DE QUOI MACRON EST-IL LE SYMPTOME ?
10 octobre 2017
Une France déboussolée.
Le résultat de l’élection présidentielle est celui d’électeurs déboussolés, ballotés entre la tragédie de la fin du quinquennat Hollande et les affaires qui ont assailli le candidat de la droite, avec une montée du scepticisme, de la révolte et de l’exaspération débouchant sur le dégagisme. Autrement dit, un concours de circonstances. Voilà pourquoi une sorte de flottement idéologique semble caractériser le nouveau pouvoir. N’ayant pas de boussole, il se raccroche au fameux concept « de droite et de gauche », mais dans la confusion que la chronologie des réformes impose. Aujourd’hui les dossiers traités, ISF, Code du travail, flat tax, politique éducative… font pencher la balance à droite. Il est en effet difficile de gérer un calendrier qui permette de mener « en même temps » des réformes « de droite et de gauche ». Le pouvoir tente de reprendre la main par le social, mais le mal est fait. Car la réalité électorale résiste aux théories politiques. Macron a été élu par des électeurs majoritairement de gauche, alors que sa politique séduit pour l’instant des citoyens majoritairement de droite. Son noyau initial a son centre de gravité à gauche et est en train de se déliter très rapidement. Car ce sont ces électeurs-là qui décrochent le plus nettement dans les baromètres de popularité. Deux avertissements lui ont été prodigués : l’un par Bayrou qui demande un rééquilibrage par du social et l’autre par Strauss-Khan qui malicieusement a profité d’un hommage à Nicole Bricq pour rappeler que les « valeurs de gauche » et les « valeurs de droite » ne sont pas les mêmes. Au passage on admire la grande naïveté d’une Aurore Bergé qui en parle comme d’un « monde ancien » sans se rendre compte qu’au sein même de sa majorité ces valeurs se contrebattent : il suffit de réformer l’ISF avec comme objectif de favoriser l’investissement donc le profit pour voir ressurgir la chasse aux riches à travers yachts, lingots d’or, pépites et compagnie. La toise de l’égalitarisme n’est jamais bien loin.
Une stratégie risquée.
Le Président se sert habilement de ses prises à droite avec le Premier Ministre, Le Maire et Darmanin, et des « constructifs » pour tenter de continuer à déstabiliser « Les Républicains », et le niveau de bonnes opinions à droite en sa faveur semblent lui donner raison. Ce n’est donc pas par hasard si les chantiers entamés cherchent à faire plaisir à droite. Mais rien ne dit que cette stratégie aboutira à un affaiblissement durable de la droite républicaine. En dépit des dissensions, l’élection à la présidence du parti va démontrer qu’une force d’opposition organisée persiste à droite. Elle peut s’appuyer sur le noyau dur de son électorat assez conséquent et sur les électeurs intermittents qui pourraient revenir de leur vote Front national. En revanche, la nouveauté de l’électorat macroniste du printemps 2017 fait qu’il est encore fragile. Certains ont pu être séduits, d’autres ont cherché une alternative après le quinquennat Hollande. Il serait présomptueux d’affirmer qu’il est fixé et stable. Les déçus de Macron à gauche peuvent très bien retourner à leur ancrage d’origine. Enfin, Si on veut bien se rappeler que les 7 millions de voix qui ont permis à Mélenchon d’approcher les 20% ont été obtenues en grande partie par le vote des jeunes, il y a là un pôle d’aspiration possible pour un électorat en perte de repères. Sans parler d’une recomposition du PS toujours possible.
Derrière le renforcement de l’étatisation, le socialisme rampant.
Ce sont deux constantes des transformations engagées par le nouvel exécutif : la recentralisation et l’étatisation. On le voit bien, malgré les emprunts de bric et de broc qui émaillent les réformes, à travers les choix qui sont opérés : la baisse des charges salariales, qu’on disjoint des charges patronales, est obtenue par un transfert qui se traduit par une augmentation de la CSG, ce qui les fait passer du régime des cotisations à un impôt général, le même type de démarche est prévu pour la réforme de l’assurance chômage que le gouvernement se promet d’étatiser, mieux, le projet de réforme des retraites suit des pistes de même nature, avec une perte d’autonomie et une mise à l’écart des partenaires sociaux. La taxe d’habitation suit le même chemin avec en ligne de mire une dotation de l’Etat qui remplacera l’impôt levé localement, avec là encore, une perte d’autonomie pour les collectivités territoriales. Comme si l’Etat n’était pas suffisamment obèse ! Alors, dans ce contexte, on ne sera pas surpris par les ambigüités du budget 2018 qui se traduit au final par une augmentation des dépenses publiques. La politique de Macron n’est pas une politique libérale de droite. Elle ne cherche pas à libérer la création de richesse, elle veut simplement réorienter celle qui existe en la détournant de la rente vers l’investissement productif. C’est une politique de gauche néo-keynésienne sociale-démocrate de type scandinave. Avec l’invention d’une taxe par jour, comme il se doit. C’est mieux que notre vieille gauche marxiste, mais ça ne conduit pas le peuple à la prospérité, avec un Etat endetté dont la fonction « providence » ne peut se faire qu’à crédit, en empruntant. Voilà pourquoi, Monsieur Darmanin, en soutenant une telle politique, ce qui est votre droit, vous n’avez plus votre place chez Les Républicains.
La France a besoin d’une révolution libérale.
Tout l’art de brouiller les cartes de Macron via Le Maire et compagnie, c’est de faire croire qu’ils la font. En réalisant à peine 20% de ce que la droite aurait fait, ils crient « venez nous rejoindre, nous faisons ce que vous vouliez faire ! » Ce qui est un vrai mensonge. Ils n’ont pas lu le projet de Fillon, ni même de Juppé. Ce sera le thème de mon prochain article.
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