HISTOIRE
LE FANTÔME DE L’ELYSEE
UNITE DE LA NATION

LE BRETTEUR DE L’INUTILE

 

Voici le papier que j’avais prévu d’éditer ce jour. Mon premier réflexe a été de différer. Et puis je me suis dit que les journalistes visés par l'attentat n'auraient pas voulu que la vie s'arrête. C'est en pensant à eux que je mets cette prose en ligne.

En avant-propos, je veux vous dire toute l’horreur que m’inspire le massacre de ce matin à « Charlie Hebdo ». Ayons ensemble une pensée pour la famille des victimes, journalistes et policiers, trop nombreuses, et je veux aussi vous dire mon émotion profonde d’apprendre que les dessinateurs dont j’appréciais l’humour ravageur sont tombés sous les balles de leurs bourreaux fous : Cabus, Charb, Wolinski, Tignous… C’est une atteinte intolérable à ce que notre démocratie a de plus sacré : la liberté d’expression. Nous ne devons pas céder un pouce de terrain à ce fascisme noir. Il faut que la réponse du peuple français, de tous les Français quelle que soit leur confession, soit unanime de réprobation forte et de dénonciation de ce crime odieux. Dans les jours qui viennent, nous aurons à manifester l’unité de la nation autour du chef de l’Etat. Le deuil, le respect dû à la mémoire des victimes nous imposent de taire pour quelques temps toutes les polémiques. Le calepin s’en fera un devoir.

 

Hollande est à l’offensive.

Des médias complaisants lui déroulent le tapis rouge. Pourtant rien n’y fait. Il parle pour ne rien dire et il prêche dans le désert. Il fait penser au coureur cycliste qui descend de son vélo pour se regarder pédaler. Qu’ont retenu les Français de ses vœux ? En 2013 il y avait au moins la boite à outil et le CICE, en 2014 le Pacte de Responsabilité, cette année : rien, le vide, sinon un aveu d’impuissance pour le chômage. D’ailleurs, on retiendra que depuis son allocution, le nombre a encore grossi de 6 000 chômeurs supplémentaires (1 000 par jour).  Qu’auront retenu les auditeurs de France Inter après deux heures de palabres : pas grand-chose, un tissu de constats et de banalités, Hollande commentant le hollandisme, mais aucun grand dessein pour la France, aucun cap pour notre économie. Son volontarisme : du pipeau pour la façade. Certains ont résumé en une formule lapidaire : il fait de la com’ ! Pour lui, pour occuper les médias, pour faire croire qu’il est à la manœuvre alors qu’il ne se passe rien. Pire, tout se dégrade autour de lui. Le procès que fait Duflot à la loi Macron, qui ne mérite pas tant de hargne tant elle est creuse, en est l’épisode emblématique. Son tour de piste pourrait bien être le dernier, l’au-revoir du clown avant le désastre.

C’est une campagne de survie.

Cette frénésie médiatique est encouragée par la légère remontée de sa cote de popularité qui a gagné quelques points et il souhaite l’améliorer encore en occupant le terrain. Avec la séquence des vœux, on va beaucoup le voir et beaucoup l’entendre. Mais cela ne changera rien à la réalité : les faits économiques sont têtus et le locataire de l’Elysée n’est toujours pas en mesure de nous réjouir d’une embellie sur le front du chômage ni du pouvoir d’achat. C’est le point faible de cette vaste campagne de communication qui a commencé depuis un mois. S’il passe à l’offensive, plus pour lui-même que pour faire bouger les choses, c’est qu’il est tout à fait conscient des difficultés politiques qui l’attendent, car sa situation est plus qu’alarmante. Il s’attend à des déculottées électorales encore cette année, il continue d’être très vivement combattu par la gauche du PS et par les Verts, et le groupe parlementaire PS va perdre la majorité absolue à l’Assemblée. Rappelons que la gauche a perdu les 12 élections partielles depuis 2012. Enfin, même si elle progresse, sa cote de popularité reste très basse. Donc il ne lui reste plus que la carte du bretteur inutile, celui qui mouline dans le vent, un peu comme Don quichotte contre ses moulins, pour tenter d’inverser un courant qui risque de lui être fatal. Aussi, il veut apparaître comme le plus combattif, il est candidat, sans le dire mais tout le monde a compris, à un second mandat, il est inlassable, il ne laisse pas une minute son Premier Ministre lui faire de l’ombre. Il est Président à plein temps, verbalement : je parle donc j’existe ! C’est l’agitation du désespoir.

Il est le général d’une armée en déroute.

Le congrès du PS prévu pour le printemps va accentuer la scission idéologique entre partisans de la politique gouvernementale et frondeurs. D’autant plus s’il survient après une nouvelle déroute à l’occasion des élections cantonales. Sa majorité n’existe déjà plus vraiment. Aucun de ses amis devenus adversaires n’est prêt à rendre les armes : ni Cécile Duflot, qui a annoncé dimanche que non seulement elle partait en guerre contre la loi Macron mais qu’elle ne la voterait pas, ni Delphine Batho, ex-ministre socialiste, ni Martine Aubry, qui rejette tout projet de travail dominical. Il y aurait pourtant l’opportunité de prendre des initiatives avec un contexte économique redevenu favorable, baisse du coût du pétrole, baisse de la valeur de l’euro, plan de relance Juncker… mais il ne dispose pas d’une majorité franche pour soutenir les efforts qu’il faudrait entreprendre et reste soumis, comme il se doit dans notre pays, à d’incessants débats qui cachent  autant des ambitions personnelles que de profondes divergences. On peut se demander d’ailleurs ce qu’il restera de la loi Macron après son passage à l’Assemblée ? François Hollande n’est pas, en définitive, l’homme de la situation. Il veut rester celui qui incarne la Gauche sans en faire la politique qui nous mène dans le mur. Il voudrait croire que rien n’a changé, cultiver les Verts, qui constituent à ses yeux le parti d’appoint dont il a besoin pour garder la majorité, en feignant d’ignorer que sous la férule de Cécile Duflot il n’y a pas la moindre chance qu’ils passent un accord avec lui. Il rêve de réunir à nouveau toute la gauche alors même que, dans le contexte de la polémique qui coupe le PS en deux, celle-ci continue à se désagréger. Au sein même de ses propres troupes les élus socialistes se demandent aujourd’hui s’il est bon de le soutenir pour un second mandat et s’inquiètent surtout de savoir combien d’entre eux seront victimes des défaites électorales annoncées. La tentation de quitter le navire ou de se démarquer a déjà commencé. Elle ne peut que s’amplifier.

 

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