LA GUERRE EST DECLAREE
25 mars 2015
Les résultats d’élections, c’est comme le bon vin, il faut laisser décanter pour bien les apprécier. Ainsi, la défaite de la gauche est bien plus sérieuse qu’elle n’est apparue dimanche soir dans les volutes du cigare de Manolito. On peut toujours faire des commentaires favorables à son camp, une fois les brumes de la soirée électorale retombées, la réalité réapparait toute crue. Et on constate que le second tour des élections départementales oppose surtout le FN à l’UMP-UDI. Si le PS est en grande partie responsable de la montée du FN, aussi bien à cause de son laxisme sur l’immigration et du communautarisme larvé ou non qu’il entretient, que de ses résultats économiques, c’est à la droite républicaine que revient la responsabilité non seulement de le contenir mais de le combattre sur tous les fronts. C’est la stratégie adoptée par Nicolas Sarkozy et il faut espérer qu’elle portera ses fruits.
Une trentaine de départements de plus pour la droite.
La gauche semble avoir réalisé un score plus honorable que prévu, mais c’est un trompe l’œil. Faire le total de toutes ses composantes, en matière électorale, c’est additionner des carpes et des lapins. Et il faut compter avec un redécoupage des cantons très avantageux pour elle, ce qui contribue à amplifier l’effet de résilience. Aussi, le patron de l’UMP a-t-il raison de concentrer ses efforts sur le FN qui est l’adversaire principal et le plus dangereux pour l’avenir de notre pays. Il importe de l’affaiblir d’ici la Présidentielle, car nos institutions ne sont pas faites pour le tripartisme. Pour le moment, la gauche va perdre un nombre important de départements et l’UMP va en gagner une trentaine, ce qui confortera son implantation locale. Au « troisième » tour, c’est-à-dire lors de l’élection des présidents de département, on connaîtra le poids réel du FN dans les régions ce qui donnera une idée de ce qu’il adviendra aux élections régionales de la fin de l’année.
Le corps à corps est inévitable.
Nicolas Sarkozy fait du Front National le principal adversaire et ne se soucie guère du sort de la gauche. Les perspectives pour la France sont encore trop timides pour permettre à cette dernière de se redresser vraiment. D’autant plus qu’un coup de barre à gauche après les élections de dimanche prochain n’est pas impossible, une manœuvre élyséenne possible pour tenter de rassembler son camp. Aussi est-il important pour la droite traditionnelle, alliée au centre, de déciller les électeurs sur les réalités du parti de Marine Le Pen, que l’on place improprement à l’extrême-droite. Le combat ne peut être que frontal et il faut le mener sans ménagement sur tous les domaines de prédilection de la dialectique frontiste : immigration/intégration, laïcité qui n’est pas exclusive de l’Islam, lutte contre l’assistanat, rôle de l’Europe, mesures économiques. Il sera facile de démontrer l’inanité de propositions irréalisables. Ne laissons pas de côté le vieux compte que la famille Le Pen a à régler avec les gaullistes, depuis l’affaire de l’Algérie française, et veut à tout prix leur peau.
Le projet économique du FN est le plus facile à démolir.
Marine Le Pen fait de la sortie de l’euro le cœur de son programme économique. Or la sortie de l’euro mettra à coup sûr notre pays en faillite et l’expérience grecque nous montre qu’une sortie de la monnaie commune ne peut être négociée à froid. Pour la France, le retour au Franc serait indissociable d’une dévaluation de 20 à 30% qui augmenterait le poids de la dette qui passerait à 130% du PIB. La hausse des taux d’intérêt et les représailles aux mesures protectionnistes mettraient l’économie en récession et la fuite des capitaux provoquerait la faillite des banques. La chute de 20% du PIB entrainerait 1 million de chômeurs supplémentaires et un effondrement du pouvoir d’achat de 25%. Avec au bout du chemin, le « défaut de paiement » et le chaos politique. Des prévisions fantaisistes ? Si seulement … Il suffit de voir ce qui se passe en Grèce. La France est une grosse Grèce dont la faillite déstabiliserait l’Europe entière. Mais il y a pire dans le programme du FN, qui préconise les nationalisations de secteurs entiers de l’économie et des banques, la planification étatique, le retour à la retraite à 60 ans, le doublement du SMIC : on a l’impression de redécouvrir le programme de feu Georges Marchais dans la France des années 60, « plus de beurre que de pain » comme on disait à l’époque. Sauf que nous vivons dans un monde très différent, sur une autre planète devrait-on dire.
Vote d’adhésion et vote de protestation.
Le parti populiste agrège différents types d’électorats entre vote d’adhésion d’un électorat déstabilisé par les tourments de notre époque, qui s’est senti abandonné par ses défenseurs traditionnels de gauche, et vote de précaution de Français effarés de voir l’évolution de notre pays par médias interposés et qui ne veulent ni du voile ni de la burka. Son intention affichée est de conquérir tous les postes de la République, y compris la présidence, mais rien ne permet de croire, pour le moment, qu’il peut franchir la barre que lui oppose le scrutin majoritaire à deux tours. Le tout est de savoir si la progression du Front est une affaire durable qui va changer profondément la carte politique ou si elle n’est qu’un feu de paille qui peut s’éteindre si la droite classique gagne en crédibilité et si une amélioration de la conjoncture peut remettre la gauche en selle. Rien n’est écrit. C’est une incertitude pour l’UMP qu’elle doit lever au plus vite et donc qui l’obligera à adapter sa stratégie aux résultats des scrutins successifs qui auront lieu jusqu’en 2017, en se présentant en opposition crédible unie et déterminée.
Un combat pour l’avenir de la France.
François Hollande peut toujours renaître de ses cendres, surtout si l’économie s’améliore et recommence à créer des emplois. Les idéologues de la gauche peuvent finir par comprendre que c’est dans l’union qu’ils remonteront la pente et que la perspective de perdre face au FN est bien plus grave que les choix de gestion faits par le président. On en est encore loin. On ne peut pas laisser l’avenir du pays avoir cette épée de Damoclès pendue au-dessus de lui : le choix entre Marine Le Pen ou un second mandat de gauche en 2017. L’un et l’autre seraient catastrophiques pour la France. C’est donc un devoir impératif pour L’UMP, la droite et le centre, de s’imposer face au parti extrémiste. Le plus tôt sera le mieux.
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