HISTOIRE
LE NOUVEAU « HOLLANDE(C)OMIC »
PAS DE REPIT POUR LE FRONT NATIONAL (2)

PAS DE REPIT POUR LE FRONT NATIONAL

 

 Marine le Pen 2013 

 

Après les Départementales, le succès rencontré dans certaines communes et de nombreux départements par le Front National, oblige à constater que Marine Le Pen semble être l’une des rares leaders capable d’augmenter, par le discours, son audience électorale. Plus de 46 % des électeurs ont voté pour elle à Mouliherne, au fin fond du Maine-et-Loire. Et ce n’est pas la seule commune où l’on rencontre ce type de score, même si la forte abstention amplifie le résultat. Ce constat mérite qu’on s’interroge sur ce vote et ce qui le suscite. Il invite surtout à combattre les idées qu’il diffuse pour enrayer sa progression et si possible la réduire.

Une tâche peut-être inutile, me direz-vous, puisque Jean-Marie Le Pen pourrait bien s’en charger. Dans l’entretien qu’il vient d’accorder à l’hebdomadaire d’extrême-droite « Rivarol » il se présente, comme l’opposant le plus farouche au programme de sa fille Marine. Il est clair qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que le Front reste un parti ouvertement d’extrême-droite, classement auquel Marine souhaiterait qu’il échappe une bonne fois pour toutes. Et, pour parvenir à ses fins, il n’est pas à une provocation près. Il avait exaspéré sa fille en revenant récemment sur « les chambres à gaz, détail de l’histoire », et voilà qu’il en remet une double couche en faisant l’éloge de Pétain, en dépeignant le FN comme une « cage aux folles », allusion directe à l’homosexualité de certains des dirigeants actuels, dénonçant l’influence nocive de Florian Philippot… . Il entre même dans le débat sur le programme économique et social du parti pour en dénoncer les erreurs, comme de proposer le retour à 60 ans de l’âge de départ en retraite. Mais on peut se demander qui, du père ou de la fille, a le plus d’influence sur le parti. Il n’est pas certain que Jean-Marie Le Pen soit capable de réunir aujourd’hui beaucoup de militants autour de ses thèses, surtout au moment où le parti rencontre une réussite électorale qu’il n’avait jamais connue.

Il faut donc instruire paisiblement mais fermement le procès du Front National.

Quelques affirmations entendues méritent d’être discutées. Face à celles-ci, il n’est pas certain que la raison l’emporte, mais essayons tout de même.

 « Au moins on est sûr que Marine tiendra ses promesses »  

La véhémence des propos et leur répétition n’est jamais une garantie. Pour que les promesses soient tenues, il faut qu’elles soient tenables. Dans aucun domaine, y compris l’immigration, ce qu’elle annonce est applicable. Elle n’infléchit nullement la rhétorique lepéniste anti-immigration : elle se contente d’en gommer certains aspects radicalisés et d’en amplifier la dimension politico-religieuse. Et comme pour l’essentiel, ce sont les médias qui font le travail, elle n’a plus qu’à s’offrir une surenchère ciblée. Mais qui peut croire qu’en fermant les frontières on arrêtera toute entrée irrégulière sur notre territoire avec les milliers de kilomètres qu’il faudrait garder. Et renvoyer les intrus dans leur pays, est plus facile à dire qu’à faire. Elle en augmentera le nombre, mais cela restera marginal. Chacun sait que c’est avec une politique européenne coordonnée qu’on fera face à ce dramatique problème, et pas en lui tournant le dos. Croire qu’on peut tenir toutes les promesses, c’est oublier que la « politique n’est que l’art du possible ».

« Elle n’est pas comme son père » 

Si le diable qui vient encore de sévir en réaffirmant que les chambres à gaz étaient un « détail », cela tendrait à prouver que la fille est différente, puisqu’elle a décidé de sanctionner durement son père. C’est que l’entreprise de « dédiabolisation » qui repoussait tant de Français semble porter ses fruits. C’est pourtant une belle supercherie ! Il s’agit en fait de la réécriture habile du discours frontiste traditionnel par une modernisation des mots, une OPA sur le vocabulaire républicain en y ajoutant des concepts de gauche, en reformulant les anciennes formulations dans une langue plus acceptable qui gomme les mots choquants, et aussi en mettant en sourdine les thèmes qui dérangent. Mais le fonds de commerce reste le même, ce qui explique les dérapages constants de certains militants. Il faut le dire aux Français : ne vous laissez pas abuser, l’habit ne fait pas le moine.

« On a tout essayé, sauf le FN » 

Le meilleur moyen, en effet, de vérifier que la politique proposée est bâtie sur des promesses intenables, serait de l’essayer. Sauf que c’est prendre le risque d’un aller sans retour tant le programme contient de propositions économiques dangereuses et fatales. D’abord, il faut savoir que le programme new-look du FN fleure bon les années soixante. C’est un fantastique retour en arrière. Il fait de l’Etat le pilier central et unifié de son projet de redressement économique, social et national. Marine Le Pen veut faire de l’Etat recentralisé une force agissante, omniprésente et omnipotente. Vous avez dit « national-socialisme » ? Cela devrait évoquer dans la mémoire de nos concitoyens de bien sombres souvenirs. On est loin du reproche fait par ceux qui votent pour elle, qui se plaignent du « pouvoir confisqué par Paris », qui traitent les « élites » actuelles, tous partis confondus, de « clowns », qui disent souffrir d’un manque de « respect ». Est-ce avec un Etat concentrant toutes les décisions qu’on retrouvera de la proximité, qu’on diminuera les impôts, les fonctionnaires, les réglementations, les charges des entreprises ? Il est permis d’en douter fortement.

« Tous pourris ! »  

Le FN et ses cadres présentés comme les « Monsieur Propre » de la politique. A voir ! L’association « Jeanne », micro parti chargé du financement des campagnes du rassemblement « bleu-marine », fait l’objet de poursuites avec mise en examen. Le Parlement européen s’est ému de rémunérer de nombreux  « assistants parlementaires » qui n’y mettent jamais les pieds… Tout cela ressemble bien à des pratiques déjà connues. Pour un parti qui se dit « anti-système », c’est plutôt malvenu. En fait, il en fait partie, puisque tous ses leaders ne vivent que de la politique.

Il y a deux stratégies à développer face à la démagogie populiste.

Celle qui consiste à montrer que les solutions « marinistes » n’en sont pas, parce qu’il ne suffit pas de renvoyer chez eux les « monstres extérieurs » qui nous étouffent (Wall street, Bruxelles, l’immigration) pour rétablir notre souveraineté et remettre nos finances d’aplomb.

Et celle, complémentaire, qui consiste à montrer que les « monstres extérieurs » sont pour peu dans nos malheurs nationaux qui plongent leur racine profondément à l’intérieur et semblent se nourrir d’une certaine impuissance politique.

A suivre demain.

 

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