UN GOUVERNEMENT DE DEROUTE
03 avril 2014
Hollande avait nommé Manuel Valls en promettant « un gouvernement de combat ». Avec le casting qui est sorti, on peut s’atteler à l’écriture d’une déroute annoncée. La seule bonne idée c’est peut-être d’arrimer le commerce extérieur aux affaires étrangères avec Laurent Fabius comme cornak. Pour le reste entre statu-quo et nominations aberrantes, le nouveau gouvernement fait penser à une armée mexicaine.
Le Général Valls n’a aucune marge de manœuvre : on s’en est aperçu hier soir au vingt heures. Il était plus préoccupé de convaincre le Président que les Français de sa capacité à affronter le destin de la France. Il devra compter avec la baronne du Poitou qui occupe un poste de premier plan et qui ne se privera pas de le court-circuiter avec son « ex ». Déjà il semble que celui-ci ait cédé à sa double exigence de rester la présidente de Poitou-Charentes et de garder son poste à la BCI. En cette période où l’on crie haro sur le cumul ça fait pour le moins désordre. Le duo de Bercy est une de ces bizarreries qui devrait pas mal amuser l’opposition. Entre Sapin le démocrate-socialiste européen et Montebourg, l’apôtre de la démondialisation, le moins qu’on puisse dire c’est que le nouveau Premier Ministre n’a pas peur du paradoxe. Si Sapin réussit dans sa quête des économies aussi bien que dans ses efforts pour inverser la courbe du chômage, ce qu’il y a tout lieu de craindre, notre pays n’a pas fini de s’enfoncer. D’autant plus qu’il aura à financer la nouveauté du début de la semaine : le « pacte de solidarité » de l’Elysée qui doit s’ajouter aux contreparties exigées en face du « pacte de responsabilité »… Quant au ministre de l’Economie, on se demande bien comment il va pouvoir obtenir des résultats en étant complètement à contre-courant de la globalisation et de l’intégration européenne. Echec inévitable en vue. La nomination de Benoit Hamon à l’Education n’est pas non plus un signe encourageant. On peut espérer qu’il mette fin à la calamiteuse réforme des rythmes scolaires, scorie encombrante d’une « refondation » à peine ébauchée. Avec un bon idéologue de gauche à la barre, le bénéfice attendu c’est que le monde enseignant rentre sa grogne en maintenant tous les archaïsmes d’un système à bout de souffle, au détriment de la modernité qu’il faudrait rechercher et insuffler.
Pour l’aspect bricolage, nous sommes aussi servis. C’est ainsi que nous héritons d’une ministre « Pot-au-feu ». La vipérine Vallaud-Belkacem se retrouve à la tête d’un ministère de bric et de broc où l’on a entassé pêle-mêle les droits des femmes, les sports, la jeunesse et la ville ! Un peu comme on met des carottes, des poireaux, des patates, du chou, des navets…
L’arrivée de François Rebsamen au travail vient conforter le clan hollandais tout comme le porte-parolat confié au cerbère Le Foll. La nomination à l’Intérieur du dévoué Cazeneuve confirme l’encerclement, comme si au « château » on avait pris bien soin d’établir un cordon sanitaire autour du remuant Manuel. On voudrait le « cramer » qu’on ne s’y prendrait pas mieux. La manœuvre mitterrandienne est évidente.
Pour le reste, peu de changement, les titulaires gardent leur poste. Le comble étant le maintien de C. Taubira à la Justice : une honte ! Si bien qu’entre chaises musicales, promotions dictées par le « dosage des courants » et confirmation de place, le nouveau gouvernement n’apporte pas le renouvellement souhaité et je parie que les nominations des secrétaires d’état la semaine prochaine mettront un terme au « resserrement » qui relève plus de l’affichage et de l’enfumage que d’une réalité tenable.
Le départ des Verts est une bonne nouvelle pour la France. Pas pour le PS. Les « Duflot & Cosse » pensent toujours à leur intérêt électoral bien compris. En l’occurrence, il s’agit de capter les voix de l’électorat de gauche mécontent à l’occasion des élections européennes afin de faire un bon score au détriment de la liste du PS. Etre à l’extérieur du gouvernement sera infiniment plus confortable pour manoeuvrer. Merci les coucous !
Les défis qui attendent le nouveau gouvernement sont titanesques. D’abord, il ne répond en rien à la sanction exprimée par le vote des Français aux élections municipales et vous aurez remarqué comme moi que le ras-le-bol fiscal qui en a été l’un des moteurs a complètement disparu du paysage. Ensuite, il n’est pas certain que le parcours législatif du mois d’avril qui va voir arriver au parlement le « pacte de responsabilité » soit un lit de roses car la gauche du PS a bien l’intention de faire entendre sa voix. Enfin ce qui en sortira ne sera de toute façon pas à la hauteur pour redonner à notre économie les couleurs dont elle aurait besoin et donc il faut s’attendre à ce que la hausse du chômage et des déficits continuent…
La « chronique de la France qui coule » n’a pas fini de s’enrichir de nouvelles pages et de nouveaux « pactes » !
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