NOUVEAU GOUVERNEMENT : LE FLOP !
04 avril 2014
Un fiasco.
A en croire la presse unanime, le « remaniement » débouche sur un fiasco. Thème général : on prend les mêmes et on recommence. Comment le bon peuple pourrait-il croire que le message de mécontentement exprimé par les récentes élections ait été entendu si on ne change pas une équipe qui perd ? L’arrivée brocardée de Ségolène Royal est tempérée aujourd’hui par l’annonce de l’abandon de sa présidence régionale et de son mandat à la BPI qui posaient un grave problème déontologique. Mais il aura fallu mettre la pression, comme on dit ! Les deux « Dalton » de Bercy ont dû assurer qu’ils parleraient d’une seule voix. Le seul fait qu’ils soient obligés de le confirmer indique bien qu’ils ne sont d’accord sur rien ! Si encore l’exécutif avait osé un Didier Migaud aux Finances et un Pascal Lamy à l’Economie, voilà qui aurait pu changer un peu la donne et redonner un poil de confiance aux Français. Mais tant qu’on ne changera pas le logiciel … Enfin, il y a bien un point sur lequel les Verts devraient être d’accord avec le nouveau Premier Ministre, c’est sur son art du « recyclage ».
Ceux-là n’ont pas attendu. Aussitôt libérés de la contrainte de solidarité gouvernementale, la Duflot s’est lâchée sur l’incapacité de Hollande à « changer de cap » ! Et ça promet pour la suite. Elle veut plus de « vert » et plus de gauche. Mais est-ce bien ce qui est demandé par les Français ? Est-ce comme cela qu’on répondra aux deux défis qu’il faut relever d’urgence pour sortir le pays de l’ornière : entamer un programme drastique de sévères économies pour réduire les dépenses, redonner de la compétitivité à nos entreprises pour qu’elles puissent dès que possible embaucher !
Le malentendu.
Je crains que l’interprétation du vote des municipales n’ait entrainé un grand malentendu. La leçon de cette déroute est difficile à tirer pour François Hollande et son gouvernement. Les abstentionnistes, grands vainqueurs du scrutin, disent qu’ils ne croient pas à la gauche, pas davantage à la droite et pas non plus au Front National. À quoi s’ajoute un malentendu que l’UMP a déjà compris, ce qui explique l’absence chez elle de tout triomphalisme : les Français ne demandent pas l’application d’une doctrine européenne et libérale ou la mise en œuvre d’une sociale-démocratie moderne, mais une baisse des impôts, une hausse du pouvoir d’achat, des emplois. Du concret ! Les Verts, le Front de gauche, l’aile gauche du PS plaident dans ce sens quel qu’en soit le prix en termes de déficit et de dette. Julien Dray a déjà réclamé l’abandon immédiat du pacte de stabilité, clé de voûte du dispositif de François Hollande dans sa lutte contre le chômage. Alors qu’il faudrait faire ce que les Espagnols ou les Portugais ont réalisé : assainir les comptes afin de repartir d’un meilleur pied. Cela passe inévitablement par la « rigueur » et les efforts que les gouvernants actuels repoussent toujours.
La tentation est donc grande, pour le chef de l’État, de tenter d’améliorer sa popularité en satisfaisant d’abord, avec un « pacte de solidarité », les revendications populaires au mépris des fondamentaux économiques et alors qu’à 4,3%, le déficit public pour 2013 est supérieur de 0,2% à l’objectif et que la dette nationale, pendant la même année, est passée de 90,6 % du produit intérieur brut à 93,4 %. Ces résultats sont tout aussi inquiétants que l’abstentionnisme et le rejet des processus démocratiques qu’il implique. Ils annoncent que nous allons continuer à emprunter et que le service de la dette va nous priver de ressources nécessaires à l’investissement. On comprend que l’Union européenne soit inquiète de tels résultats : ils mettent en danger l’assainissement général des finances du continent.
La gauche a payé aussi ses excès sociétaux qui ont fortement clivé la société sur le mariage des homosexuels et l’introduction plus ou moins interprétée de la théorie du genre dans l’éducation. Mais le grand absent des réflexions de la gauche c’est le ras-le-bol fiscal. Les leaders de la droite et du centre insistent tous sur un point au moins : la baisse des impôts. Mais elle doit être impérativement compensée par des économies dans la dépense publique. Si les socialistes rencontrent autant de difficultés pour mettre au régime sec l’État obèse, c’est parce que c’est un travail de Sisyphe, générateur dans un premier temps de pertes d’emplois. Il ne sert à rien aux ténors de la gauche d’expliquer leur échec par l’héritage que leur a laissé Nicolas Sarkozy. Ils n’ont toujours pas compris que la crise fut si violente en 2008 qu’il n’y avait pas d’autre moyen que de nouveaux emprunts pour soigner l’endettement et que, en 2012, il fallait commencer par désendetter le pays.
L'immobilisme.
Le problème de ce gouvernement composé essentiellement de « Hollandais », c’est que l’apport de nouveauté que représentait Manuel Valls, qui a su dans le passé « déplacer les lignes », afficher son indépendance d’esprit et s’affranchir des tabous sur les 35 heures ou la TVA sociale est annihilé par un entourage figé qui lui retire toute liberté de manœuvre. D’où sa prestation tétanisée à la télé. Le voilà même condamné à donner des gages inverses de ce qu’il pense réellement pour espérer obtenir la confiance et ensuite faire voter un pacte de responsabilité qui devrait sortir de l’épreuve parlementaire singulièrement édulcoré si l’on en croit les réticences du groupe PS. Aux entreprises, le Président promet la compétitivité ; à la gauche inquiète, il promet de mettre la pédale douce sur les économies dans les dépenses. Le problème est que renoncer aux efforts que la France n’a jamais faits avant même d’avoir commencé à les accomplir est le plus sûr moyen de n’en mener aucun !
Voilà pourquoi ce gouvernement est condamné à l’échec et la gauche à une nouvelle raclée aux Européennes !
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