AU PIED DU MUR
19 février 2013
Recul de 0,3% du PIB au 4ème trimestre 2012, croissance nulle sur l’ensemble de l’année et perpectives d’une nouvelle année identique. Le coup de frein est très net. Si la stagnation du début de l’année 2012 était due à l’effet des ajustements Fillon et à la période attentiste inhérente à toute campagne électorale majeure et après la très relative embellie du 3ème (+0,1%) générée par les quelques mesures de distribution du début de mandat, le plongeon du dernier trimestre, lui, est bien le résultat des 27 milliards d’impôts votés par la gauche à travers 80 taxes et prélèvements divers. J’avais dit que l’économie était plantée dès le mois de septembre. On le constate aujourd’hui dans les faits.
Ce qui s’annonce pour 2013 est pire que prévu. La croissance chimérique de 1,2% rabaissée à 0,8% pour le budget, non seulement ne sera pas de 0,2% comme voudrait encore le croire nos gouvernements, mais nulle, voire négative. Cela veut dire que l’objectif des 3% de déficit ne sera pas atteint, et surtout, que pour exécuter le budget, il va falloir trouver soit de nouvelles recettes, soit tailler franchement dans les dépenses. Comme la philosophie de ceux qui sont au pouvoir, c’est plutôt la dépense que l’économie, c’est à une nouvelle pluie de taxes et d’impôts qu’il faut se préparer. La pire des solutions qui aggravera le blocage.
La descente aux enfers ?
Ne doutons pas que les instances européennes vont mettre la pression pour que la France tienne ses engagements de réduction du déficit. Ne doutons pas que les marchés ne vont pas tarder à prendre acte de la situation périlleuse de l’économie française en faisant monter les taux d’intérêts sur les emprunts. L’aggravation de la facture n’est pas une hypothèse. Elle devient chaque jour un peu plus certaine. La question est quand cela arrivera-t-il ? Ce sont en tout état de cause des milliards supplémentaires à trouver.
Investissement, consommation, exportations : tous les moteurs de l’économie sont à l’arrêt. Il ne suffit pas de faire quelques voyages de tourisme marchand, de se distraire à l’international, de se porter au chevet de la Grèce quand on n’a pas un sou vaillant, pour convaincre les décideurs et les consommateurs de croire à l’avenir, les exportateurs de vendre des produits trop chers par manque de compétitivité. Au demeurant quel bilan peut-on tirer de tous ces coups de moulinets sur la scène européenne et mondiale ? La presse est bien discrète sur le fiasco français de l’accord budgétaire européen et sur les retombées en contrats du voyage en Inde.
Le Président aura-t-il le courage de changer de politique ?
Le gouvernement Ayrault est au pied du mur. Il va être contraint de faire de nouvelles économies, de réduire la dépense sociale, de s’attaquer au dossier des retraites. Bref, de mener ce que la gauche de la gauche appelle une politique libérale. Cela va creuser un peu plus le fossé avec le Parti communiste et une fraction du PS. Le congrès du PCF l’a officialisé : les communistes sont clairement dans l’opposition. Du moins au niveau national, car ils entendent sauver leur alliance avec le PS pour les municipales. François Hollande et son gouvernement se retrouvent désormais très isolés, pris en étau entre la droite et la gauche radicale. Ce qui va être très compliqué à gérer. D’autant que sur la scène européenne, le dernier sommet de Bruxelles l’a montré, le couple franco-allemand ne fonctionne plus comme par le passé.
Avec une population en progrès de plus d’un million et demi d’habitants, la France n’a pas produit davantage qu’il y a quatre ans. Dans ce paysage conjoncturel déprimé, Il ne suffit pas seulement de réviser une prévision de croissance dont on savait dès le départ qu’elle était trop élevée. Il faut aussi cesser de raconter des histoires : la croissance ne reviendra pas de sitôt. Les consommateurs sont encore très endettés et pour ceux qui ne le sont pas, tentés de thésauriser en prévision de jours sombres. Les banquiers encore convalescents ne sont pas en mesure de financer correctement l’activité. Beaucoup d’entreprises n’ont pas retrouvé leur compétitivité.
Sans croissance, il faut tailler d’abord dans les dépenses !
Cette disparition de la croissance constitue un changement majeur. Les chefs d’entreprise ont commencé à s’organiser en conséquence, le plus souvent dans la douleur en sabrant dans leurs effectifs, leurs investissements et leurs stocks, en traquant le cash, en cherchant de nouveaux marchés à l’autre bout du monde. La gauche au pouvoir va devoir, elle aussi, changer radicalement sa manière de voir et d’agir. Car sans croissance, il n’est plus possible d’arbitrer entre les taux de progression des différents ministères ni de présenter une moindre hausse des dépenses comme une baisse. Il faut désormais oublier un programme bâti sur l’hypothèse d’une activité en progrès de 2 % l’an à partir de 2014… L’équipe au pouvoir ne peut plus vivre avec cette chimère. Elle doit décider dans la vraie vie. Et comme il serait périlleux d’augmenter une pression fiscale déjà en overdose, elle doit faire de vrais choix dans les modes d’intervention de l’Etat.
En évitant quelques écueils et quelques clichés qui ont la vie dure. A savoir que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, l’austérité, ça paye. Les pays d’Europe du sud commencent à récolter les premiers fruits de leur effort. Ils regagnent en compétitivité et leurs exportations progressent de 4% à 13% selon les pays. L’Italie affiche un excédent commercial en 2012 proche de 10 milliards d’euros…. A savoir aussi que la dévaluation compétitive relève d’une stratégie du passé : il suffit d’observer les statistiques commerciales pour que chacun se rende compte de l’ineptie de ces politiques. La Grande Bretagne qui ne s’est pas privé de faire baisser sa monnaie (- 20%) se retrouve avec un déficit commercial de 152 milliards d’euros et une croissance en berne. La valeur de l’euro n’est pas un obstacle. Il faut chercher ailleurs. A savoir que pour relancer la croissance, il n’y a pas cinquante recettes : il faut investir, investir, investir. Il est possible de libérer l’économie de ses entraves, au lieu de mettre des semelles de plomb à nos entreprises : alléger les charges sociales, simplifier les réglementations. Avec les excès idéologiques on paralyse la circulation des richesses, alors qu’une régulation bien ajustée premet au contraie de la fluidifier… en un mot : libéraliser l’économie.
Le problème c’est que le gouvernement est soutenu par une majorité qui a été élue pour faire le contraire. Il faut choisir entre le rêve qui devient cauchemar et la réalité, aussi dure soit-elle.
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