HISTOIRE
INCORRIGIBLES !
NOTRE SOUVERAINETE HUMILIEE

LA GAUCHE FRACTUREE

 Rose brisée

Non seulement ils sont incorrigibles, mais en plus ils se déchirent au grand jour, s’invectivent et s’accusent de tous les maux. L’état dans lequel ils mettent la France mériterait un peu plus de pudeur et de discrétion sur leurs dissensions.

Le débat entre les dirigeants du parti socialiste devient insupportable. Alors que plus de trente députés refusent de voter la « modulation » des allocations familiales, le  premier secrétaire du PS, l’inexistant Cambadélis, dans le rôle du grand méchant mou, envisage l’exclusion de Benoît Hamon, qui mériterait plus qu’une menace pour les propos qu’il a tenus.

La voix de son maître, Stéphane Le Foll, estime que l’insoumise Delphine Batho, Benoît Hamon et Aurélie Filipetti (qui se sont abstenus lors du vote d’une partie des recettes du budget) ont « manqué à leur devoir ».

C’est que l’opposition interne du PS, qui s’exprime en termes particulièrement durs, est passée à l’offensive, stimulée par « l’amère de Lille » en qui ils reconnaissent une cheftaine sans le dire. Pré-positionnement en vue du congrès, probablement… Ainsi, le Hamon-la-gâchette-facile, justifie la distance qu’il prend avec l’action du gouvernement par une « politique de l’exécutif qui conduit vers un immense désastre démocratique ». Aurélie Filipetti, ex-ministre de la Culture, fait savoir qu’elle n’a « aucune leçon à recevoir de qui que ce soit ».  Ces anciens ministres traduisent leur mal-être et leur malaise, incapables qu’ils sont de dépasser leur endoctrinement, et sont convaincus que Valls fait à peu près tout ce qu’il faut faire pour que la gauche perde les élections de 2017 et favorise l’avènement de Marine Le Pen. Un raisonnement totalement réversible.

Ces noms d’oiseaux, diatribes, batailles de mots, menaces à peine voilées, traduisent aussi un durcissement de l’attitude de l’exécutif à l’égard de ses frondeurs. Après avoir tancés, que feront le Premier Ministre et le Premier Secrétaire ? D’autant plus que la partie se joue sur fond de scandale, avec la révélation du « Canard enchaîné », selon lequel une soixantaine de parlementaires n’auraient pas déclaré la totalité de leur patrimoine, par négligence ou par volonté d’échapper au fisc. La déclaration du Président de l’Assemblée, ce vieux roublard de Bartolone avec son air faussement ingénu, « qui se félicite du travail de la Haute Autorité pour la transparence », ne manque pas d’humour. Qu’on le veuille ou non, ces comportements inacceptables d’une partie de la classe politique, rejaillissent sur l’ensemble des élus et alimentent le vote extrême.

Querelles, scandales, divisions accréditent l’idée que le pays n’est pas dirigé et empêchent une alternative crédible de se faire jour. Heureusement à droite, on essaie de ne pas tomber dans le même piège. En effet, la lassitude du peuple est telle qu’on peut affirmer sans se tromper : « Malheur à celui qui jettera la première pierre… »

 

C’est dans ce contexte, que Manolito a décidé d’affirmer son autorité et montrer que les déchirements de sa majorité ne lui font pas peur et ne le feront pas reculer. C’est un acte courageux que son interview à « l’Obs » « ex-nouvel Observateur » dont on ne sait plus du coup s’il est l’abréviation « d’Obs…ervateur » ou « d’Obs…cène », tant son propos est violent pour les frondeurs. Propos qu’il a relayé sur BFMTV pour assurer le service après-vente. « Il faut de la constance et non remettre en cause en permanence une politique économique » a-t-il expliqué, ce qui est bien une vérité de la Palice. Mais il a raison de dénoncer tous ceux, surtout à gauche, qui préconisent, des bouleversements institutionnels ou des choix aventureux, et ne font que proposer des remèdes pires que le mal. Voilà pourquoi il est donc hostile à la création de cette 6ème République qu’Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon appellent de leurs voeux. Il en fera bondir plus d’une, du côté du Nord, quand il dit souhaiter changer le nom du parti auquel il appartient et affirme sa vision politique qui est très claire : c’est avec le centre qu’il souhaite gouverner, à la fois parce que le centre est, comme lui, réformiste et parce que, face à l’opposition d’une partie du PS, il songe à de nouvelles alliances. A ce compte-là, il peut se redire « socialiste », ça ne mange pas de pain.

Préparation d’une sortie ou positionnement à (court) terme en pariant sur une recomposition-après-défaite : le Premier Ministre ne court pas le risque d’être désavoué par l’hôte de l’Elysée. Au-dessus de lui, le roi est nu. On sent bien que celui-ci ronge son frein à certains propos qu’il a tenu à l’encontre de son Premier ministre, du genre « On peut réussir aussi son parcours sans devenir président » avec l’ironie dont il est capable, en rappelant Clémenceau.

Mais l’opposition interne est prévenue : chaque fois qu’elle se manifestera, elle aura en réaction  l’annonce par le gouvernement de nouveaux projets inspirés des idées social-libérales. Aux abstentions de certains élus,  répondent des dispositions réformistes. Et si Manolito s’en donne à cœur joie, c’est parce qu’il sait qu’il est le dernier espoir de Hollande, et que le celui-ci ne s’offrira pas le luxe, dans une conjoncture aussi défavorable, de le limoger.

Il est difficile de dire si le chef du gouvernement tirera un avantage politique de son action et de ses choix. En tout cas, il a pris date. Mais reconnaissons qu’il ne manque pas de courage, lui qui doit compter avec une gauche divisée, une droite déchaînée, et surtout avec l’adversité et une conjoncture plus que morose. 

Ce qui est certain, c’est que la fracture entre les deux gauches est assumée. Combien de temps un assemblage aussi discordant peut-il tenir ? Là est la question.

 

 

 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)