LES SALOMONS ET LA ZAD…
15 décembre 2017
Le gouvernement a reçu le rapport des trois médiateurs chargés de proposer des pistes, c’est le cas de le dire, pour résoudre l’incroyable imbroglio qui, depuis plus de 50 ans, empêche l’État de prendre une décision au sujet de la construction d’un nouvel aéroport près de Nantes. Rappelons toutefois, que si les premières démarches sont très anciennes, c’est parce que le département de Loire-Atlantique avait pris très tôt la décision de constituer une réserve foncière en vue d’une réalisation jugée inévitable à terme. En réalité, la décision de construire l’aéroport, qui appartient à l’Etat, remonte au gouvernement Jospin, au début des années 2000, ce qui n’est pas si loin que ça. Rappelons aussi que nous sommes au terme d’une longue série de procédures toutes gagnées et même validée magistralement par un referendum, que « courageusement » Hollande, ce faux-cul, n’a pas appliqué. Rappelons enfin que toutes les collectivités concernées, toutes couleurs confondues, y compris les écolos un temps, ont approuvé et approuvent encore le projet de délocalisation. Quant à l’avis de De Villiers, dont on se demande ce qu’il vient faire ici, on peut penser qu’il est plus motivé par la rancœur à l’égard de Bruno Retailleau que par l’impact sur le Puy du Fou.
Un rapport qui enfonce les portes ouvertes.
Le dernier rapport, qui est le énième, continue de cultiver l’ambiguïté : au lieu de répondre oui ou non à la construction, il dit que celle-ci est envisageable et que, si la décision est impossible à prendre pour diverses raisons psychologiques et politiques, le gouvernement peut accepter de développer l’aéroport actuel de Nantes. Cette dernière option ne tient curieusement pas compte du fait que l’actuel aéroport est classé comme dangereux par l’aviation civile et ne peut fonctionner que grâce à une dérogation en attente de sa délocalisation ! Ce n’est pas étonnant étant donné la composition de cette commission d’enquête, nommée par Hulot. Les auteurs du document insistent aussi sur le fait qu’il appartient à la force publique d’évacuer complètement et définitivement la fameuse ZAD, la « zone à défendre », expression utilisée par la poignée de gauchistes activistes qui occupent l’emplacement du futur aéroport, au mépris de toutes les lois, et jurent qu’il faudra passer sur leurs corps avant de les transférer ailleurs.
C’est la démocratie qu’on bafoue.
Face à cette poignée de fanatiques , le référendum qui a été organisé par François Hollande, en échange de l’entrée de quelques écolos au gouvernement, a permis aux électeurs de Loire-Atlantique, mobilisés à plus de 50%, de se prononcer à 55 %, en faveur de la construction d’un nouvel aéroport. François Hollande n’a pas donné suite au résultat du scrutin, qu’il avait lui-même prescrit, déçu que le « oui » l’ait emporté, au prétexte que les contestataires protestaient que l’on ne s’était pas adressé aux citoyens d’une aire plus large et même de tout le pays, ce qui est un comble. Sachons tout de même que le choix de l’aire départementale correspondait à des arguments juridiques, à savoir qu’il s’agissait de garder le même périmètre que celui de l’enquête publique. Et on ne voit pas ce que l’habitant de Perpignan ou de Colmar aurait eu à voir avec ce projet. Ce qui est certain, c’est que l’inertie de l’exécutif a laissé tout le temps aux zadistes de renforcer leur présence sur les lieux, d’y construire sans permis diverses constructions, d’en faire un camp retranché et de défier l’État, brûlant une voiture de gendarmerie, agressant des chercheurs, commettant des exactions sur les riverains, avec un mépris absolu pour la consultation. De l’autre côté, des élus en grand nombre, dont Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre et ancien maire de Nantes, qui exige l’aboutissement du projet pour lequel le constructeur Vinci est prêt. Le chantier pourrait démarrer dès février. Ce sont deux mondes qui s’opposent : le premier, composé d’anarchistes qui défendent l’environnement jusqu’à la violence, n’éprouve aucun respect pour les institutions et le fonctionnement de la démocratie. Le second croit encore au pouvoir de la majorité et exige que l’Etat remplisse son devoir: un gouvernement doit recourir à la force contre des énergumènes armés. Sinon, dans quel pays vit-on ? Le nouvel aéroport de Nantes sera un bon test si l’on veut renforcer l’autorité de l’Etat, car on ne me fera pas croire que celui-ci n’a pas les moyens de faire évacuer la zone. Quand la démocratie est bafouée, c’est à l’exécutif de la défendre !
Une question d’autorité.
Le gouvernement est dans la nasse. D’abord, Emmanuel Macron veut garder Nicolas Hulot comme ministre de l’Environnement alors que celui-ci a déjà annoncé que, si l’on donnait suite au projet, il démissionnerait. La Terre continuera de tourner sans cet hurluberlu au gouvernement. Ensuite, le président, s’il veut montrer qu’il ne plaisante pas avec les institutions, doit confirmer que l’état de droit est toujours en vigueur en France, ce qui signifie que, quoi qu’il décide, il devra évacuer la zone promptement, acte éminemment dangereux. Il peut imaginer de l’évacuer en donnant satisfaction, au moins partiellement, aux écologistes. Il s’agirait alors de faire au moins une concession qui permettrait aux écologistes politiques de cesser de soutenir ceux qui occupent la ZAD. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est une impasse : le développement et le réaménagement de l’aéroport actuel coûterait bien plus cher que la construction d’une infrastructure toute neuve, ne serait-ce que parce qu’il faut indemniser Vinci (plus de 300 millions d’euros). Personne ne sous-estime la détermination des zadistes qui saisiront n’importe quel prétexte pour rester. Mais le choix de l’amélioration de l’ancienne infrastructure sera perçue comme un recul de l’État, et ne prend pas en compte toute une procédure à refaire et tous les recours qu’elle produira, car il existe pour le coup, de graves nuisances qui ne feraient que s’amplifier avec le développement du trafic aérien. Ce serait une fuite en avant d’un statu quo inadmissible, qui fait fi des impératifs d’équipement voulu par toute une région, voire de deux, avec l’étouffement aérien rapide du grand ouest et l’épée de Damoclès d’un avion qui tomberait sur la tour Bretagne ! Si Macron a du bon sens, il n’a guère le choix.
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a déclaré que le gouvernement prendrait sa décision en janvier. On lui souhaite le courage du bon sens. Il hérite d’une situation qui n’a cessé de s’aggraver, d’une crise qui ridiculise la France et les hésitations de ses gouvernants, d’un mélodrame où l’irrédentisme des écologistes n’a cessé de croître, pour un enjeu finalement mineur, mais qui restera dans la mémoire comme l’un des plus graves dysfonctionnements de notre démocratie. Il se grandirait en choisissant l’avenir contre les partisans de la lampe à huile !
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