QUOI, VOUS AVEZ DIT « DROITISATION » ?
05 novembre 2012
Voilà un nouveau gros mot.
« Droitisation » : quelle horreur ! Ce concept a été inventé par la gauche évidemment, pour faire oublier que la gauche c’est la « senestre » en vieux français, qui a donné l’adjectif « sinistre ». Laissant croire, en un savant tour de passe-passe, que la droite serait porteuse de tous les malheurs, nos bobos de service ne sont pas en reste pour clamer leur indignation. Et il arrive que celle-ci gangrène même des gens de chez nous, on l’a vu avec « l’affaire » du pain au chocolat. Et pourtant !
Lutter contre la « droitisation » de la société revient à vouloir bloquer un tsunami avec une digue de roseaux. Effet du vieillissement, mais pas seulement ! Jamais le besoin de règles, d’autorité, de repères ne s’est fait autant sentir, notamment dans les couches les plus populaires de la France silencieuse. Et toutes les études d’opinions concordent : la France se « droitise » !
Ce phénomène était déjà perceptible en 2007, et avait participé largement à la victoire de Nicolas Sarkozy qui avait su en capter l’expression électorale. Il a continué à croître sous l’effet conjugué des crises successives, de la montée du chômage, et de l’impuissance à régler définitivement les phénomènes communautaires, l’immigration et l’insécurité. Cette montée n’est pas que française, elle est européenne comme l’a fort bien analysée Dominique Reynié dans son ouvrage sur la montée des « populismes » : la « pente fatale » est bien là. La récente victoire des populistes flamands à Anvers n’en est qu’un épiphénomène de plus.
Les élections de 2012 ont été un révélateur en France. D’abord avec le résultat de Marine Le Pen, bien que Nicolas Sarkozy ait fait un score important, et plus précisément le vote « conservateur-populiste » dans de nombreuses communes rurales qui ne peut pas s’expliquer par une pression « communautaire ».
Oui, il y a dans notre pays une montée rapide du « populisme patrimonial » et la gouvernance de gauche ne fait que l’amplifier, à la fois en volume et en vitesse de propagation.
Les causes sont multiples, mais reposent essentiellement sur la peur.
Les Français n’ont pas confiance dans le gouvernement. Les signaux multiples de laxisme qu’il a envoyés, la recrudescence de la violence dans certains quartiers, associés à des projets sociétaux qui divisent plus qu’ils ne rassemblent, qu’il s’agisse du vote des étrangers ou du mariage des homosexuels, les détachent de plus en plus d’un gouvernement dont ils ne saisissent ni le cap, ni le projet. En témoignent la chute vertigineuse de la cote de popularité du couple exécutif.
Les Français ont peur de l’avenir. Ils sont tétanisés par l’explosion fiscale dont ils ont bien vu tout de suite que le « 9 sur 10 qui ne seraient pas touchés», proclamé par le premier ministre, était un mensonge. Ils ont peur de devenir des Espagnols ou des Grecs : ils voient bien la dégradation de notre économie, l’avalanche des plans sociaux et la montée du chômage. Ils sentent confusément que les 30 milliards de prélèvements supplémentaires, la stigmatisation des chefs d’entreprises, la fuite des riches, vont finir d’asphyxier la croissance. Tout les dissuade de consommer et d’investir, ce qui aggrave encore la situation.
Les Français ont peur de l’Islam. Ils sont aujourd’hui près de 60% à trouver que l’influence et la visibilité de l’Islam sont aujourd’hui « trop importantes ». C’est l’Ifop qui le dit. Ce n’est pas du racisme que de faire ce constat. Le sentiment de « dépossession » progresse en même temps que l’opinion se radicalise. Pire, 43% des sondés considèrent l’Islam comme une menace et les questions sociétales sont au cœur du sujet : voile, nourriture, pratique cultuelle, … sans parler des violences, du racisme anti-blanc, monnaie courante dans certains quartiers et établissements scolaires. Rien ne sert de nier ces réalités. Et quand on analyse les causes de rejet, on trouve en premier lieu, le « refus de s’intégrer à la société française », lié au « rejet des valeurs occidentales ».
Dans leurs discours, François Fillon et Jean-François Copé montrent qu’ils ont pris la mesure de ces difficultés. Mais seul Jean-François Copé semblent en tirer les leçons concrètes. Il faut en effet accompagner ce mouvement de fond venu des profondeurs du peuple de France. Il ébranle le personnel politique traditionnel attaché à ses visions conventionnelles. Avec sa « droite décomplexée », celui-ci apporte une réponse juste à la France « éruptive » des « sans voix ». Avec son appel à la résistance et à la mobilisation, il entre en résonance avec la vague conservatrice des citoyens qui n’ont de richesse que leur culture, et a une chance de la détourner de la tentation de l’extrémisme. La popularité actuelle de Marine Le Pen montre assez bien ce mouvement. Pour cela il faut, comme il le fait, refuser la mise en concurrence des identités.
Quitte à avoir une « insurrection civique » comme la réclame Jean-Luc Mélenchon, autant qu’elle soit canalisée. Et comme les socialistes et la gauche restent prisonniers de leurs dogmes, la place est vacante. Et après tout, la gauche au 1er tour de la présidentielle n’était pas majoritaire, avec seulement 44% des voix. La France est donc majoritairement à droite. Un constat appelé à se consolider. Ne pas monter dans le train, c’est aller à la défaite assurée.
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