ANTISARKOZYSME, DELIRE FISCAL ET COMPAGNIE…
31 juillet 2012
D’un délire à l’autre, la gauche gouverne.
Les médias bien complaisants parlent de « présidence normale », d’ « habileté politique » là où je ne vois que cynisme et irresponsabilité. Vous allez trouver que je suis sévère et de mauvaise foi. Pour la seconde attitude, c’est possible, mais pour la première, je ne pense pas. Il suffit de voir le contenu de la session extraordinaire du parlement qui se termine ce soir. C'est une session parlementaire qui a été quasi exclusivement consacrée à défaire ce qui a été fait, annuler, abroger, casser sans rien construire. On a démoli des dispositifs qui permettaient d'améliorer la compétitivité des entreprises, avec la TVA antidélocalisation, ou qui permettaient d'améliorer le pouvoir d'achat des salariés avec la défiscalisation des heures supplémentaires, mais on n'a rien mis à la place car systématiquement, la réponse a été remise à plus tard.
C’est d’abord le délire idéologique du président et des ministres contre le capitalisme et les grands capitaines d’industrie. « Nous devons apporter notre confiance et notre soutien aux entreprises et saluer tous ceux qui contribuent au travail en France et pour la France » a déclaré le" playmobile aux manches trop courtes", comme s’il découvrait subitement les vertus des entreprises, alors qu’il tient de longue date les chefs d’entreprises en faible estime et forte suspicion. On sait depuis longtemps qu’il n’aime pas les riches et la « finance ». Sa sortie contre le plan social du Peugeot, le 14 juillet en témoigne encore. Cynisme et mauvaise foi se heurtent aujourd’hui au « principe de réalité » : devant l’aggravation de la situation économique, il fallait bien changer de ton. Il ne suffit pas de découvrir la nécessité de la compétitivité en paroles, il faut des actes, et pour l’instant, on vote des charges supplémentaires qui alourdissent un peu plus le boulet que traînent nos entreprises.
C’est le délire fiscal qui se traduit dans le collectif budgétaire qui vient d’être voté. Faire payer les riches, voilà bien une promesse tenue. Les socialistes viennent de porter l’ISF à un niveau jamais atteint. 250 000 foyers fiscaux vont acquitter 2,3 milliards d’euros supplémentaires. Pour les 10% les plus fortunés (30 000 foyers) l’impôt va bondir de 143% par rapport à ce qu’ils pouvaient prévoir en début d’année. A ce niveau de taxation, ce n’est plus de l’effort, c’est de la confiscation. Le pouvoir confond redressement du pays et spoliation. Dommage que tous les classements montrent que ces riches sont aussi ceux qui entreprennent ! Mais le délire fiscal touche aussi les revenus du capital qui sont davantage taxés, de même que les stock-options et les revenus des actions. Les familles sont mises à contribution à travers la réduction de l’abattement sur les droits de succession et l’allongement de la période pendant laquelle des parents peuvent transmettre une partie de leur patrimoine. Au nom de l’égalité des chances et du nivellement par la base, la nouvelle majorité préfère une France sclérosée où l’argent ne circule plus d’une génération à l’autre et où les biens familiaux ne peuvent plus être partagés. De quoi craindre pour les impôts de l’année 2013. D’autant plus que le rendement de ces mesures se révélera largement surestimé quand il s’agira d’entrer dans les faits.
Délire réactionnaire dont la principale manifestation est de démolir toutes les réformes votées sous le précédent quinquennat. A commencer par la défiscalisation des heures supplémentaires que le parlement vient de supprimer et qui porte atteinte au pouvoir d’achat de près de 10 millions de Français qui ne sont certainement pas les plus fortunés. Les socialistes n’ont toujours pas compris que le travail çà ne se partage pas, que c’est le travail qui crée la richesse qui permet de créer du travail supplémentaire. Le travail de démolition touche tous les domaines. D’abord, la réforme des retraites pour laquelle le nouveau pouvoir a voulu symboliquement ramener à 60 ans l’âge de départ pour 110 000 personnes, à contre-courant de ce qui se passe partout ailleurs, qui entraine un relèvement des cotisations sociales, et donc du coût du travail. On ouvre les vannes de la création de milliers de postes de fonctionnaires avec pour résultats des conditions bien plus dures que le 1 sur 2 de Sarkozy dans les secteurs non prioritaires et le gel des salaires. A la justice on revient sur les peines planchers, on gèle la construction des places de prisons, on abroge les mesures sur les mineurs multirécidivistes. La réforme des collectivités territoriales sera abrogée et les élections cantonales et régionales reculées…
Délire concertatoire qui multiplie les « commissions ». On veut nous faire croire que sous le précédent quinquennat, il n’y avait pas de dialogue social alors qu’il n’a jamais été aussi riche. Il s’est exercé dans tous les lieux mis en place tels que les "conseils d’orientation " et a concerné le droit du travail, les retraites, l’emploi, la santé. La pseudo-négociation proposée par le nouveau pouvoir, sans objectif défini, n’aboutira à pas grand-chose, et c’est une méthode dépassée. Pour une bonne raison : connait-on une seule réforme courageuse qui soit advenue par la palabre sociale ? Dans un pays où les syndicats cultivent la gréviculture comme un vigneron soigne son grand cru, ce n’est pas demain que les « partenaires sociaux » vont approuver le gel des salaires dans l’administration, l’alignement des retraites du public sur celles du privé ou réduire la durée d’indemnisation du chômage, ou encore alléger les contraintes qui pèsent sur le droit de licenciement… Le gouvernement multiplie les grand-messes et les tables rondes, confie des missions, mais à la fin des fins, il faudra bien qu’il assume sa responsabilité politique qui est de trancher.
Hypocrisie, cynisme, irresponsabilité. On perd du temps alors que le temps presse. A la rentrée, les masques finiront bien par tomber. Sinon, les marchés s’en chargeront.
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