive de l’électorat de la droite aux législatives, déboussolé par les trahisons de  Philippe,  Le Maire, Darmanin et Cie, ce qui a conduit à un groupe LREM omnipotent à l’Assemblée. Il en est ressorti un sentiment de toute puissance,  avec l’arrogance et le mépris pour tout ce qui n’était pas du « nouveau monde ». Malgré tout, une partie de l’électorat a laissé sa chance à l’exécutif en lui accordant une volonté réformatrice.  Un an et demi après, le constat est sévère : l’électorat de gauche sur lequel Macron s’est appuyé au 1er tour a été le premier à décrocher avec la suppression de l’ISF et les réformettes pourtant bien timides, qualifiées « d’ultralibérales » (code du travail, SNCF…). L’affaire Benalla a été l’évènement déclencheur de la prise de conscience de l’électorat de droite modérée : en fait Macron n’a fait que prolonger la  politique de Hollande. Aujourd’hui Macron n’est plus soutenu que par une poignée de geeks et de bobos des villes. Mais la déconvenue est forte, d’autant plus que le Président a accumulé lui-même les erreurs de communication.

Une classe politique méprisée.

Macron a été aussi élu sur la promesse d’un « nouveau monde ». Quinze mois après, on s’aperçoit que celui-ci est peut-être pire que celui qu’il se vantait de remplacer. L’affaire Benalla en dit long sur les pratiques du nouveau pouvoir. Le plus grave tient dans la manière dont les députés de LREM ont été choisis. Pour la plupart sans aucune expérience politique, ils font preuve d’une incompétence notoire dans l’exercice de leur mandat, qu’ils camouflent derrière les éléments de langage fournis quotidiennement par le service communication de l’Elysée et une arrogance insupportable excluant tout dialogue démocratique. La plupart viennent de la gauche, mais une frange non négligeable a été recrutée chez les gens du centre, qui comme chacun sait, sont souvent plus à droite que la droite… Ce manque d’homogénéité aggravé par un projet flou produit des tiraillements et des effets contraires que le « en même temps » n’arrive  pas à concilier. Ainsi, la  « loi Pacte » propose de supprimer  le seuil des 20 salariés, ce qui est une bonne chose, mais bute sur celui des 50 qui aurait été beaucoup plus facilitateur pour l’emploi et la croissance des entreprises dont par ailleurs on assortit le projet « économique » d’un objet « social et environnemental », deux nouvelles contraintes très dissuasives. Résultat, c’est  illisible et les Français ne s’y retrouvent pas. Pour autant, l’ancien monde ne va guère mieux. Hollande avait pulvérisé le PS qui s’est complètement crashé. Mais les trahisons  à droite continuent de peser lourd. Notre électorat, écoeuré par la présidentielle, par les passages dans l’autre camp, les discordes, les « prises de distance »,  les comportements ambigus des « juppéistes » et des « constructifs », ne va pas facilement soutenir les nouveaux dirigeants qui tentent de le mobiliser. Le noyau dur subsiste, mais il n’arrive pas encore à s’élargir. Chat échaudé craint l’eau froide.  Le discrédit des « politiques » est massif, et il faudra du temps pour retrouver de la crédibilité : comment croire des gens quand leurs  amis proches font aujourd’hui au gouvernement le contraire de ce qu’ils préconisaient hier ! Il faudrait un « électrochoc », un « Grenelle de la droite » pour mettre à plat les ambitions, les rancoeurs, les faux-semblants et faire émerger un projet. Pour l’instant le spectacle que la droite et le centre offrent ne peut susciter que le mépris ou l’indifférence.

Le  meilleur moyen de tuer la démocratie, c’est de tuer les partis.

Il faut prendre au sérieux le mouvement des « gilets jaunes ». Peut-être sera-t-il sans lendemain,  mais ça m’étonnerait. Il y a un vide que les réseaux sociaux permettent aujourd’hui de combler. Si vous interrogez les Français, bien peu sont ceux qui montrent de l’intérêt pour les partis politiques. C’est le manque de considération qui domine. Il y a pourtant grand danger à laisser proliférer des mouvements compulsifs non encadrés : une récupération  sera inévitable à un moment ou un autre. Forcément, ils chercheront à se structurer, ce qui est probablement déjà en cours. Et les « extrêmes » qui voient le parti à en tirer sont à l’affût. Les  mobilisations « citoyennes » puent l’anarchie à plein nez, aussi bon enfant soient-elles. Elles sont un grave danger pour la démocratie représentative. Pour le coup, avec facebook et autres relais,  c’est bien l’intrusion du « nouveau monde » dans la politique. Celui que Macron avait préfiguré avec ses adhérents sans cotisation inscrits par internet, qui ont bien du mal à faire « parti ». Le paradoxe, c’est qu’aujourd’hui,  ce « nouveau monde » lui échappe totalement et se dresse devant lui. Maigre consolation, car les autres partis sont aussi à la ramasse et courent derrière les « gilets jaunes »  avec beaucoup de difficultés pour se  positionner. Les  partis structurés, comme « Les Républicains », qui ont encore quelques forces,  devraient rapidement imaginer une évolution pour s’adapter  à ces nouvelles formes de  pratiques  politiques. Au risque de disparaître à courte échéance ! Et la démocratie représentative avec… Merci Macron !

 

 

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