NKM : UNE VICTOIRE PLEINE DE PROMESSES
07 juin 2013
Avec 58,16 % des voix, Nathalie Kosciusko-Morizet a remporté la primaire de l’UMP pour la candidature à la mairie de Paris. C’est une belle victoire ! D’autant plus qu’elle a été combattue par la « Droite forte en gueule », et notamment par Guillaume Peltier, qui voulait lui faire payer son abstention au scrutin sur le mariage pour tous.
Le succès de NKM, est d’abord une victoire pour elle-même. L’ancienne ministre a abandonné sa mairie de Longjumeau pour se présenter à Paris où certains et pas les moindres, l’ont accueillie comme une intruse et, surtout, n’ont pas manqué de le faire savoir. On peut lui prêter le défaut d’être calculatrice et sur le mariage homosexuel, penser qu’elle s’est abstenue car elle ne voulait s’aliéner aucun de ses électeurs potentiels. Elle est certainement carriériste et regarde peut-être au-delà de la mairie de Paris. Mais enfin, il ne faut pas oublier qu’une élection c’est d’abord une addition de voix, et que l’ambition est le moteur de tout candidat. Et peut-on lui reprocher d’être gracile, évanescente, jeune, blonde et souriante, et de savoir jouer de sa féminité pour conquérir des votes ?
Elle n’en est pas moins une voix qui tranche avec le machisme de l’UMP, avec la tentation d’une droite trop droitière. Qu’elle ait gagné dans le climat d’intolérance généré par des marginaux activistes de la manif’ pour tous, qu’elle ait très bien résisté aux appels outranciers portés par M. Peltier, montre assez que les militants du parti de la droite et du centre n’ont pas oublié d’où ils viennent, qu’une majorité d’entre eux se retrouve en elle, et que les plus bruyants ne sont pas forcément les plus populaires.
Mais surtout, au-delà de la victoire ponctuelle d’une femme qui a une autre classe que ses concurrents et d’un événement qui ne lui assure aucunement le poste qu’elle convoite, il y a autre chose de bien plus important. D’abord, d’une certaine manière et en dépit de la contestation pour le moins intempestive de Pierre-Yves Bournazel, dans le rôle de la mouche du coche, l’UMP, dont on disait que sa « culture » était imperméable à l’esprit démocratique de la primaire, a réussi l’exercice, même si le nombre de votants reste insuffisant. Ensuite, et ce n’est pas négligeable pour la droite, NKM a une chance sérieuse de l’emporter contre Anne Hidalgo, solide adversaire qui a l’expérience de la capitale et tout autant de charme personnel.
Enfin, il n’est pas du tout indifférent que la tendance NKM l’ait emporté après avoir été combattue avec une surprenante vigueur par la droite forte. Il n’est pas indifférent que Jean-François Copé se félicite de sa victoire qui compte moins que la défaite des Peltier, Wauquiez, Buisson. Cela ouvre une perspective intéressante de régénération de l’UMP, avec une montée en puissance de personnalités comme François Baroin et Bruno Le Maire. N’oublions pas que NKM n’est pas du genre à se renier, et qu’elle a su gagner dans sa circonscription en étant la bête noire du FN. La victoire de NKM est un coup d’arrêt à une dérive qui pouvait aliéner les centristes de l’UMP et à un phénomène qui, à force de divisions et d’affaiblissement, pouvait conduire le parti à être livré pieds et poings liés à l’extrême-droite. Bien sûr, l’hirondelle NKM ne fait pas le printemps de l’UMP. Mais elle indique une voie. C’est un rééquilibrage bienvenu.
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