ARMISTICE ?
08 mai 2013
Il n’y a plus de guerre entre Jean-François Copé et
François Fillon. La signature d’un communiqué commun à propos de l’attitude du
PS envers l’Allemagne marque même une volonté d’apaisement. Cela ne veut pas
dire que tout est réglé, mais on en est probablement à la paix armée, ce qui
est toujours un progrès. Il faudra rapidement passer à la paix tout court s’ils
veulent tous les deux que l’UMP retrouve une crédibilité complète. L’avancée
des travaux sur les statuts la laisse augurer, un accord pour renoncer à un
nouveau vote en septembre la scellerait.
Cela n’empêche pas chacun de jouer sa participation. Cacophonie ? Non, mais répartition naturelle des rôles. L’ancien premier ministre utilise son expérience et son autorité pour occuper la posture de critique acerbe du bilan socialiste sur un ton retenu, alors que Jean-François Copé enfourche sa monture caracolante chargeant sabre au clair sur les erreurs de l’exécutif et ses résultats désastreux. La sagesse d’un côté, la fougue de l’autre.
Face à un exécutif qui a atteint en un temps record un sommet d’impopularité, l’UMP passe à l’offensive pour le premier anniversaire de l’élection de François Hollande Des affiches et des tracts avec un chef de l’Etat ruisselant de pluie le jour de sa prise de fonctions barrés de « l’échec. » sont placardées dans tout le pays. Jean-François Copé a adressé un message vidéo aux adhérents de l’UMP, dans lequel le président du parti dénonce un « immense gâchis ». Il organise des meetings en pagaille et notamment, celui qu’il a animé à Nîmes, où il a développé tous les sujets de « l’échec cuisant » de cette première année et proposé de bâtir « une autre politique ». Une convention du parti se réunira le 15 mai pour traiter du bilan de cette première année. Ce constat, est partagé en interne. François Fillon a stigmatisé, lui aussi, en en déclinant toutes les facettes, un « échec économique, politique, moral et européen ».
Nous avons besoin des deux.
Une partie de nos électeurs aiment le discours ferme et sans concession de François Fillon qui ne passe rien au pouvoir en place, tout en cherchant, par la forme utilisée, interviewes écrites au monde, au 20H de TF1 ou à la radio, sa stature d’homme d’état. Il ne fait pas mystère de son ambition : il vise 2017. La partie la plus active des adhérents de l’UMP se reconnait dans l’activisme du président du parti. La campagne d’affichage, les meetings, les initiatives pour préparer les municipales, accompagnées de déclarations violentes et de formules choc comme « le printemps des cons » ont pour objectif de mobiliser le plus grand nombre, de retenir ceux qui seraient tentés par le FN, et même de marcher sans le dire sur les plates-bandes du parti d’extrême-droite. L’un veut séduire largement et peut être entendu des modérés du centre. L’autre est davantage susceptible de plaire aux jeunes et à ceux qui attendent un discours identitaire plus tranché et explicite. Mais à bien y regarder, si on fait abstraction du style, ils disent tous les deux, peu ou prou, la même chose. Ce sont les deux faces d’une même médaille.
Le lien avec Nicolas Sarkozy reste fort.
Reste que même sans sa querelle des chefs, l’UMP et l’électorat de droite restent majoritairement attachée à Nicolas Sarkozy qui trouble quelque peu le jeu par les signaux qu’il envoie. Dans les derniers sondages d’intention de vote, Nicolas Sarkozy a même retrouvé son niveau du premier tour de 2007.
Du coup, le travail du parti et les propositions qu’il élabore passe au second plan et il ne semble pas engranger les dividendes des difficultés de l’exécutif. Même s’il a gagné toutes les législatives partielles depuis un an. C’était dans des circonscriptions « historiquement de droite », souligne Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique de l’Ifop. En détail, les personnalités de droite caracolent à un très haut niveau de popularité, Nicolas Sarkozy en tête, mais aussi Alain Juppé ou François Fillon. Sans que l’UMP en bénéficie. Le fait que l’ancien président, à l’écart de l’UMP, soit celui qui incarne le leadership, est une faiblesse pour un grand parti de la Vème République dont l’objectif est d’être porteur d’un projet présidentiel. En tant que formation politique, il n’a pas donné, avec la crise de l’automne 2012, une image valorisante et peine aujourd’hui à incarner une alternative crédible. « Sarkozy aurait fait mieux », les Français sont catégoriques, mais si on demande si « l’opposition aurait fait mieux », ils ne sont plus que 38% à l’affirmer. Jean-François Copé l’a bien compris qui manifeste, à chaque occasion sa fidélité à l’ancien président, au contraire de François Fillon qui cultive sa différence.
Une stratégie de reconquête.
C’est donc uns stratégie sage de reconquête avec répartition des rôles qui a été mise en place rue de Vaugirard. Reste à espérer que le rouleau compresseur fera son office, car l’UMP est malgré tout une grosse machine bien implantée dans tous les départements. Il faut éviter d’être pris en tenailles entre un pouvoir socialiste qui va se recentrer et faire des réformes et un Front national en ascension, pour gagner le pari de la « vague bleue » aux municipales. Le temps passe vite, il ne faut plus en perdre.
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