LE TEMPS PERDU … (à la recherche du...)
10 août 2016
Virage sécuritaire.
Le temps perdu ne se rattrape jamais, encore qu’il ne soit jamais trop tard pour bien faire. Manolito profite du climat anxiogène actuel pour reprendre la main sur la politique carcérale. Tant mieux, même si le calcul politicien est à peine voilé : prendre le dessus sur le Macron en perte de crédit médiatique, et sur un créneau qui lui est bien propre, celui de la sécurité. « Il faut non seulement annoncer des constructions, ce que nous ferons, mais, surtout, les financer. » Après sa visite de la maison d’arrêt de Nîmes, il a voulu tacler la droite en faisant allusion aux promesses de création de places de prison du gouvernement Fillon, qui n’étaient pas soutenues par un programme de financement, oubliant que c’est surtout Taubira-la-laxiste qui les a jetées aux orties. Un moyen bien faible de contrer l’opposition, qui n’a de cesse de reprocher au gouvernement d’avoir donné un coup de frein à l’agrandissement du parc. L’exécutif, si le pingouin laisse faire, proposera donc dès « l’automne » un programme immobilier pénitentiaire avec, cette fois-ci, un plan« spécifique, concret, précis, financé », juré, promis. Encore un tour de passe-passe à monter pour Sapin-les-bas-roses, expert en transformation de vessies en lanternes. Mais pour mieux convaincre, il ajoute quand même : « Le gouvernement agit, et tout particulièrement depuis que Jean-Jacques Urvoas est garde des Sceaux », une manière de critiquer sans le dire l’action de Taubira.
Trouver des solutions au surencombrement carcéral devient urgent.
En fait Manolito est confronté à un vrai défi qui ne laisse pas vraiment le choix avec le durcissement des lois et l’Etat d’urgence. Il faudra nécessairement mettre davantage de personnes derrière les barreaux. Or, au 1er juillet, les statistiques ont atteint un nouveau record : en France, les 69.375 personnes incarcérées se partagent 58.311 places. En réalité, c'est pire,les 70.000 détenus se répartissent dans 54.383 places. Avec 395 détenus pour 192 places opérationnelles, la maison d’arrêt de Nîmes est l’un des établissements pénitentiaires les plus surpeuplés de l’Hexagone établissement pour lequel le Conseil d’Etat avait sanctionné l’Etat en juillet 2015 sur ses conditions de détention. La ligne choisie par le Premier Ministre ne fait pas l’unanimité à gauche. Ainsi, ses déclarations de Nîmes nous ont valu cette Lapalissade de l’ineffable Mme Hazan, Adeline pour les intimes, ci-devant contrôleure générale des "lieux de privation de liberté" : « Plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées » (sic). Même constat pour Dominique Raimbourg, président PS de la commission des Lois à l’Assemblée : « Quand on aura 80.000 places comme l’espère une partie de la droite,on aura 90.000 détenus. » (re sic).
Peines en milieu ouvert …
Les peines en « milieu ouvert », comme le bracelet électronique, ont toujours leurs fervents adeptes. C’est bientôt l’anniversaire de la loi Taubira et à quelques jours de fêter ses deux ans, en rappelant qu’elle promeut les alternatives à l’enfermement, ses partisans sont unanimes : résoudre la surpopulation carcérale par la seule création de places de prison est une gageure. A gauche, il y a toujours de bons samaritains rousseauistes qui ont déjà oublié par qui le père Hamel a été égorgé. Ils sont indécrottables et ont un problème pathologique avec l’idée même d’incarcération, oubliant que pour l’opinion publique, la seule sanction perçue comme une véritable sanction est la prison. Mais les places nouvelles, pour les remplir quand elles seront créées, et ce n’est pas demain la veille, il faudra que l’appareil judiciaire fasse preuve de fermeté. Et là, ce n’est pas gagné. Il y aurait mieux à faire, en urgence, que construire des prisons, dont la première, si le plan Manolito est mis en place, ne verra pas le jour avant au moins deux ans : transformer les casernes désaffectées ou nos vieux forts abandonnés en établissements de rétention. Napoléon l’avait fait et certains de ces bâtiments l’étaient encore il y a moins de cinquante ans. En quelques mois on pourrait disposer facilement de cinq ou dix mille places supplémentaires. C’est une solution aussi pour accueillir les « fichés S » les plus dangereux.
Vous voulez mon avis : il s’agit d’un coup de moulinet supplémentaire en attendant de passer la patate chaude aux suivants en 2017…
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