L'ETRE ET LE NEANT
10 septembre 2012
Vu de loin, la politique française parait bien minable.
Pendant cinq ans nous nous étions habitués à la réactivité du Président et du gouvernement face aux événements et aux crises successives qui ont secoué la planète et touché la France, déclenchant crise financière, puis économique et enfin sociale. Tout le monde a souligné la gestion exemplaire des conséquences par Nicolas Sarkozy. Son action internationale a posé les fondements de la gestion au niveau mondial et européen : G20, sommets de l'UE, avec les accords qui en ont découlé. On a alors parlé d'hyper-activité. Il fallait bien ça pour que notre pays tienne son rang. Et il l'a tenu. Les Français s'y étaient habitué. Au point qu'aujourd'hui ...
Depuis le mois de mai, un vide vertigineux a fait suite. Le vide après le trop plein. L'être et le néant. C'est que le "président normal" ne remplit pas du tout l'espace auquel l'opinion s'est habituée. Les vacances ont paru surréalistes alors que l'actualité nationale et internationale continuait à alimenter les médias. Un président qui passe son temps sur les plages avec sa favorite à signer des autographes et un gouvernement aux abonnés absents, qui fait dire à un ministre, que le premier d'entre eux devrait descendre de son "camping car"... Le sentiment dominant prend corps que la France est gouvernée par un "capitaine de pédalo".
Il est difficile de succéder à un président comme Sarkozy. Quoi qu'il fasse, son successeur est obligé de mettre ses pieds dans les pas de son prédécesseur. Qu'il s'en défausse, comme quand il joue la comédie de la "normalité", ou qu'il l'imite comme hier soir à la télé, Sarkozy reste la référence, tantôt muette, tantôt explicite.
Et ce n'est pas la prestation d'hier soir qui peut changer la donne et qui le fera exister. Après avoir détricoté les mesures prises par le gouvernement de François Fillon qui étaient susceptibles de relancer ou de maintenir l'activité de notre pays, Monsieur Hollande, surpris d'être en chute libre dans l'opinion, vient nous causer gravement dans la petite lucarne. Pour nous dire quoi ? Qu'il a les choses en main et que la gravité de la crise oblige à repousser le "changement" à dans deux ans. Il ressort que le pire est à craindre : ses propositions pour trouver les 30 milliards nécessaires pour garder le cap des 3% de déficit répartissant les économies de dépenses à raison de 10 milliards non détaillées, et 20 milliards d'impôts supplémentaires sur les entreprises et les contribuables les plus aisés, ne tiennent pas la route. Il ment aux Français !
Il ment en calant ses prévisions sur 0,8% de croissance. Il faudra bien plus de 30 milliards.
Il ment quand il affirme que seuls les "riches" paieront : tous les contribuables sont concernés et il ment aussi sur la tranche de 75% qui ne concerne plus que les salaires (et plus le capital, tiens donc) et ne comprend plus la CSG.
Il ment sur la possibilité d'atteindre les fatidiques 3% tout en relançant la croissance. Le chômage ne risque pas de baisser. Le prélèvement qu'il s'apprête à effectuer va au contraire accélérer l'entrée en récession.
Il ment encore quand il oublie de parler de l'Europe. Une omission volontaire tant le sujet divise son camp. Une omission grave quand il s'agit du traité de stabilité, au coeur du sujet. Une manière d'éviter de nous mentir un peu plus en nous faisant croire à la fable de la "renégociation".
Avant, les Français étaient inquiets. Aujourd'hui, ils ont franchement peur de l'avenir. Le pouvoir se retrouve face à un énorme "choc de défiance" qu'il a créé.
Cet homme nuit gravement à la santé économique de notre pays !
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