NOTRE LAICITE EN GRAND DANGER
08 juillet 2014
La validation de la loi contre le port du voile islamique par la cour européenne et la victoire de Baby-Loup contre le recours de la personne licenciée parce qu’elle prétendait porter le foulard dans la crèche sont des victoires intéressantes pour notre conception de la laïcité. Elles risquent pourtant d’être illusoires face à la poussée islamiste, alimentée par les événements du proche orient et sensible en France, notamment avec les départs de jeunes pour le djihad.
Il conviendrait de réagir vigoureusement. Car, entre l’irruption du Front National sur ce terrain, alimentée par l’islamophobie et le discours pro-communautariste déguisé d’une grande partie de la gauche socialiste-bobo incarnée par Julien Dray, la laïcité est bel et bien menacée.
Le communautarisme gagne du terrain.
La poussée islamiste au Moyen-Orient n’est pas seulement inquiétante pour la paix dans cette partie du monde. La constitution d’un califat avec une volonté déterminée de répandre le djihad est un puissant vecteur de radicalisation des populations musulmanes installée en Europe, et particulièrement en France. Le rejet de plus en plus affirmé de la France et de ses valeurs républicaines est de plus en plus voyant. La fracture identitaire se manifeste à travers un nationalisme de substitution comme on l’a vu récemment avec les manifestations de jeunes supporters à l’équipe d’Algérie. Ce n’est que la partie émergée d’un iceberg communautaire dont la réalité pour « les femmes des quartiers » est violence et oppression au quotidien : polygamie, excision, tenue vestimentaire imposée sont le lot de jeunes épousées et de leurs semblables et le port du voile est le signe de cet asservissement sexiste. La présence visible des « barbus » les rappelle constamment à l’ordre et marque des territoires. C’est sur ce terrain que l’oppression est la plus forte parce qu’il s’agit d’imposer le rejet des valeurs portées par notre société qui s’incarnent dans la liberté des femmes, en particulier.
La gauche n’est pas claire.
Une grande partie de la gauche refuse de voir cette fracture identitaire et semble s’en accommoder, y cherchant même, en application des réflexions de Terra Nova, un électorat de substitution pour remplacer celui des ouvriers, employés et précaires qui se détachent d’elle parce qu’elle refuse de prendre en compte leur malaise. Les classes populaires rejoignent le camp des « réactionnaires », se sentant devenir étrangères sur leur propre sol. Julien Dray, en appelant à « construire notre avenir avec la jeunesse des pays du Maghreb » assume son renoncement à l’assimilation et son consentement au communautarisme. La Ministre de la Culture est sur la même ligne quand elle clame « On a tous un peu d’Algérie au cœur ce soir ». Benoit Hamon, Ministre de l’Education, quand il revient sur la circulaire Chatel qui interdit le port du voile pour les femmes accompagnant les sorties scolaires valide le même parcours. Ces comportements contredisent le discours laïciste de Vincent Peillon et la doctrine officielle du gouvernement. Cette cécité volontaire est désastreuse car, au nom du respect du multiculturalisme et des différences, elle permet à la contre-société des communautés de s’étendre. Elle pousse ses tentacules de plus en plus loin, et notamment au sein du système éducatif. Les établissements scolaires devraient être des sanctuaires, mais le corps enseignant est gangréné ou impuissant. Les enseignements sont de plus en plus contestés ou « aseptisés », notamment en Histoire, et témoignent du refus de partager une « histoire » commune. Mais pas seulement. Rousseau est banni, des œuvres comme Tartuffe ou Mme Bovary donnent lieu à des confrontations virulentes, car contraires à la religion… Et l’on en passe sur les autres matières, sciences naturelles ou éducation physique. N’abordons même pas le sujet des menus à la cantine. De plus en plus, c’est la religion du « halal » (permis) et du « haram » (interdit) qui impose sa loi.
Le cas de Baby Loup est édifiant. Il ne faut rien céder.
Dans ce combat, la laïcité est notre rempart en même temps que notre spécificité culturelle. La bonne position est celle qui s’est cristallisée dans le conflit avec la crèche Baby Loup : la neutralité qui implique l’abandon de signe religieux est la garantie de pouvoir faire cohabiter la diversité. Il faut une politique exigeante d’intégration et d’assimilation et une grande vigilance quant au respect des lois républicaines. C’est notre héritage qui est ainsi menacé, alors qu’il mérite d’être préservé et entretenu. La France est une nation à laquelle on peut s’attacher par le cœur aussi fortement que par les racines. Avec son génie propre, sa langue, son histoire, ses œuvres, ses échanges, elle dessine un monde qui est une facette de la civilisation européenne. Ce monde, nous prétendons qu’il s’impose aussi bien aux autochtones, Français de souche ou non, qu’aux nouveaux arrivants. « Il est tout de même paradoxal que l’accueilli refuse à l’accueillant, quel qu’il soit, la faculté d’incarner le pays d’accueil », comme le souligne Alain Finkielkraut. Pour relever le défi contemporain du vivre ensemble, on voudrait effacer la proposition identitaire. Elle doit au contraire être maintenue fermement et transmise sans honte, nous enseigne Claude Levi-Strauss, qui ne peut pas être qualifié de « réactionnaire ».
Le pacte national court un grand danger.
Le Premier Ministre dénonce à juste titre l’islamisme radical comme « ennemi de l’intérieur », mais ce n’est pas suffisant si dans le même temps on diabolise ceux qui dénoncent les atteintes à nos lois, s’offusquent de manifestations d’allégeance à des patriotismes étrangers ou tout simplement expriment leur malaise face à des coutumes et des comportements qui les agressent. Il est grand temps que lui qui a voté la loi contre la burka et ses amis de la sociale démocratie se réveillent et sortent de leur mirage hérité de 1968 comme quoi tout se vaut. La désinformation appliquée par leurs idéologues, en maquillant la réalité au nom du refus de stigmatiser la diversité, conduit tout un peuple dans les bras de l’extrême-droite. Les partis de gouvernements portent aujourd’hui une grande responsabilité. Il incombe aussi bien au parti socialiste qu’à l’UMP et au Centre de former un front commun pour défendre notre héritage : celui des « Lumières », dans lequel nous nous reconnaissons, fondateur de notre démocratie et de notre conception du rapport entre l’Etat et l’individu. Si ce modèle que la révolution voulait « universel » n’est plus considéré comme tel, il reste néanmoins le nôtre et il importe d’affirmer haut et fort qu’il n’est pas à vendre, encore moins qu’il soit soldé en tolérant ici ou là qu’il soit écorné !
Sinon, tôt ou tard, la France sombrera dans une guerre civile qui opposera les « patriotes » pris en main par le Front National qui a bien vu l’opportunité de capter à bon compte un électorat dérouté et abandonné, avec tout ce que cela comporte de risques pour les libertés, au fascisme vert des « Ayatollah » des quartiers qui voudront imposer partout la charia, avec tout le cortège des préceptes qui ne sont pas compatibles avec les lois de notre république. La laïcité est notre bien commun, elle est le dernier rempart qui protège la République, mais les brèches y sont de plus en plus nombreuses. Il est encore temps d’en faire le cheval de bataille commun de la lutte contre toutes les formes de communautarisme. Sans elle, point de salut.
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