PMA SANS PERE : POUR JEAN LEONETTI, C’EST NON ! IL DIT POURQUOI
28 octobre 2018
Mardi dernier, Jean LEONETTI, spécialiste en bioéthique à l’origine des lois sur la fin de vie, était l’invité des parlementaires « Les Républicains » de Maine-et-Loire pour un débat dans le cadre de la révision prochaine des lois de bioéthique, sur le thème : « Début et fin de vie : tout ce qui est techniquement possible est-il souhaitable ? »
Devant plus de 250 personnes, Catherine Deroche, Sénatrice de Maine-et-Loire a d’abord rappelé que l’année 2018 s’inscrit donc dans le calendrier des lois de 1994, 2004 et 2011, et a vu se tenir les États généraux de la bioéthique pilotés par le CCNE auxquels participent des experts et des citoyens. Cette révision est donc à l’ordre du jour du Sénat. Elle insiste sur le vaste champ couvert par le domaine de la bioéthique impacté par les progrès scientifiques et techniques, et que sur de nombreux aspects, le débat est nécessaire en appelant à ce qu’il soit apaisé et objectif.
Du questionnement démocratique au rôle de la médecine.
Jean Léonetti a ensuite développé son propos, partant du questionnement démocratique propre à notre pays, passant en revue tous les sujets concernés avec la précision du cardiologue toujours en exercice. De la naissance à la mort, il argumente, s’appuyant sur sa propre expérience, émaillant son propos de nombreuses références à l’histoire de la médecine depuis l’antiquité, rappelant les grands principes qui guident la science et particulièrement le rôle du médecin. Un balancement entre le possible et les limites imposées par la dignité humaine. Tous les points sensibles sont évoqués : l’embryon, la PMA, la GPA, la fin de vie et les améliorations qu’il a fallu apporter en 2016 à la loi de 2005. De ce fait il pense que légaliser l’euthanasie n’est pas nécessaire si on applique la loi en vigueur. Pour les expériences sur l’embryon humain, il rappelle les limites imposées par la loi. Quant à la PMA, il oppose l’éthique de l’autonomie à celle de la vulnérabilité et il se déclare finalement hostile après avoir examiné tous les avantages et inconvénients, d’ailleurs relevés dans l’avis du Conseil Consultatif National, et se réfère au principe de précaution au nom de l’éthique de la dignité. La GPA est évacuée à cause de la marchandisation inévitable du corps humain qu’elle entraîne, une atteinte grave à la dignité humaine. Et il met en garde : si la PMA est autorisée, au nom du même principe d’égalité, on arrivera à légaliser la GPA. Il démonte au passage la rhétorique du « droit à l’enfant ». En conclusion, il souhaite que la médecine de demain soit salvatrice et conquérante, « Mais rappelons-nous le mythe de Prométhée dont les vautours dévorent le foie pour avoir donné le feu aux hommes. Le châtiment menace le progrès. » Et il donne le dernier mot à Camus : « Un homme, ça s’empêche ! ».
Le débat permet de revenir sur les sujets les plus importants qui permettent à Jean Léonetti d’apporter des précisions, toujours avec la même humilité et humanité.
La conclusion revient à Stéphane Piednoir, Sénateur de Maine-et-Loire et nouveau Président de la fédération « Les Républicains », qui se félicite du succès de la soirée et de la grande qualité du propos de Jean Léonetti et du débat qui a suivi. Il rappelle que l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPCST) du Sénat rendra son rapport le 25 octobre 2018 sur l’évaluation de la loi de bioéthique de 2011.
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