LE GROS MENTEUR A L’ŒUVRE
14 janvier 2014
Ceux qui ont assisté à la conférence de presse à l’Élysée ou à la télévision auront remarqué que sa durée, plus de deux heures et demie, constitue un record. Voilà un domaine de la communication présidentielle qui constitue un excès auquel il serait temps de mettre un terme. Et pour apprendre quoi ? Pas grand-chose au point que Michèle Cotta, croyant son micro éteint, s’est lâchée sur France 2 : elle a trouvé Hollande « moche et minable » !
Evidemment, il fallait bien donner du grain à moudre : aussi a-t-il ouvert de nombreux chantiers, répondu aux journalistes, précisé sa pensée à plusieurs reprises, mais s’est obstinément refusé à commenter sa relation avec Valérie Trierweiler si bien qu’on peut en déduire que le ménage présidentiel va mal et qu’une rupture est possible.
Pour le reste, sa grande affaire c’était le lancement du fameux pacte de responsabilité, axé sur trois éléments forts. En premier lieu, une diminution des charges des entreprises par une réduction de 35 milliards de cotisations familiales qui s’ajouteront aux allègements prévus par le CICE (le tout étant inscrit dans la loi de Finance pour 2015) . On notera qu’il reprend une réforme de Nicolas Sarkozy qu’il a défaite en arrivant au pouvoir, sauf qu’on ne voit pas bien comment lui va la financer. En deux, une simplification du travail des entreprises par une réduction des normes légales et par une facilitation des prises de décision, avec la création d’un conseil de simplification ; en contrepartie, les entreprises devront participer davantage à la formation, garder leurs employés seniors, favoriser l’embauche. Il y aura un conseil d’observation et tout sera négocié, après la mise en place du pacte dès ce mois-ci. Et en trois, en avril sera lancé un deuxième train de mesures de simplification. Autant d’usines à gaz qui vont se mettre en place.
La réduction de la dépense publique, censée financer cette série d’innovations, sera placée sous la tutelle d’un conseil stratégique de la dépense. Une nouvelle usine à gaz qui se crée. Le pingouin a parlé d’une économie de 50 milliards sur la deuxième partie de son mandat. C’est beaucoup et c’est peu. On voit bien qu’il ne veut pas vraiment tailler dans le gras des dépenses sociales, qui ferait mal.
Il a récusé tout ce qui peut figurer à son passif : il n’explique son impopularité que par les effets de la crise, sans se rendre compte que celle qui perdure est celle qu’il a créée par son assommoir fiscal. Il prétend qu’il n’a jamais sous-estimé les difficultés, même pendant sa campagne électorale, époque où il disait volontiers que « la crise » c’était la politique de Sarkozy. Il affirme qu’il n’a pas besoin de répéter tous les jours qu’il est social-démocrate et s’étonne de ce qu’on ne le sache pas, alors qu’il faisait tout pour ne pas déplaire à la gauche de sa gauche. Il a même le culot de dire qu’il n’a jamais changé d’avis sur la finance, qu’il présentait naguère comme son ennemie. Ce n’est pas de la finance qu’il s’est rapproché, c’est des entreprises sans lesquelles il n’y aurait pas de créations d’emplois. On a vraiment envie de rire de la nuance. On notera au passage qu’il se garde bien de parler de patrons. Enfin, Il nie être en train de virer de bord : « Ce n’est pas un tournant. Pour tourner, il faut ralentir. Moi, j’accélère ». « Il n’y a pas d’autre voie que la réduction de la dépense », a-t-il martelé, confirmant par là qu’il renonçait à augmenter les impôts sauf si la croissance est insuffisante, a-t-il laissé entendre par ailleurs, ce qui est loin d’être rassurant. Du bon Guignol ! Car tout cela ce sera pour 2015, au mieux. En attendant, pour 2014, c'est toujours 12 milliards de prélèvement sur les ménages !
Et comment va-t-il pouvoir mettre en œuvre ces belles annonces que sa garde rapprochée va aller vendre sur tous les plateaux comme l’alpha et l’omega de la politique ? Comme s’il n’était pas affaibli politiquement, comme si sa majorité allait avaler la part libérale de la potion sans regimber, comme si les syndicats allaient digérer tous ces « cadeaux au patronat » sans broncher… Pour faire croire à sa détermination, il engagera la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée nationale. C’est peut-être la seule annonce honnête de ces deux heures et demie de cirque. Car c’est effectivement, mettre les députés de gauche au défi de censurer le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. A moins que des ouailles centristes et de droite ne viennent à son secours. Il n’est pas impossible que Machiavel y ait pensé.
Je vous passe la partie pendant laquelle Il a affirmé qu’il avait énormément travaillé pendant les dix-huit premiers mois de son mandat et, pour appuyer ses dires, il s’est référé à sa pseudo réforme des retraites. Il continue de prétendre qu’il a « stabilisé » le chômage (mensonge), rappelle qu’il a réduit le déficit budgétaire (mensonge) sinon la dette, qui elle augmente, présente la création de 13 grandes métropoles comme une réforme majeure, alors qu’elles s’ajoutent au mille-feuille administratif et, sur ce point, il promet une simplification dans le découpage du territoire. Autant de points sur lesquels on pourrait se jeter pour en contester l’intérêt.
On peut se demander si 50 milliards de réduction de la dépense, pour autant qu’ils soient trouvés, suffiront à redresser nos comptes et s’il n’en faudrait pas plutôt deux ou trois fois plus.
Il est apparu fidèle à lui-même : un gros menteur. On a surtout compris qu'il était prêt à tout pour sauver sa peau en 2017. La France n’est pas près de se relever avec lui.
C'est vrai que le président se voile la face. Bien que beaucoup de personnes pensent qu'il modifie sa politique avec les dernières annonces, je pense plutôt qu'il n'en est rien. Il base, encore une fois, sa politique sur des promesses, notamment dans mon secteur (l'immobilier). Il ne reste plus qu'à attendre l'année prochaine pour voir si celles-ci seront bel et bien appliquées !
Rédigé par : Antoine | 15 janvier 2014 à 15:51