IL Y A LE FEU ?
30 janvier 2013
L’accumulation des chiffres qui tombent fait peur. Les Français ne sont pas rassurés quant à leur avenir, c’est peu dire. Y a-t-il le feu, comme le proclame un ancien premier ministre socialiste, expert pour faire des diagnostics, mais toujours en retard d’une guerre pour les solutions ? La dette du pays dépassera bientôt 1900 milliards d’euros ce qui générera 46 milliards d’euros d’intérêts ; pour assurer le financement des retraites, il va falloir trouver 21 milliards, et le déficit cumulé de l’Unedic court vers les 20 milliards… Il faut aussi compter avec le déficit de la sécu et la dette sociale. Comme chaque année, dès l’automne les caisses de l’Etat seront vides et il faudra payer les fonctionnaires à crédit !
Voilà pourquoi toutes les institutions, françaises comme européennes et internationales, pressent le gouvernement de remettre de toute urgence de l’ordre dans nos finances publiques.
Non, la France n’est pas en faillite, heureusement.
C’est même un pays riche avec les 11 000 milliards d’euros détenus et thésaurisés par les ménages. C’est l’Etat qui est en faillite, puisque cette année le taux de la dette va atteindre plus de 91% de la richesse produite. Après avoir utilisé l’arme fiscale au-delà de la raison, il ne reste plus que la diète sévère de la dépense publique.
Alors, il faudrait peut-être arrêter de tergiverser. Si l’on veut que l’épargne détenue se remette à financer dépenses de consommation et investissements, toutes choses nécessaires qui peuvent relancer la croissance et l’emploi, il convient de rétablir la confiance aujourd’hui disparue. Cette confiance, elle ne reviendra pas avec des discours comme celui que vient de nous tenir Mme Belkacem, au sujet du financement des retraites : « Il n’y aura ni augmentation des cotisations, ni allongement de la durée du travail, ni diminution des pensions. » Peut-on souscrire à pareils mensonges ? Ce serait croire que le gouvernement possède une baguette magique. Inévitablement, il faudra bien agir sur l’un de ces paramètres, voire les trois ! Tant que nous entendrons ce genre de fadaises, le climat de confiance ne pourra que se détériorer.
L’explosion n’est pas loin.
Et ce n’est pas en détournant l’attention sur des sujets sociétaux, eux aussi contestables et qui divisent les Français au lieu de les rassembler, que la situation va s’améliorer. Car, à force de désespérer tout le monde, en mentant aux ouvriers à leur faire croire que les riches paieront, aux classes moyennes à leur faire croire, au mépris de la réalité, qu’elles ne sont pas visées, aux partenaires sociaux à leur faire croire que la dépense publique sera maintenue, en activant les clivages sur le vote des étrangers ou sur le mariage homosexuel, le moment arrive où, forcément, la révolte gronde.
C’est le moment que choisit Mme Taubira pour diffuser une circulaire qui doit faciliter la « naturalisation » des enfants conçus illégalement à l’étranger de mères porteuses, pour les couples homosexuels, après avoir recommandé moins de prison pour les délinquants, après avoir supprimé les peines planchers, la rétention de sûreté pour les criminels dangereux et les tribunaux correctionnels pour mineurs. Et l’on voudrait que les Français soient rassurés !
Les Français sont très lucides sur l’état du pays.
Une enquête d’Ipsos vient confirmer cette colère encore souterraine. Et les Français y font preuve d’une outrecuidance que nos classes dirigeantes feraient bien d’écouter. L’enquête nous révèle leurs constats : la France va mal, elle est en déclin, la souveraineté nationale doit être renforcée. On est en manque d’autorité et d’ordre public, les gouvernants sont jugés corrompus et soucieux d’eux-mêmes et de leurs intérêts personnels avant tout, les journalistes sont étrillés, nous manquons d’un vrai chef, il y a trop d’étrangers en France et ceux-ci sont associés à une religion intolérante et incompatible avec nos valeurs.
Inutiles de vous pincer le nez. Ce crédo n’est pas celui des partisans lepénistes. Les fourchettes varient de 50 à 85 % et concernent des Français de droite et de gauche, des jeunes et des vieux. Il sera difficile de nier le phénomène en le réduisant à la « France qui pue » comme on aime dire dans les milieux bobos ! Si nos élites continuent de la nier, pour certaines de l’ostraciser, il faudra craindre le pire, soit dans les urnes, ce qui serait un moindre mal, soit dans la rue. Et quand on annonce 300 000 personnes quand il y en a un million, on ne prend pas le bon chemin : ces Français ont le sentiment qu’on les prend pour des imbéciles.
Voilà aussi qui apporte de l’eau au moulin de la réflexion sur le positionnement de l’UMP. Copé aurait donc raison contre Fillon ? Pas si simple. Mais de grâce, ne soyons pas aussi autistes que la gauche.
Il n’y aura pas de retour de la confiance si on n’écoute pas le peuple. Les Français reprendront espoir avec ceux qui leur manifesteront de l’intérêt et qui auront pris en considération ce qu’ils disent.
Oui, il y a le feu ! Copé, Fillon, ouvrez vos yeux et vos oreilles !
Extrait des commentaires du sondage : L’enquête fait apparaître une adhésion parfois massive à certains propos xénophobes et une forte crispation autour de l’Islam.
- 70% des Français se sentent proches de l’idée selon laquelle « il y a trop d’étrangers en France » (contre 30% qui se positionnent sur l’item opposé : « il n’y a pas trop d’étrangers en France »).
- Pour 67% des personnes interrogées, « on ne se sent plus chez soi comme avant » (contre 38% qui estiment qu’on se sent « autant chez soi aujourd’hui qu’avant »).
- Enfin, près de trois Français sur quatre (74%) pensent que la religion musulmane n’est pas tolérante et pas compatible avec les valeurs de la société française (contre respectivement 28% et 11% pour la religion catholique et 34% et 25% pour la religion juive).
On savait l’opinion publique française pessimiste et inquiète depuis longtemps. On la découvrait à chaque enquête annuelle de plus en plus défiante. On la mesure maintenant dans le repli, la crispation identitaire et un rejet profond de l’Islam.
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