UN CHEMIN DANS LE BROUILLARD
22 mai 2017
Le rideau de fumée.
Les ralliements de Philippe et de Darmanin à Macron, suivis de quelques nominations de techniciens plutôt de droite à des postes en vue ne doivent pas faire illusion. C’est un rideau de fumée tendu par le nouvel exécutif pour cacher aux électeurs de la droite et du centre la réalité d’En Marche, à savoir que le nouveau parti, ce sont les habits neufs du parti socialiste, comme en témoigne le mutisme de tous ceux qui en viennent et qui y sont « recyclés » et le ralliement enthousiaste de la plus idéologue des ministres sortants, Marisole Touraine qui n’ayant pas obtenu le label jupitérien se proclame quand même de sa majorité. Sur les quelques 500 investitures délivrées par la REM, près de 60% sont identifiés clairement comme venant de gauche et un grand nombre issues de la société civile, plus difficilement identifiables, en viennent aussi. Quelques 20% sont classés de droite ou du centre : le compte n’y est pas pour ceux qui pouvaient croire au mythe d’une parité ni gauche-ni droite. Il y a là quelque chose de malsain. On ne berne pas tout le monde impunément : à un moment où un autre la supercherie éclatera au grand jour. En attendant, les sondages en témoignent, la machine à embrouiller fonctionne plutôt bien en faveur du nouveau Président. Les Français vont-ils lui donner la majorité absolue le 18 juin ? La menace du 1er Ministre, si ça n’était pas le cas, de retomber dans les arrangements de la 4ème République est un argument qu’on peut lui retourner. En effet, que vient-il de faire, sinon tourner le dos aux candidats qu’il a contribué à investir et avec qui, « avant-hier » encore il se faisait prendre en photo, pour soutenir maintenant leurs adversaires d’En Marche qui sont pour beaucoup ceux qu’il a combattus. Il faut une sacrée dose de cynisme pour agir comme ça ! Notre devoir est de redoubler d’efforts pour ouvrir les yeux de nos électeurs et dénoncer cette mystification. Peut-on faire confiance à un Premier Ministre tenu en laisse ! On sait bien que la réalité du pouvoir sera concentrée à … l’Elysée !
Et pourtant c’est clair.
Dans ma circonscription, j’ai le choix entre une candidate LR, jeune, incarnation du renouvellement du parti, moderne, à l’esprit ouvert, proche de Xavier Bertrand, et deux candidats de gauche : le socialiste sortant qui se proclame « majorité présidentielle » et a fait disparaître logo et appartenance PS, et le gaucho vert recyclé par la « République en Marche ». Le doute n’est pas possible à moins d’être naïf ou aveugle ! Nos électeurs feraient bien d’y regarder à deux fois avant de tomber dans le piège « philippien ». Il ne s’agit pas de chicaneries partisanes, il s’agit de l’avenir de la France. Mais le match est inégal, tant les médias font campagne pour Macron. La droite est systématiquement présentée comme le vilain petit canard qui ne veut pas entendre raison. Il n’est pas perdu d’avance pour autant. S’il est difficile de s’embarquer dans une opposition systématique face à la tactique du « pragmatisme diviseur », pour la droite, la ligne de crête sera étroite jusqu’au 18 juin. Néanmoins, avec un programme qui fait la synthèse des propositions de ses candidats, son électorat peut se ressouder. Car les différences avec le programme présidentiel ne sont pas anodines. Elles portent aussi bien sur le fond que sur les propositions. Le macronisme, s’il existe, est fondé sur la confusion des idées et des valeurs. L’union de la droite et du centre y oppose des choix clairs en matière d’autorité de l’Etat, de lutte contre le terrorisme et la délinquance, de lutte contre les communautarismes, de laïcité, de liberté d’entreprendre, d’égalité notamment devant l’impôt. Nous divergeons d’En Marche sur l’esprit de responsabilité, sur le rôle de l’Etat dont le pouvoir est considérablement renforcé en tant que grand distributeur des richesses en affaiblissant les collectivités territoriales. Avec une Majorité En Marche, les charges de la France seront assumées par un Français sur cinq ! Le Président de la République n’est pas à la recherche d’une coalition, il veut une majorité absolue pour les siens. Et c’est la mission du Premier Ministre. Alors faites comme moi : je ne voterai pas pour les candidats de Macron, parce que je refuse de payer l’augmentation de la CSG dont seuls ceux qui paient des cotisations sociales verront la contrepartie, parce que je suis contre la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français qui conduira à l’augmentation des impôts locaux pour la fraction restant assujettie, parce que je refuse la réforme de l’ISF qui conduit à un alourdissement des impôts sur l’immobilier pour ceux qui ont un patrimoine même petit, parce que je suis contre la nationalisation de l’assurance chômage … Cela fait déjà beaucoup de motifs.
Majorité républicaine et nationale.
Il n’y a qu’un moyen de sortir de la confusion, c’est d’offrir au président une vraie majorité républicaine et nationale, avec un premier Ministre responsable d’abord devant le parlement et qui conduira la politique du gouvernement comme le prévoit la constitution. Les Républicains jugent leur victoire plausible aux législatives. Ils disposent de deux atouts majeurs : 60% au moins de leurs candidats sont des personnalités inédites, ce qui est un gage de renouvellement, et leurs postulants sont bien implantés dans leur territoire, ce qui est un gage de permanence. Que la politique veuille se parer d’habits neufs est assurément une bonne chose. La droite montre qu’elle sait le faire aussi. C’est en cela que la politique est grande. Bien sûr, les ministres, qui avaient pour habitude de fêter leur entrée en fonction par de grandes déclarations d'intention, se taisent pour l'instant ou ne parlent que pour rassurer. Jean-Michel Blanquer (Education) se présente comme le ministre « des solutions de terrain ». Pas de grande loi qui portera son nom, « nous regarderons avec lucidité ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas », dit-il dans « Le Monde ». Gérald Darmanin (Budget) affirme qu' « il sera le ministre de la suppression de la taxe d'habitation et de la suspension de l'impôt à la source » (« La Voix du Nord »). A propos de la baisse de 120.000 postes de fonctionnaires avancée dans la campagne, Le Premier ministre tempère « le président m'a dit que le sujet n'est pas de supprimer des postes pour supprimer des postes » Et sur la CSG, « je sais combien le président est attentif aux inquiétudes formulées par les Français ». Sur l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, Nicolas Hulot est plus que prudent. Pour résumer : « Je dis à tous, n'ayez pas peur » (« JDD »). Tu parles. C’est bien « l’immobilisme scintillant » pour attirer le chaland. La France a besoin d’un peu plus de courage ! Le chemin est escarpé mais il peut déboucher sur la lumière quand le brouillard se dissipe.
Commentaires