LE FANTÔME DE L’ELYSEE
04 janvier 2015
C’est le premier article de l’année. Faisons un petit tour d’horizon de ce qui nous attend dans le monde et en France.
Economie mondiale : facteurs favorables et situation volatile.
L’économie mondiale a beau connaître des changements qui soulignent la grande volatilité de son système par leur ampleur et leur rapidité, il n’en reste pas moins vrai qu’elle bénéfice depuis quelques mois de facteurs favorables : la baisse vertigineuse du prix du pétrole qui favorise les pays consommateurs, la solidité de la reprise aux Etats-Unis où l’activité progresse de 3% par an et enfin, la faible inflation qu’il faut associer à des taux d’intérêts historiquement bas. Voilà qui permet à l’année 2015 de s’ouvrir sur des perspectives qui devraient nous réjouir, même si les risques qui pèsent sur le monde continuent d’être présents, qu’ils soient économiques, financiers, monétaires, sociaux ou politiques quand ils ne sont pas stratégiques. A cet égard, la nouvelle année devrait nous apporter son lot de bonnes et mauvaises surprises dont la restructuration intense du capitalisme face aux révolutions numérique et énergétique n’est que la partie visible de l’iceberg des transformations qui s’opèrent. Avec nous parfois, sans nous le plus souvent. Ceux qui restent immobiles, comme la France ont gros à perdre.
La France en mauvaise posture.
La France aborde 2015 dans une situation sévèrement dégradée : déclin économique avéré marqué par l’entrée en récession de son industrie, des emplois marchands réduits à leur nombre de 2004, un chômage massif et une paupérisation galopante, le recul confirmé du pouvoir d’achat et une régression de la richesse par habitant inférieure de 6% à la moyenne des pays développés. Nos finances publiques ne vont guère mieux : elles sont hors de contrôle du fait de la dérive des dépenses sociales. En ordre de grandeur elles atteignent 15% des transferts mondiaux (670 milliards d’euros) alors que notre pays n’en assure que 3,7% de la production. Et il ne faut pas compter sur la généralisation du tiers payant pour enrayer le mouvement. Voilà pourquoi la France, en raison du caractère insoutenable de son modèle économique et social et de son allergie à la réforme, bloque la reprise en Europe et non l’inverse. Il n’y a aucune raison pour qu’elle ne continue pas de s’enfoncer en 2015. C’est probablement pourquoi 71% des Français se déclarent pessimistes et ils ne furent qu’un peu plus de 6 millions à écouter les vœux élyséens (moitié moins qu’il y a deux ans).
Un environnement meilleur plombé par l’inertie.
Pourtant l’amélioration de l’environnement extérieur devrait permettre une amélioration de notre croissance de 0,6 à 0,8%. Jamais les conditions n’ont été aussi favorables avec un horizon à la baisse : énergie pétrolière, valeur de l’euro, taux d’intérêts. Malgré ces facteurs favorables, il n’en sera rien. Et je ne suis pas un oiseau de mauvais augure. Des conditions objectives contredisent le discours optimiste que le pingouin qui nous gouverne et sa clique politico-médiatique essaie de nous faire accroire. L’année qui débute verra son lot de faillites d’entreprises avec l’effritement de leurs marges que l’apport du CICE ne compensera pas en raison des prélèvements supplémentaires (17 milliards contre 35). L’instabilité législative, réglementaire et fiscale au gré des humeurs d’une majorité délabrée mais fiévreuse continuera de sévir, avec ses conséquences désastreuses sur l’investissement et l’emploi. Face à ce climat délétère, l’exil des talents, des cerveaux, des investisseurs et des centres de décisions achèvera de dépecer ce qu’il reste de vivant dans notre économie. Le déficit public ne régressera pas comme annoncé par Sapin-l’insipide, du fait de la surestimation des recettes et du caractère virtuel des économies annoncées. La dette, atteindra ou dépassera les 100% du PIB. Autrement dit, la France creusera l’écart avec les pays européens qui se sont réformés. Voilà la vérité.
Irresponsable et inconséquent !
Mais tout cela, c’est du « French bashing » nous disent nos gouvernants, à commencer par le premier d’entre eux. D’abord, il ferait mieux de parler Français. Si la France est dénigrée, c’est bien sa faute, et pas celle de ses opposants qui ne sont pas là pour cirer les pompes. Est-ce notre faute si nous voyons ce que tous les pays qui nous entourent peuvent voir : une majorité gouvernementale en lambeaux incapable de s’accorder sur rien, des tentatives de réformettes que les déroutes électorales et l’approche du congrès du PS vont achever, avec la dérive gauchisante inéluctable qui l’accompagnera. Mais Pépère n’en a cure. Il est reparti au combat. Pour la France ? Non, pour lui ! Obsédé par sa seule réélection, le voilà décidé à parcourir le pays chéquier en main, comme dans le Nord, à dépenser de l’argent qu’on n’a pas, à faire croire à son volontarisme qui est à la communication ce que l’impuissance est à la politique, à enfourcher le cheval de l’égalité, ce fourre-tout de la gauche qui fabrique de la pauvreté à tour de bras. Irresponsable et inconséquent, il n’a pas changé. Démarrer la campagne électorale c’est dire qu’il ne préside plus, mais a-t-il seulement pris la mesure de sa fonction un seul jour ? Qu’importe, le peuple n’est pour lui qu’un harpon pour pêcher. Mais pourquoi le croirait-on cette fois-ci encore, lui qui nous a menti sur tout, y compris sur toutes ses promesses les plus emblématique affichées un fameux soir de débat télévisé et dont il n’a tenu aucune. Avec lui c’est la hausse partout où il faudrait de la baisse : le chômage, les dépenses, le nombre des fonctionnaires (40 000 de plus). Il nous impose une réforme territoriale dessinée sur le coin d’un bureau, sans aucune concertation, mélange de Kafka et du père Ubu quand on voit le résultat, avec un calendrier électoral où l’on met la charrue avant les bœufs puisque les électeurs seront appelés à élire des assemblées dont ils ne connaîtront pas les compétences, définies plus tard. Et on voudrait qu’on ait le moral ?
Bonne année quand même !
Sait-on jamais, de bonnes surprises sont toujours possibles. Mais pour ça, il faut s'en remettre à la providence.
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