VILLENEUVE : UN RESULTAT SANS SURPRISE !
18 juin 2013
Et de huit ! Une législative partielle de plus qui voit le PS renvoyé dans les cordes sans aucune forme de procès. Rue de Solférino et à Matignon, on va gloser sur les conséquences inéluctables de la trahison de Cahuzac. Certes. Mais cela n’explique pas tout. Les lunettes roses sont à courte vue. L’effet boomerang est bien plus profond : c’est le désarroi profond de l’électorat populaire à qui on a fait prendre des vessies pour des lanternes et qui se retrouve en première ligne face au chômage, à la baisse du pouvoir d’achat et aux augmentations d’impôts. Et qui sait que le pire est encore à venir, pas rassuré du tout par la tête de l’exécutif qui passe son temps à danser la polka entre les patrons, les syndicats, les Français et l’Europe : deux pas en avant, trois pas en arrière.
A Villeneuve sur Lot, on aurait pu écrire le scénario du dimanche soir à l’avance : un candidat du PS éliminé dès le 1er tour par l’effondrement de son électorat, dégoûté par les promesses non tenues, et descendu par ses cousins Front de Gauche et écolos, un candidat FN qui fait un score d’autant plus visible qu’il est obtenu avec une abstention de 50% (c’est l’effet « captif »), et le candidat UMP qui arrive en tête malgré tout, et surtout bien qu’il soit concurrencé par des candidatures multiples sur sa droite. On a une configuration vraiment intéressante qui offre un modèle de ce qui peut se passer en France ailleurs : la combinaison d'un retrait des électeurs modérés, déçus ou démobilisés, et d'une participation plus importante des électeurs protestataires.
Dès lors, le PS n’avait pas d’autre choix que d’appeler à « faire-barrage-à-l’extrême-droite » en votant pour le candidat UMP. On verra bien si la dynamique mariniste s’arrête là ou si, comme à Pontoise, elle reçoit le renfort des voix… du candidat PS. De ce point de vue, le résultat du 2ème tour sera un enseignement pour l’avenir. Car, si dans un territoire aussi acquis à la laïcité, à la tradition de gauche radicale-cassoulet, le FN devait l’emporter, il y aurait du mouron à se faire dans les rangs du parti à la rose. C'est pour le PS que c'est très compliqué à gérer. Car il y a quelques jours, les propos du PS sur l'UMP étaient très sévères. De ce fait, son appel à voter UMP perd en crédibilité. Son sectarisme est une vraie difficulté.
Le Front de Gauche recule aussi, ce qui n’est pas surprenant à cause de la porosité de l’électorat populaire aux idées de l’extrême droite. Le PS n’explique pas non plus pourquoi la déception à son égard ne s'est pas transformée en participation au profit de ses « alliés » de gauche, il préfère leur faire porter le chapeau de la défaite en ayant présenté des candidats, et cela malgré de bien maigres résultats, là aussi.
L'UMP se trouve donc confrontée au FN, ce qui valide la thèse de ceux qui pensent qu'il ne peut y avoir qu'une compétition, une opposition, et non une alliance, entre FN et UMP. Car on a beau suspecter l’UMP de proximité avec l’extrême-droite, alors qu’elle n’a jamais passé d’accord électoral avec elle, c’est bien l’inverse qui est maintenant posé : dans les élections à venir, l’élimination de la gauche au 1er tour n’est pas une hypothèse d’école, et il y a gros à parier que le cas va se reproduire très souvent.
C'est une tendance que nous observerons dans les mois qui viennent en raison de la crise économique et sociale et des difficultés structurelles que rencontrent les Français, avec le risque de les voir se détacher des partis de gouvernement pour préférer l'abstention ou la protestation au profit de partis d'extrême-droite. Le spectacle des affaires, largement orchestré, participe de ce mouvement.
Maintenant, c’est bel et bien l’UMP qui se retrouve dans le rôle du rempart face à la progression du FN. Cela ne peut pas être sans incidence sur son positionnement et sur ses propositions. La droite et le centre ont une carte à jouer en matière de sécurité, d’immigration, de développement économique, d’Europe, autant de sujets sur lesquels les Français attendent des réponses, non seulement en rapport avec leur vie quotidienne, mais aussi pour croire à nouveau dans l’avenir, le leur et aussi celui du pays.
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