MAIS QUELLE MOUCHE A PIQUE FILLON ?!!
17 octobre 2013
« Eh, quand est-ce qu’il arrête ses conneries, Fillon ? »…
Cette interpellation d’une connaissance connue pour ses opinions à droite mais ni adhérente ni sympathisante de l’UMP en dit long sur l’état de l’opinion à l’égard de François Fillon. La descente de sa cote d’amour dans les sondages n’est donc pas imaginaire.
Voilà pourtant un homme qui a la réputation d’être un bon gestionnaire. Avec Nicolas Sarkozy, il a su à la tête du gouvernement limiter la casse. Lors de la crise de l’Euro, en 2010-2011, il a su faire les ajustements budgétaires avec des prélèvements qui n’ont pas plongé le pays dans la récession, tout en faisant passer le déficit de 8% à moins de 5%. Une gestion sérieuse, reconnue par la cour des Comptes, qui a permis à la France de respecter la trajectoire de réduction des déficits en accord avec l’objectif défini par Bruxelles.
De même, à la tête des Pays-de-la-Loire, il avait fait la démonstration de ces mêmes qualités, dont les électeurs abusés par la propagande démagogique du « ko social » en 2004, ne lui ont pas été gré puisqu’il a été battu, laissant une région peu endettée avec un niveau d’investissement élevé et des dépenses de fonctionnement maitrisées.
Bon gestionnaire, il n’est pas non plus un mauvais politicien, qui a plutôt l’habitude de « parler vrai », comme en témoignent ses écrits sur l’Etat réel de notre pays et ses déclarations sur « l’Etat en faillite ». Son positionnement comme « gaulliste social » le classe sur l’échiquier comme appartenant à la droite modérée, même si cela ne veut pas dire mou sur les convictions. Fillon, avec son air de premier de la classe sage, est en réalité une lame d’acier. Les propositions qu’il fait sur le plan économique sont cohérentes et plutôt attendues par l’électorat de la droite et du centre, et il fait une analyse fine et intelligente de l’état de la société et de la situation politique dans notre pays. Le soi-disant dérapage sur « le vote pour le moins sectaire » bien exploité par la concurrence et le tam-tam médiatique, assisté par le chœur des vierges effarouchées, n’est qu’un épiphénomène dont on sait qu’il ne repose pas sur les convictions racistes qu’on lui prête.
Alors, qu’est-ce qui cloche ?
Son discours devrait faire mouche. Il fait « flop ». Pour trois raisons.
D’abord, parce que l’opinion de droite n’a pas encore fait son deuil de la défaite de 2012, qui n’est toujours pas assimilée à un échec, mais à une demi-victoire par le faible écart réalisé par Nicolas Sarkozy, alors que pendant des mois on l’avait assigné à résidence dans les bas-fonds de l’impopularité. On dit qu’il faut deux ans pour faire son deuil… Nous sommes encore en période de nostalgie sarkozyenne, renforcée par les erreurs de son successeur qui a plongé notre pays dans un marasme historique et une hystérie fiscale sans précédent. Aller contre ça, c’est pisser contre le vent. L’opinion attend le « retour », comme elle attendait celui de « l’Aigle » en 1814. Et comme l’intéressé est bien vivant et montre des signes d’intérêt…
Ensuite, le traumatisme de l’élection ratée de la présidence de l’UMP, l’année dernière, n’est pas encore oublié. J’entends encore des reproches à ce sujet et mes interlocuteurs ont tendance à renvoyer dos à dos Fillon et Copé. L’atteinte a été plus profonde qu’on ne croit. Tout ce qui va dans le sens d’une absence de cohésion est d’autant plus mal vécu. Il faut donc laisser du temps au temps. Jean-François Copé semble l’avoir compris. La « vaisselle cassée » de François Fillon tombe plutôt mal.
Enfin, parce qu’il intervient à contretemps du temps politique. C’est comme dans un orchestre : quand un musicien a un temps d’avance, il fiche la mélodie en l’air. Il nous joue la « symphonie présidentielle » quand l’opinion attend le « concerto municipal ». Il ne faut pas s’étonner que le résultat soir discordant. L’opinion n’est pas prête à entendre des propositions pour 2017, alors que les gens sont plongés quotidiennement dans des difficultés sans nom pour trouver un emploi, pour faire face à leurs impôts, pour acheter de quoi manger ou pour se loger. Les élections sont si loin, alors qu’on vient tout juste d’en sortir.
Il y a pourtant une raison qui le pousse à agir
... Peut-être la seule vraie : François Fillon sait que Sarkozy va sortir du bois et il connait « l’animal » : il part à fond, et ensuite il accélère. Avoir un peu d’avance ne ferait pas de mal. Seulement voilà, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.
François Fillon paie le prix de sa précipitation.
Commentaires